JOURNEE DES COUTUMES ET DES TRADITIONS : Un rendez-vous à ne pas manquer
Demain, 15 mai 2024, le Burkina sera au premier rendez-vous de son histoire avec la Journée des coutumes et des traditions (JCT) décrétée par le Chef de l’Etat. Un moment qui se veut fort pour la célébration du culte ancestral. Même si aux termes du décret instituant ladite Journée, l’article 5 stipule qu’il « incombe aux adeptes de la religion traditionnelle d’organiser leurs rites au cours de cette journée », une catégorie d’acteurs est singulièrement interpellée pour la réussite de cet évènement inédit dans l’histoire du Burkina Faso. Il s’agit des leaders coutumiers et religieux. Et pour cause. D’abord, parce que ce sont eux les dépositaires et les gardiens de nos traditions. Même s’ils ont longtemps été snobés en raison de la montée en puissance des religions dites révélées et en raison du fait que l’Administration publique ne leur avait conféré aucun statut officiel, il n’en demeure pas moins qu’ils sont demeurés l’âme de notre société en raison de leur important rôle social et culturel. Mais ils sont particulièrement aussi interpellés parce que malheureusement, ils ont aussi parfois constitué les lignes de faille de notre société en raison des querelles liées à la prise de pouvoir ou parfois à leur prise de position dans les chapelles politiques avec pour effet la division de leurs propres populations. Mais l’un dans l’autre, la célébration de la Journée des coutumes et des traditions est l’occasion pour eux de redorer leur blason et d’occuper sur l’échiquier national, la place qui leur revient de droit.
C’est tout le peuple qui doit porter avec ferveur la Journée des coutumes et des traditions
Ils l’ont d’ailleurs compris en publiant, à l’occasion, une déclaration commune, pas plus tard que la semaine dernière, pour d’abord féliciter les autorités de la transition pour l’institution de la JCT mais aussi pour marquer leur entière et pleine adhésion à la décision gouvernementale. Mais disons-le clairement. Cette simple profession de foi ne suffira pas, à elle seule, à assurer le succès de la journée et surtout à en faire œuvre utile pour le Burkina Faso qui fonde d’ailleurs beaucoup d’espoirs sur le retour aux sources en cette période trouble de son histoire. Ne dit-on pas, en effet, avec raison, que lorsque l’on est perdu, il faut retourner à son lieu de départ ? Le seul moyen d’assurer le succès de la JCT, c’est le contenu que l’on lui donne et l’impact qu’elle aura sur le quotidien des populations et sur le destin national. Et dans cette dynamique, le décret présidentiel, sans être dogmatique et exhaustif, donne des orientations : des rites et des activités à caractère spirituel et culturel peuvent être organisés. Mais au-delà des libations et des manifestations folkloriques, ce qu’attendent les Burkinabè de leurs coutumiers, est qu’ils activent toute la puissance de la terre et des mânes du Burkina Faso pour contrer les forces du mal qui obscurcissent depuis bientôt une décennie le ciel du Faso et souillent sa terre du sang des innocents. C’est la seule condition pour que les populations renouent avec le culte ancestral comme pour confirmer l’adage selon lequel c’est la pluie qui ramène le bouc à la maison. De ce point de vue donc, la JCT sera un rendez-vous à ne pas manquer pour les leaders coutumiers.Cela dit, les Burkinabè auraient tort de se décharger sur les leaders religieux et d’attendre, les bras croisés, que le miracle se produise. C’est connu que les prières ne sont efficaces que lorsqu’elles sont portées avec ferveur par tous. Les leaders ne sont que les intermédiaires entre leurs peuples et les mânes. C’est pourquoi, c’est tout le peuple qui doit porter avec ferveur la Journée des coutumes et des traditions (JCT) et cela va de la mobilisation des ressources nécessaires aux différentes cérémonies jusqu’à la participation aux différents rites. Et ce sera déjà cela de gagné. Car la JCT aura réussi à relancer la chaine de nos valeurs traditionnelles de solidarité et de fraternité. Elle aura, dans la même veine, réussi à réaffirmer notre fierté et renforcer notre sentiment d’appartenance à notre communauté en nous faisant assimiler les éléments irréductibles de notre identité. Et c’est en cela que la JCT a aussi une forte valeur pédagogique : celle de nous insérer dans la mémoire collective que nous transmettons aux générations futures.
Sidzabda