HomeA la uneLETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE LA SECURITE : « Prenez le peuple burkinabè au sérieux »

LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE LA SECURITE : « Prenez le peuple burkinabè au sérieux »


Ceci est une lettre ouverte que l’Alliance pour la défense de la patrie (ADP) adresse au ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, à qui elle demande «de prendre le peuple burkinabè au sérieux ». Aussi cette correspondance constitue-t-elle une levée de bois vert contre le ministre qui, selon les auteurs, tente de divertir le peuple. Lisez plutôt pour en savoir davantage !

 

 

A la faveur d’une cérémonie de remise de motos aux forces de sécurité le vendredi 17 mars 2017 à la base de la Compagnie républicaine de sécurité à Ouagadougou, vous vous êtes employé, à travers un discours sectaire de politicien, à balayer sans ménagement notre proposition faite aux ministres de la Défense et de la Sécurité de consulter les généraux Bassolé et Diendéré dans le cadre de la recherche de réponses adéquates à la question inquiétante du terrorisme qui menace la partie Nord du Burkina Faso. Loin d’amuser la galerie et de faire acte de cynisme pendant que la mère patrie est en guerre contre le terrorisme, notre démarche qui se veut  désintéressée et républicaine a été suscitée par les motivations suivantes :

– l’inefficacité de la réponse apportée par les ministres de la Défense et de la Sécurité à la question du terrorisme ;

– la gestion approximative de cette catastrophe par les ministres de la Défense et de la Sécurité ;

– l’inconséquence du gouvernement Paul Kaba Thiéba   face à cette situation ;

– le manque de vision du gouvernement Paul Kaba Thiéba aux plans sécuritaire, militaire et diplomatique sur le problème inquiétant du terrorisme;

– les conséquences de la carence du système sécuritaire qui découle du tâtonnement des ministres en charge de la Défense et de la Sécurité ont été largement énoncées par le MBDHP dans sa récente déclaration sur cette question. En effet, pour le MBDHP : « rien que ces six (6) derniers mois, les attaques terroristes se  sont multipliées dans le pays, endeuillant de nombreuses familles et plongeant des millions de Burkinabè de la zone Nord dans une insécurité sans précédent.

Ainsi, et à titre exhaustif :

– le 12 octobre 2016, un détachement militaire à Intangom, dans la province de l’Oudalan, a été attaqué, occasionnant la mort de quatre (4) soldats et de deux (2) civils ;

– le 12 novembre 2016, un imam a été froidement abattu à Djibo par deux hommes armés ;

– le 16 décembre 2016, un détachement du Groupement des forces anti-terroristes (GFAT) subissait une attaque à Nassoumbou (situé à 45 km de Djibo), causant la mort de douze (12) soldats ;

– dans la nuit du 1er janvier 2017, le sieur Mamadou Dicko a été abattu au secteur 5 de Djibo. La même nuit, Hamidou Tamboura, imam à Sibé, village de la commune de Tongomayel, était, lui aussi, assassiné lors d’une seconde attaque ;

– le 4 févier 2017, Abdoulaye Dicko, conseiller municipal du village de Saboulé dans la province du Soum, et son fils ont été  abattus à Yorsala, village situé à 45 km de Djibo : les assaillants ont également blessé un enfant de cinq (5) ans du même conseiller ;

– dans la nuit du 27 au 28 février 2017, les commissariats de police et les mairies de Baraboulé et Tongomayel ainsi que la mairie de Diguel ont été attaqués avec comme bilan, un civil blessé, des motos et des bâtiments incendiés ».

Ce triste et lourd bilan de pertes en vies humaines et de dégâts matériels viennent rappeler la négligence et l’incompétence des ministres de la Défense et de la Sécurité face à la question du terrorisme.

Monsieur le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, ce sombre bilan devrait vous amener à faire  profil bas et à bannir la trop grande suffisance dont vous faites montre à travers ces propos : «Ceux qui pensent qu’il y a des gens en prison qu’il faut aller voir pour savoir comment on peut lutter avec le djihadisme, se trompent» et de conclure n’avoir «pas pété les plombs ». Malheureusement qu’au Burkina Faso, nos autorités n’ont pas la culture de la démission, surtout quand leurs inefficacités avérées mettent en danger l’existence du pays. Sinon vous, le ministre de la Sécurité et le ministre de la Défense devraient rendre votre démission avec humilité et responsabilité.

Aussi, nous tombons des nues quand vous vous dédouanez, toute honte bue, de la cause essentielle qui, selon vous, serait à l’origine de l’activisme actuel des terroristes dans la partie Nord de notre pays à travers ces propos : « Si on n’était pas attaqué, c’est qu’il y a des choses qui se faisaient. On est allé au Mali. On a vu des gens qu’ils ont arrêtés. Il y a des gens qui ont avoué avec qui ils travaillaient. Les deals qu’ils avaient conclus en disant, on n’attaque pas par ici. Et s’il y a à bouffer, on bouffe ensemble». Monsieur le ministre, prenez le peuple burkinabè au sérieux. Vous Simon Compaoré, le « Bibèga national », « l’homme pour qui si les gens refusent de voter le CDP, les cailcédrats le feront », vous, l’un des durs à cuir qui ont fait la pluie et le beau temps au CDP pendant 26 ans, vous osez faire croire à l’opinion que vous n’étiez pas informé du deal que vous dénoncez aujourd’hui?

 

Monsieur, le ministre d’Etat, votre silence sur cette « pratique » si elle existait pendant les 26 ans de règne au pouvoir au sein du noyau principal du CDP met en exergue votre responsabilité car, comme le disait l’autre, « le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais, mais le silence des gens bien ». Votre silence complice crée aujourd’hui tristesse et désolation dans la partie Nord du Burkina Faso.

 

Monsieur le ministre  d’Etat, face à une question aussi préoccupante que le terrorisme, évitez de distraire le peuple à travers des réponses propagandistes du genre : « Si on pouvait m’autoriser à porter la tenue, à faire une semaine dans le Sahel dans le nord, je le ferais ».  Nous ne pensons pas qu’il existe une loi qui empêche un citoyen burkinabè d’aller porter main forte aux vaillantes forces de défense et de sécurité engagées contre les terroristes dans la partie Nord du Burkina Faso. Si vous sentez en vous l’âme d’un patriote, vous ferez mieux de vous lever, prendre votre véhicule et aller y séjourner définitivement sans publicité. Ainsi, vous feriez au moins œuvre utile à coup sûr en galvanisant nos FDS et en donnant de l’espoir aux populations de la partie Nord du Burkina Faso.

 

Ouagadougou, le 20 mars 2017

 

Pour le Bureau Exécutif National de l’ADP

 

Abraham BADOLO

 

 


Comments
  • Nous y sommes .Les masques commencent à tomber. Ceux qui passent le temps à brandir des menaces d’une seconde insurrection, après une léthargie momentanée, sont en train d’activer leurs réseaux d’acteurs de la société civile qui ont fait la pluie et le beau temps pendant l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et durant la transition. Ils sont en train de fomenter des arguments contre le président Kaboré pour insinuer qu’il a échoué au plan économique et sécuritaire. Ils embouchent ainsi la trompette du clan qui les manipule pour persister à dire qu’il faut des militaires à la défense et à la sécurité, comme si cela était la potion magique pour mettre fin aux attaques terroristes qui ne concernent pourtant pas le seul pays Burkina. Que ces activistes politisés de la société civile sachent que les questions stratégiques de défense s’organisent essentiellement au niveau de l’Etat major général des armées. Les ministres n’assurent que des actes de coordination et d’adaptation politique. C’est ainsi que le président Kaboré précédemment ministre de la défense, a posé un acte de compromis politique avec le Mali pour une autorisation de traque des terroristes sur le territoire malien après des attaques qu’ils perpètrent au Burkina. Le ministre de la sécurité a également mené plusieurs concertations de mutualisation des actions de combat contre la criminalité transfrontalière avec des pays limitrophes du Burkina. Donc, les ministres de la défense et de la sécurité sont dans leurs rôles de coordination des actions sécuritaires et il n’est pas nécessaire qu’ils soient des militaires pour cela. A travers le monde, France, Côte d’Ivoire, Niger, d’éminents ministres civils de la défense et de la sécurité ont bien assumé leurs missions. Au Burkina, il y a eu un changement de Chef d’Etat major général des armées, de surcroit un ressortissant du Sahel. Mais cela n’a pas empêché des attaques terroristes. Le Chef d’Etat major général des armées doit redoubler de stratégies pour endiguer les attaques terroristes aux frontières. Le ministre de la sécurité qui mène déjà des actions remarquables de sécurisation de l’intérieur du pays, ira encore efficacement de l’avant si les citoyens acceptent de collaborer avec les forces de sécurité (police, gendarmerie) par des renseignements pour tout cas suspect d’insécurité en appelant aux : 16(gendarmerie) ,17(police) ,1010(veille sécurité).

    21 mars 2017
  • M. Alassane, ce qui est reproché à Simon Compaoré, ce n’est pas que l’inéfficacité

    22 mars 2017
    • M. Alassane, ce qui est reproché à Simon Compaoré, ce pas seulement l’inefficacité dans les actions antiterroristes (aucun terroriste appréhendé à ce jour dans le grand Nord), mais surtout ses propos de CDR, sa suffisance et sa mauvaise foi lorsqu’il laisse croire que les deals qu’il dit avoir découverts maintenant il ne les connaissait pas lorsqu’il était avec Blaise et Diendéré, pendant les 26 ans qu’ils ont dirigé le pouvoir d’Etat.

      22 mars 2017

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