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LE PRESIDENT IVOIRIEN A L’ELYSEE


Le 3 mars 2021, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), était reçu à dîner à l’Elysée par son homologue français, Emmanuel Macron, dans un tête à tête dont le menu des échanges portait entre autres sur l’actualité politique en Côte d’Ivoire. Celle-ci a considérablement évolué dans le sens de la paix, depuis les regrettables violences qui ont émaillé la présidentielle du 31 octobre dernier. On se rappelle,  le locataire du palais de Cocody avait été réélu pour un troisième mandat sur fond de contestation de la légalité de sa candidature par l’opposition. D’ailleurs, Paris n’avait pas manqué, en son temps, de marquer son inquiétude face à l’explosivité de la situation, avec la crainte que la Côte d’Ivoire qui passe, avec le Sénégal,  pour être la prunelle de ses yeux dans la sous-région ouest- africaine, ne bascule durablement dans l’instabilité politique. Certaines sources croient même savoir que le chef de l’Etat français était réservé sur l’opportunité de la candidature contestée de l’enfant de Kong pour un troisième mandat.

 

 

Beaucoup d’eau de la lagune Ebrié a coulé sous les trois ponts d’Abidjan

 

 

Au finish, ADO est allé au charbon et a été plébiscité avec un score à la soviétique de plus de 94% des voix, devant le seul candidat de l’Opposition qui a accepté de jouer le jeu, Kouadio Konan Bertin dit KKB ; les autres, en l’occurrence Henri Konan Bédié du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et Pascal Affi N’Guessan du FPI  (Front populaire ivoirien) ayant opté pour le boycott. Le tout, sur fond de tensions et de violences parfois meurtrières, qui se sont poursuivies même après la victoire annoncée du candidat du RHDP, avec la suite que l’on sait. Depuis lors, beaucoup d’eau de la lagune Ebrié a coulé sous les trois ponts d’Abidjan. Et les autorités ivoiriennes ont mis un point d’honneur à travailler à l’apaisement du climat sociopolitique en Eburnie. Entre autres actes posés, on peut citer la reprise du dialogue alors rompu entre le président Ouattara et le patron du PDCI, Henri Konan Bédié. Il y a aussi la libération de leaders de l’Opposition comme Pascal Affi N’Guessan, Maurice Kakou Guikahué et le retour au bercail de Mabri Toikeusse, entre-temps exilé,  qui étaient tous membres de l’ex-Conseil national de transition (CNT), un organe dit de Transition créé par l’Opposition ivoirienne, et faisaient l’objet d’une procédure judiciaire pour « complot contre l’autorité de l’Etat », à la suite des violences électorales liées à la présidentielle d’octobre 2020. Il y a enfin la création, par le président nouvellement réélu, d’un ministère chargé de la réconciliation nationale confié à l’opposant KKB, qui a entrepris, non seulement de travailler à rapprocher les Ivoiriens à l’interne, mais aussi à faciliter le retour au pays, des exilés politiques au nombre desquels l’emblématique ex-président Laurent Gbagbo dont le retour imminent a été récemment annoncé par ses partisans. Le tout dans un contexte où l’Opposition politique a confirmé sa participation aux législatives du 6 mars prochain, qui ne manquent pas d’enjeux.

 

 

Que la paix revienne durablement en Eburnie, est tout le mal que l’on souhaite à la Côte d’Ivoire

 

 

Autant de signaux positifs pour un ADO au rapport dont on peut penser qu’il n’a pas eu de mal à convaincre son hôte du jour que la démocratie est bel et bien sur les rails sur les bords de la lagune Ebrié, après avoir traversé une forte zone de turbulences. Un retour au calme qui devrait réjouir  Paris qui, en la matière, ne devrait pas manquer de conseils à « son » Homme, au moment où le retour au pays de son rival, Laurent Gbagbo, semble se préciser pour ne plus être, à en croire ses nombreux partisans, qu’une question de jours. Histoire de passer au peigne fin, qui sait, toutes les possibilités du rôle éventuel que le truculent leader et figure emblématique du FPI pourrait être amené à jouer dans le processus de réconciliation nationale ; lui qui a déjà annoncé la couleur. On imagine qu’en marge de cette visite, le président ivoirien ne manquera pas de s’enquérir de l’état de santé de son Premier ministre, Hamed Bakayoko,  en évacuation sanitaire dans la capitale française depuis le 18 février dernier. En tout état de cause, que la paix revienne durablement en Eburnie, est tout le mal que l’on souhaite à la Côte d’Ivoire durement éprouvée par trois décennies de tiraillements politiques, depuis la mort d’Houphouët Boigny, principalement entre Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.  Trois personnalités de haut rang qui, au lieu de faire profiter le pays de la diversité de leurs compétences et autres expériences respectives, semblent avoir pris le parti de mettre en avant leurs ego surdimensionné au point de mettre la paix en péril, en raison de rancœurs mal contenues et de rancunes tenaces au grand malheur de ce pays jadis de cocagne.

 

 « Le Pays »

 


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