HomeA la uneINTERDICTION DE VOYAGER FAITE A D’EX-DIGNITAIRES : « Ce n’est ni plus ni moins que de la force », dixit Achille Tapsoba

INTERDICTION DE VOYAGER FAITE A D’EX-DIGNITAIRES : « Ce n’est ni plus ni moins que de la force », dixit Achille Tapsoba


Le samedi 4 juin dernier, Achille Tapsoba et Zambendé Théodore Sawadogo devraient s’envoler pour la Côte d’Ivoire mais ils ont été recalés à l’aéroport international de Ouagadougou. Ces deux « bonzes » du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ex-parti au pouvoir, ne décolèrent pas. Dans ce brève échange, le premier cité s’insurge contre ce qui lui est arrivé.

 

Selon vous, pourquoi vous a-t-on interdit de quitter le territoire la dernière fois ?

 

Nous n’avons reçu aucune raison. Aucun motif n’a été avancé. On nous a seulement fait savoir que ce sont des instructions venant de la hiérarchie au niveau de la sécurité de l’aéroport.

 

D’aucuns estiment que vous partiez pour voir Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. Est-ce vrai ?

 

Beuh…On peut aller voir n’importe qui. Eux (le pouvoir en place, ndlr), ils sont allés voir Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. Est-ce qu’on leur a dit quelque chose ? Donc, ce n’est pas la première fois que je quitte le Burkina pour Abidjan, pour aller voir Blaise Compaoré ou d’autres connaissances.

 

Alors quel était l’objet de votre voyage en Côte d’Ivoire ?

 

Nous partions, comme je l’ai dit, pour voir des amis là-bas, et voir également le président Blaise Compaoré. Voilà, c’est généralement ce que nous faisons. Donc, c’est le même objet ; ça n’a pas changé.

 

Vous partiez au nom du CDP ou à titre personnel?

 

Nous allions à titre individuel et au nom du CDP. Donc, c’est à mon nom personnel et au nom du parti aussi.

 

Mais l’objet de la mission, c’était quoi exactement ?

 

Nous sommes allés à deux, mon camarade Zambendé Théodore et moi, au titre du parti, pour aller échanger avec d’autres personnes là-bas. C’est la raison pour laquelle nous partions à deux.

 

Pouvez-vous imaginez les raisons pour lesquelles on vous a interdit de voyager ?

 

Non, je me refuse de m’imaginer une raison. Celui qui m’a interdit de voyager doit avoir l’honnêteté et le courage, et surtout avoir la sincérité de me dire de quoi il s’agit. Alors s’il n’a ni honnêteté, ni courage, ni sincérité, je ne peux pas imaginer les raisons. Je sais de toute façon que je n’ai rien à me reprocher. C’est tout ce que je sais. J’estime donc que c’est une simple privation de liberté, et de façon arbitraire.

 

Alors, quelle suite enttendez-vous donner à cette mésaventure que vous avez eue à l’aéroport ?

 

Beuh, mon avocat est là-dessus ; il va dire la suite à donner. Sinon, nous allons signifier notre mécontentement par rapport à ce qui est arrivé.

 

Est-ce que ce non-départ a eu des conséquences fâcheuses sur ce que vous devriez aller faire ?

 

Pas du tout. Si ce n’est pas aujourd’hui, ça sera dans quelques jours, le temps de comprendre ce qui se passe, parce que nous n’allons pas nous laisser faire de cette façon. S’il n’y a vraiment aucun motif sérieux qui nous empêche de sortir, nous allons sortir pour aller là où nous voulons aller.

 

Autrement dit, vous pensez qu’on vous fait la force ?

 

Mais, bien sûr, c’est bien plus que la force. Imaginez quelqu’un qui vient vous débarquer d’un avion  que vous avez pris de façon libre pour une direction très précise qui est connue de tout le monde, et qui vous dit qu’il n’y a pas de motif. Le commanditaire n’est pas connu. Ce n’est ni plus ni moins que de la force. C’est tout. Ce n’est pas la loi. C’est loin des manières républicaines de faire ; c’est une brimade pure et simple. C’est une entorse aux libertés d’aller et de venir au Burkina.  Je me pose des questions sur le sérieux de ces autorités qui ont commandité cette affaire.

 

Est-ce que vous avez autre commentaire à faire ?

 

Le seul commentaire à faire, c’est que c’est déplorable. C’est une question de morale. Le nouveau pouvoir qui s’est installé par le fait des élections, doit comprendre que c’est un pouvoir républicain. Ce n’est pas un pouvoir dictatorial, ni monarchique qu’on a donné à quelqu’un. C’est un pouvoir purement et simplement républicain que l’on gagne par les urnes. Je pense que c’est mieux pour eux de procéder par des méthodes républicaines. La seule voie que nous comprenons et que nous acceptons.

 

Voulez-vous dire que c’est de la dictature de la part du pouvoir ?

 

Mais si vous-même vous le dites, c’est que c’est cela.

 

C’est une question que je vous pose.

 

Mais la question n’est pas innocente.

 

Propos recueillis par Michel NANA

 

 

 


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