JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME : Des progrès qui cachent mal de nombreux défis
Ce 08 mars 2018, la communauté internationale commémore la 161e Journée de la femme. Cet événement important qui symbolise la résistance des femmes contre l’injustice et toutes les formes de discriminations, est l’occasion pour elles d’interpeller la conscience de l’humanité sur leurs conditions d’existence pour le moins peu enviables. Commémorée donc chaque année à partir du 08 mars 1910 soit plus d’un siècle, la journée de la femme porte, de nos jours, des fruits en demi-teinte. Certes, de plus en plus les contraintes socioculturelles qui pèsent sur l’autre «moitié du ciel» s’estompent. Mais, il faut dire que le combat est loin d’être gagné, tant l’humanité présente toujours cette face hideuse comme si elle voulait encore se laisser convaincre que la femme est l’égale de l’homme, que les deux êtres sont complémentaires. Comme il est de coutume, la célébration de la Journée internationale de la femme est l’occasion pour les décideurs, de faire l’état des lieux des politiques et programmes en faveur des femmes. Cette année, il est vrai que le thème international portant sur le leadership des femmes tant au milieu rural qu’urbain pour mener la lutte pour les droits socioéconomiques des femmes, va davantage faire bouger les lignes de sorte à stopper considérablement cette féminisation de la pauvreté à travers le monde. Et ce n’est pas tout. Ce thème a aussi l’avantage de briser les stéréotypes qui semblent vraiment avoir la peau dure. Loin pour la communauté internationale d’enfoncer une porte déjà ouverte, la réalité est que les femmes se battent quotidiennement, à travers le monde, pour avoir ce statut qui leur apporte indépendance financière et reconnaissance sociale. Mais toujours est-il que si la préoccupation universelle est l’épanouissement total de la femme, d’un pays à un autre, les réalités commandent, à l’évidence, des formes de lutte ou de lobbying adaptées. Soit dit en passant, si en France, par exemple, pays des droits de l’Homme, l’autre moitié du ciel est toujours à la recherche d’une équité salariale, ici, au Faso, le débat ne se pose même pas. C’est la logique du travail égal, salaire égal.
Le 8 mars doit être une occasion de réflexion
Mais sans se voiler la face, c’est dans les pays en développement comme au Burkina Faso que les efforts doivent être davantage décuplés pour donner à la femme toute la place de choix. Au Burkina Faso, près de 52% de la population est féminine. Si tout le monde s’accorde à reconnaître que la femme doit occuper une place de choix dans la société et participer pleinement au développement, la réalité sur le terrain, si elle n’est pas aux antipodes de cette conviction, laisse perplexe. Il se trouve qu’elle est la plus frappée par l’analphabétisme et la pauvreté, parce qu’elle ne bénéficie pas des mêmes facilités que la gent masculine en ce qui concerne les conditions d’accès aux micro-crédits lui permettant de mener des activités génératrices de revenus. Une autre réalité est que les femmes sont beaucoup plus utilisées comme «bétail électoral » par les politiques en ce sens qu’elles sont assez sollicitées quand vient l’heure des élections et font l’objet de discrimination au moment de la répartition du gâteau. C’est dire qu’elles sont quasi-absentes dans des postes électifs tout comme dans la haute administration, quand bien même l’on convient que tout ne leur doit pas être servi sur un plateau d’or. A cela, il faut ajouter certaines «tares» culturelles et autres stéréotypes à leur égard, à savoir l’exclusion sociale. C’est donc à juste titre que le Burkina Faso se penche sur la question de la responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes. Comme on peut le constater, le combat à mener est difficile et diversifié. Les femmes ont en face plusieurs « ennemis » à éliminer et le tout commence par se défaire de cette société aux pesanteurs culturelles. C’est pourquoi le 8 mars doit être une occasion de réflexion pour discuter de comment lever ces obstacles. L’information et la sensibilisation doivent s’accompagner d’engagements. Encore une fois, ce sont les femmes qui doivent se battre et il sied que la législation les accompagne.
Drissa TRAORE