HomeA la uneINVESTITURE DU PRESIDENT DU FASO : Damiba désormais face à ses responsabilités

INVESTITURE DU PRESIDENT DU FASO : Damiba désormais face à ses responsabilités


Le 2 mars 2022 fera date dans les annales de l’histoire du Burkina Faso. Le Lieutenant–colonel Paul Henri Damiba, arrivé au pouvoir le 24 janvier dernier, a été finalement et officiellement investi comme Président du Faso par les instances constitutionnelles. C’est le dernier acte républicain qui lui confère tous les attributs légaux de la fonction de Chef de l’Etat et donc la plénitude du pouvoir, comme il l’a certainement voulu et préparé. Il est désormais face à ses responsabilités et l’on espère qu’à la fin des trois ans de pouvoir que lui confère la Charte de la Transition adoptée le 28 février dernier, par les représentants des forces vives de la Nation, il pourra dire comme Jules César en 47 avant Jésus-Christ « veni, vidi, vici ». Mais pour pouvoir reprendre à son propre compte cette célèbre phrase, le chemin est long et certainement parsemé d’embûches, que le jeune officier des forces armées nationales du Burkina Faso doit savoir soigneusement éviter. De tous les dangers qui guettent Paul Henri Damiba, le plus grand est l’ambition de s’éterniser sur le trône sur lequel il a été installé.

 

 

Paul Henri Damiba doit éviter de céder à la tentation de modifier les règles en cours de jeu

 

 

Beaucoup d’hommes en treillis ont sacrifié leur âme et parfois perdu la vie sur l’autel de cette ambition. L’exemple le plus anecdotique en la matière est sans doute celui de l’ex-président ivoirien, le Général Robert Guéi, venu pour balayer la maison pour partir et qui a finalement voulu s’y installer avant d’être lui-même balayé comme une ordure. Le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba doit tirer leçon de cet exemple dramatique en évitant donc de céder à la tentation de modifier les règles en cours de jeu. Il devra au contraire avoir les yeux rivés sur l’horizon du bonheur qu’il a promis aux Burkinabè, c’est-à-dire une nation qui aura renoué avec la paix et avec les valeurs d’intégrité telles que consacrées par le nom du pays et ne travailler qu’à son avènement. C’est la seule voie pour accéder au panthéon burkinabè. Le second danger pour le tout nouveau président du Faso, se situe au niveau de la cohorte de courtisans intéressés dont la seule ambition est la satisfaction de leurs intérêts personnels. Les travers des palais présidentiels pleins de courtisans, sont bien connus : intrigues, déformations de la vérité, favoritisme et népotisme et au finish éloignement des princes, des réalités de leur peuple avec pour conséquences inévitables soit des révoltes de palais, soit des révoltes populaires. Enfin, le troisième écueil à éviter, c’est le culte de la personnalité qui finit par développer un populisme et un autoritarisme qui mènent lentement mais sûrement à la perdition. La question que l’on peut se poser est de savoir si le jeune président a suffisamment d’étoffe pour ne pas céder aux charmes des sirènes.  Il est difficile, pour l’instant, de répondre à la question et cela pour une raison évidente : Paul Henri Damiba était jusqu’au soir du 24 janvier 2022, un parfait inconnu de la scène politique nationale et il est donc difficile d’objectiver sur ses qualités humaines et politiques sans se perdre dans des conjectures.

 

 

Si le Chef de l’Etat met les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, il pourrait mettre tous les Burkinabè en confiance pour l’accompagner

 

 

 

Mais il faut le dire, certains signes avant-coureurs d’une probable déviation de la trajectoire initiale que l’homme s’était fixée, sont déjà là. Au nombre de ces mauvais signaux donnés déjà par le désormais ex-président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, c’est d’abord « l’hyper-dominance militaire sur les institutions de la Transition » comme l’a relevé Dr Ra-Sablga Ouédraogo, Directeur exécutif de Free Afrik.  La domination de la Transition par les hommes en treillis, marginalise la participation de certains acteurs stratégiques de la société et affaiblit leur engagement à défendre les institutions de la Transition. L’autre mauvais signal, c’est la porte ouverte au Premier ministre et aux membres de son gouvernement, pour participer aux élections de sortie de Transition. Point n’est besoin d’avoir le troisième œil du sorcier de la savane pour y voir des manœuvres de militaires pour préparer une dévolution du pouvoir à un dauphin en préparation. Cette situation jette déjà la suspicion sur ce gouvernement qui sera en conséquence à la fois juge et partie lors des futures compétitions électorales.  En tout état de cause, le Premier ministre et ses ministres, candidats putatifs aux élections, seront combattus comme des adversaires politiques par tous ceux qui nourrissent les mêmes ambitions avec des risques évidents pour la bonne marche de la Transition. Pour toutes ces raisons, l’on pourrait penser que l’agenda de la Transition conduite par Paul Henri Damiba, est truffé de calculs politiques et l’on est en droit d’avoir des inquiétudes. Cela dit, la situation est loin d’être désespérée. Le Président du Faso a encore toutes les cartes en mains. L’un des moyens d’actions pour remédier à la situation, c’est le choix des hommes. Si le Chef de l’Etat met les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, il pourrait dissiper les doutes sur sa mauvaise foi présumée et mettre tous les Burkinabè en confiance pour l’accompagner à relever les difficiles défis qui se dressent devant lui. La seconde carte que l’homme peut jouer, c’est l’incarnation des valeurs qu’il prône. Un leader d’hommes ne se contente pas d’édicter des règles, il gouverne par l’exemple. Enfin, la troisième et dernière carte que détient Damiba, ce sont les résultats. De tous les avis des Burkinabè, ce qui fait l’unanimité sur la Transition, c’est l’obligation des résultats et ceux-ci ont pour noms : retour de la paix et de la bonne gouvernance dans notre pays.

 

« Le Pays »


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