HomeA la uneINVESTITURE DU PRESIDENT IVOIRIEN : Que fera ADO de ce nouveau mandat ?

INVESTITURE DU PRESIDENT IVOIRIEN : Que fera ADO de ce nouveau mandat ?


Elu pour un quatrième mandat, à l’issue de la présidentielle du 25 octobre dernier, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), prêtera serment aujourd’hui, 8 décembre 2025. De nombreux dirigeants africains sont attendus.  Parmi eux, Denis Sassou Nguesso, président du Congo Brazzaville, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la Mauritanie, John Dramani Mahama, président du Ghana, Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, Joseph Nyuma Boakaï, président du Liberia, Azali Assoumani, président de l’Union des Comores, Brice Clotaire Oligui Nguema, président du Gabon, João Lourenço, président de l’Angola, et Adama Barrow, président de la Gambie.

 

 

ADO gagnerait à jouer la carte de l’apaisement s’il souhaite gouverner dans un climat apaisé

 

L’invitation de ce parterre de chefs d’Etat, ressemble, à bien des égards, à une démonstration de force diplomatique. Tout laisse croire que l’octogénaire président veut prouver qu’en dépit de tout ce qui se dit, il garde la haute main sur la politique ouest-africaine. Mieux, qu’il a une grande influence qu’il entend élargir au-delà de la sous-région. Car, même de nombreuses personnalités d’Europe et d’Amérique figurent également sur la liste des invités. Mais au-delà de tout, la question essentielle que l’on se pose, est la suivante : que fera ADO de ce nouveau mandat? La question est d’autant plus fondée que la présidentielle de 2025 a plus divisé les Ivoiriens qu’elle ne les a rassemblés. A preuve, en plus du taux de participation jugé faible, c’est-à-dire autour de 50,10%, plus de 1 000 cadres et militants de l’opposition ont été mis aux arrêts suite à des manifestations contre le pouvoir. Si certains ont déjà été jugés et condamnés à des peines d’emprisonnement, d’autres dont des cadres du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), attendent toujours d’être situés sur leur sort. C’est dire si le président Alassane Ouattara gagnerait à jouer la carte de l’apaisement, s’il souhaite gouverner dans un climat apaisé. C’est d’autant plus nécessaire que les plaies béantes consécutives à la crise de 2010-2011, n’ont pas été totalement cicatrisées.  Toujours est-il que la réconciliation reste un vaste chantier à défricher. Mais outre ce terrain sur lequel le président ADO est très attendu, il doit faire face à d’autres défis et non des moindres, notamment sur les plans économique, sécuritaire et politique. Car, malgré les chiffres macro-économiques dont se gargarise le régime d’ADO, force est de constater que le panier de la ménagère ivoirienne se rétrécit comme peau de chagrin. Et ce n’est pas tout. Le chômage des jeunes reste également une grande préoccupation, sans oublier la question du logement qui trouble le sommeil de nombreux Ivoiriens. Sur le plan sécuritaire, la Côte d’Ivoire ne connaît pas le même degré d’insécurité que certains de ses voisins, certes, mais il n’en demeure pas moins que l’hydre terroriste étend ses tentacules sur les bords de la lagune Ebrié. N’est-ce pas d’ailleurs l’une des raisons plus ou moins invoquées par le président ADO, pour briguer un quatrième mandat ?

 

Le président ivoirien entend œuvrer à se donner une image de faiseur de paix

 

Au plan politique, Alassane Ouattara, qui est aujourd’hui âgé de 83 ans, devrait penser à préparer sa succession. D’autant que son farouche adversaire, Laurent Gbagbo, a décidé de se retirer des postes politiques et que le Sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié, pour ne pas le nommer, n’est plus de ce monde. Cela dit, en rempilant pour un nouveau mandat, le président ivoirien semble conscient des défis qui l’attendent. A preuve, il a tendu la main à certains de ses opposants dont l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qu’il a invités à la cérémonie d’investiture. Ces deux figures emblématiques de la scène politique ivoirienne, saisiront-elles cette main tendue en participant ou en se faisant représenter à l’évènement ? On attend de voir. Mais au-delà de la Côte d’Ivoire, le président ADO tente également de réchauffer ses relations quelque peu tendues avec certains de ses voisins. En effet, il a dépêché son ministre chargé de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, Adama Dosso, dans la capitale burkinabè, à trois jours de son investiture, afin de faire en sorte que « les incompréhensions appartiennent définitivement au passé » et « que les relations entre les deux pays, jadis un modèle de coopération en Afrique de l’Ouest, redeviennent ce qu’elles ont été ». Autant dire que le président ivoirien entend œuvrer à se donner une image de faiseur de paix avant de quitter la scène politique ivoirienne. Et c’est tant mieux.

 

« Le Pays »   


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