ISSA BANHOBO, CSBE AU CONGO BRAZZAVILLE : « Nous sommes confrontés à beaucoup d’injustices »
A la faveur de notre séjour au Congo Brazzaville dans le cadre de la manche retour du deuxième tour qualificatif de la coupe d’Afrique des nations (CAN des U- 20), nous avons échangé avec la communauté burkinabè vivant dans ce pays. Quelles sont les difficultés qu’elle rencontre au quotidien ? A combien peut-on estimer les Burkinabè vivant au Congo ? Quels sont les rapports qu’ils entretiennent avec les autres communautés étrangères ? Tels sont, entre autres, les sujets que nous avons abordés avec le délégué du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger ( CSBE), Issa Banhobo. Lisez plutôt !
En quoi consiste votre travail ici au Congo ?
Mon boulot, c’est d’aider nos compatriotes qui viennent d’arriver ou ceux qui résident ici, à avoir des papiers. Et quand ils sont souvent arrêtés, c’est moi qui suis chargé de négocier avec la police pour qu’on les libère.
On peut donc dire que vous faites le travail de consul ?
Non, je ne suis pas le consul. Mais c’est compte tenu du fait qu’actuellement, nous n’avons pas de consul que je suis obligé de jouer ce rôle, pour aider nos frères burkinabè qui sont souvent en proie à des tracasseries diverses de la part des policiers congolais .
Est-ce que vous avez fait part de vos difficultés aux nouvelles autorités burkinabè ?
Bien sûr, puisqu’ elles savent que notre consul est décédé. Et nous sommes dans l’attente de la nomination d’un nouveau consul.
Nos compatriotes qui résident ici nous ont affirmé qu’ils rencontrent d’énormes difficultés pour avoir des papiers, depuis le décès du consul Yamkaye Souley Ouédraogo. Est-ce que vous pouvez nous parler du défunt ?
C’est vrai, car c’est un monsieur qui avait un bon carnet d’adresses qu’il n’hésitait pas à utiliser pour décanter certaines situations bien délicates. Maintenant qu’il n’est plus, il faut qu’on nous trouve un nouveau consul.
Est-ce que vous en avez fait la demande ?
Pas encore. Nous pensons que les nouvelles autorités qui viennent à peine d’être installées, sont sensibles à nos problèmes. Et puis, il faut qu’on dépêche une délégation à Ouagadougou pour aller les rencontrer.
Est-ce que l’ambassadeur du Burkina Faso en Ethiopie, qui est aussi votre interlocuteur dans votre pays d’accueil, est au courant de vos difficultés ?
Oui ! Nous lui avons fait part de nos difficultés. Je lui envoie souvent des mails. Nous nous sommes rencontrés à l’ occasion de la réunion des consuls et des délégués à Ouagadougou . On échange beaucoup.
A combien peut-on estimer le nombre de nos compatriotes qui vivent ici ?
Je peux dire que nous sommes entre 800 et 900 Burkinabè vivant au Congo.
Et en quoi consistent leurs activités ?
Ils sont pour la plupart dans le transport. Mais il y a aussi des entrepreneurs en bâtiment et des commerçants.
Sont-ils bien intégrés ?
Bien sûr qu’ils le sont.
Parlez-nous des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.
C’est la carte de séjour qui cause énormément de problèmes à nos frères. Elle coûte 106 000 F CFA. Une somme qui n’est pas à la portée de tous. Et quand tu as la carte de séjour, il faut aussi avoir la carte consulaire sans oublier que tu dois te faire délivrer des papiers par la police. Nous sommes confrontés à beaucoup d’injustices ici. Alors que la carte de séjour seule suffit pour circuler.
Est-ce qu’on a des compatriotes qui sont présentement en prison ici pour des problèmes de papiers ?
Non, aucun n’est en prison à ma connaissance.
Quels sont vos rapports avec les autres communautés étrangères vivant ici à Brazzaville ?
Nous sommes solidaires les uns des autres. De toutes les façons, nous sommes condamnés à nous entendre puisque nous vivons tous la même situation.
Entretien réalisé à Brazzaville par Seydou TRAORE.