HomeDroit dans les yeuxINSTITUTION D’UNE FORMATION CIVIQUE ET MILITAIRE AU SND

INSTITUTION D’UNE FORMATION CIVIQUE ET MILITAIRE AU SND


Le Conseil des ministres, en sa séance du vendredi 29 janvier dernier, a adopté un rapport relatif à trois décrets au titre de la Primature. L’un deux porte institution d’une formation civique et militaire de 90 jours au Service national pour le développement (SND). En rappel, le SND est une mutation du SNP (Service national populaire). Cette structure, créée sous le régime du Conseil national de la révolution (CNR), avait pour vocation non seulement de former militairement et politiquement, les citoyens, mais aussi de les déployer sur l’ensemble du territoire afin qu’ils réalisent des tâches de développement socio-économique. Le Service national populaire est perçu comme la nouvelle forme de la contingence spéciale, instaurée au pays bien avant l’avènement du CNR. Ce rappel vaut son pesant d’or. Car, il a l’avantage de mettre en exergue l’intérêt que les régimes qui se sont succédé à la tête du pays, ont accordé à la formation militaire et civique du citoyen afin de le rendre apte à la défense de la patrie et à la production. En 1993, des réformes ont été opérées au sein du SND. Ainsi, le volet formation militaire avait été supprimé. En lieu et place, les autorités avaient institué une formation civique. Une formation de type professionnel était assurée aux appelés en sus de la formation civique. Vingt-huit ans après l’expérimentation de cette formule, le gouvernement signe le retour à la formation militaire.  L’on peut donc dire que c’est un retour à la source, c’est-à-dire à la philosophie qui avait prévalu à la création de la contingence spéciale puis du Service national populaire. Et l’on peut parier sans grand risque de se tromper, que la majorité des hommes et des femmes qui ont participé à la formation militaire dans le cadre de la contingence spéciale et du SNP, ont vécu certes des moments d’épreuves dans les casernes militaires, mais au finish, ils en ont tiré beaucoup de bien aussi bien pour eux-mêmes que pour la Nation.

Il revient au gouvernement de réunir tous les ingrédients pour qu’elle soit opérationnalisée dans les règles de l’art

D’abord, la formation militaire permet de former mentalement et physiquement les citoyens. En effet, les privations et autres punitions préparent mentalement à être fort pour relever les défis auxquels l’appelé pourrait éventuellement faire face dans sa vie civile. Ne dit-on d’ailleurs pas que la vie est un combat ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que la formation militaire donne au citoyen, des armes physiques et mentales pour affronter la vie. Et c’est avec ces armes acquises pendant la formation militaire, que bien des appelés ont su négocier avec moins de difficultés, la période de la production. Aujourd’hui, on peut faire le constat que les jeunes, en tout cas beaucoup d’entre eux, sont gagnés par l’indolence et le manque d’initiatives. Résultat : ils attendent que tout leur soit servi sur un plateau d’or. La formation militaire peut aider à déconstruire cette mentalité. Et que dire du fait que la formation militaire donne l’opportunité de travailler le corps pour que celui-ci soit apte à faire face aux difficultés que l’environnement nous impose ? Ensuite, la formation militaire, ou du moins le séjour dans un camp militaire, crée entre les appelés, des liens forts de solidarité qui défient le temps. Demandez à tous ceux qui sont passés sous le drapeau dans le cadre de la contingence spéciale, ou du Service national populaire et ils vous le confirmeront. Cette solidarité a permis à certains appelés de résoudre des problèmes d’ordre administratif. Enfin, la formation militaire augmente le sentiment d’appartenance à la même Nation. En effet, la formation militaire permet le brassage des ethnies et des régions. Et le Burkina en a besoin aujourd’hui pour faciliter la cohésion nationale. A tout cela, il faut ajouter que le maniement des armes peut être d’un apport efficace à la lutte contre le terrorisme en particulier et l’insécurité en général. C’est pourquoi il faut éviter de faire une formation militaire au rabais. Mais par ces temps de Covid-19 et de ses variants, l’on peut se poser la question de savoir comment on peut caserner des centaines d’hommes et de femmes voire des milliers, sans courir le risque de les exposer à la pandémie. On a été témoin de cas de transmission communautaire de Covid-19 à l’occasion du regroupement des stagiaires de l’ENAM (Ecole nationale d’administration de magistrature) à Bobo dans le cadre justement de leur formation militaire. Des désertions avaient été signalées à cette occasion. En tout état de cause, la décision d’instituer une formation militaire et civique au Service national de développement, est une heureuse initiative. Et il revient au gouvernement de réunir tous les ingrédients pour qu’elle soit opérationnalisée dans les règles de l’art. Et cela dans l’intérêt supérieur du pays.

Sidzabda


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