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JOURNEE DE COLERE NATIONALE CONTRE SALVA KIIR ET RIEK MACHAR


Juba, la capitale du Soudan du Sud, était, le 30 août 2021, sur le pied de guerre. En effet, dès les premières heures du jour, elle était placée sous très haute surveillance policière pour dissuader la population de participer à une journée de protestation jugée illégale par les autorités. Ce, dans un contexte de tensions sur fond d’arrestations d’opposants et de brève interpellation de journalistes ces derniers temps. En effet, une coalition d’organisations de la société civile avait appelé à une manifestation pacifique sur l’ensemble du territoire, contre le président Salva Kiir et son vice-président, Riek Machar, dont elle ne demande ni plus ni moins que la démission. Une première dans ce jeune Etat de l’Afrique orientale qui a soufflé, le 9 juillet dernier, ses dix bougies. A rappeler que dans cette coalition se trouvent plusieurs composantes de la société soudanaise et où se côtoient universitaires, avocats, organisations de jeunes et de femmes qui en ont marre de voir leur pays aller à la dérive.

 

 

On ne compte pas le nombre de fois où ils se sont serré la main, dans une réconciliation de façade

 

 

Pour eux, les coupables tout désignés de cette instabilité du pays depuis son accession à l’indépendance, sont ces deux personnalités au sommet de l’Etat, dont le pays n’est pas loin d’être l’otage.  Et pour cause : « Quand ils gouvernent ensemble, rien ne bouge ! Ils ne sont d’accord sur rien. Et quand ils ne sont pas ensemble, ils se battent et sont responsables de souffrances, de destructions et de nombreux décès de civils », affirment les manifestants.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que le peuple soudanais a enfin compris la cause de ses malheurs facilement imputables à ces deux têtes de gondole que tout oppose.  Ce, après dix ans d’indépendance et autant d’années de misère au rythme d’une rivalité mortifère entre ces deux frères ennemis aux ego surdimensionnés et qui refusent de faire les bons choix pour leur pays. Le pire est qu’ils ont réussi à entraîner le pays tout entier dans leur sillage, avec des tensions ethniques s’accompagnant souvent de massacres de civils entre Dinkas et Nuers dont ils sont respectivement issus,  venues se greffer à leur antagonisme politique.  Et l’on ne compte pas le nombre de fois où ils se sont serré la main, dans une réconciliation de façade, pour mieux se combattre ensuite à l’arme lourde, au propre comme au figuré, pour la gestion du pouvoir d’Etat. Le dernier rapprochement en date étant le processus de paix signé en 2018 et destiné à mettre fin à cinq ans d’une sanglante guerre civile qui a fait plus de 400 000 morts et dix fois plus de déplacés. A l’époque, Riek Machar avait pris le maquis après avoir été limogé de son poste de vice-président sur fond d’accusations de coup d’Etat contre le président Salva Kiir.   Pendant ce temps, c’est le peuple qui trinque et continue de croupir dans la misère. C’est pourquoi l’on espère que les manifestations du 30 août dernier sonneront le réveil d’un peuple décidé à prendre son destin en main, même si le pouvoir a visiblement tout mis en place pour les faire capoter.

 

 

Rien ne vient à bout d’un peuple déterminé

 

 

Car, Salva Kiir et Riek Machar ont suffisamment fait la preuve de leur incurie. En effet, ils ont prouvé, à la face du monde et de leurs compatriotes, qu’ils sont des politiciens enclins à faire passer leurs intérêts personnels et égoïstes avant ceux du pays. L’essentiel, pour eux, étant de se maintenir au pouvoir.  Pour cela, ils ne méritent plus la confiance de leurs compatriotes. Et de ce point de vue, l’on peut comprendre le combat de la société civile qui se dresse en rempart de la paix, mais aussi de la bonne gouvernance au Soudan du Sud. La question que l’on pourrait toutefois se poser, est la suivante : jusqu’où ira ce bras de fer entre les dirigeants soudanais et leur peuple ? Car, une chose est, pour le peuple, de vouloir le départ du chef de l’Etat et de son suppléant, une autre est d’arriver à les faire partir du pouvoir. Surtout quand, dans le cas d’espèce, cette exigence est vue comme une « déclaration de guerre » par un pouvoir qui s’est fait le devoir de rappeler à tous la date des élections prévues pour 2023. C’est tout dire. En tout état de cause, si l’on peut nourrir des inquiétudes pour le Soudan du Sud, l’espoir du changement politique en faveur duquel se bat la société civile, reste permis dans une Afrique en pleine mutation démocratique.  Et ce n’est pas en bandant les muscles comme il l’a fait, au lieu de s’inscrire dans une logique de prise en compte des aspirations du peuple soudanais, que le pouvoir de Juba pourra empêcher l’histoire de s’écrire dans le sens de ce changement. Car, rien ne vient à bout d’un peuple déterminé. Kiir et Machar sont donc prévenus.

 

« Le Pays »


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