HomeA la uneLETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU FASO :« Tout le peuple vous regarde »

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU FASO :« Tout le peuple vous regarde »


Dans la présente lettre ouverte adressée au président du Faso, Blaise Compaoré, Abraham Nignan, le président du Rassemblement patriotique du Faso (RPF), lui demande de prendre « courageusement » la décision de ne pas se présenter en 2015. Selon lui, « l’histoire de chaque empereur, chaque roi, chaque président, nous enseigne deux choses : l’apogée et le déclin ». Lisez donc !

 

Monsieur le président du Faso, le Rassemblement patriotique du Faso (RPF), qui a pour ambition de défendre tous les Burkinabè sans exception, y compris le chef de l’Etat que vous êtes, votre famille et votre entourage, se fait le devoir historique de vous faire parvenir cette missive, espérant être entendu. En effet, Excellence, l’atmosphère dans notre pays, jadis havre de paix et de quiétude, depuis un certain temps, est très délétère. Le climat politique est tendu entre les filles et fils de ce magnifique pays à cause, vous le savez, de vos velléités de modifier l’Article 37 pour vous représenter aux élections présidentielles. Et cette situation politique nous inquiète à plus d’un titre. Car les nuages annonciateurs d’un chaos sont dangereusement proches. Loin de moi l’idée de jouer à l’oiseau de mauvais augure, mais la réalité et le constat que commande ma lucidité me permettent de vous dire que si vous ne faites rien, le pays sera dans une situation inconfortable. De nos jours, il ne se passe pas une minute, une seconde sans qu’un citoyen se demande, légitimement d’ailleurs, vers où Blaise Compaoré conduit le pays.

 

Alors, si tant est que vous avez servi ce pays avec amour et patriotisme durant

près de trois décennies, si tant est que vous aimez sincèrement cette patrie des Hommes intègres, alors monsieur le président, ayez pitié du peuple burkinabè et prenez votre retraite politique. Ce sera le plus gros cadeau que vous aurez donné à ce pays. Imaginez-vous un jour dans votre résidence à Ziniaré, au milieu de votre chaleureuse famille, pendant le coucher du soleil, en train de scruter l’horizon, en pensant au beau pays que vous avez légué à vos frères.

Imaginez le nouveau président venir vers vous, en tant qu’ancien président, vous consulter sur des questions d’actualité pour lesquelles il pense que votre expertise est extrêmement importante. Ce sera, sans doute, les moments les plus intéressants et les plus émouvants de votre vie, après avoir servi dans l’armée, avant d’assumer la responsabilité de premier magistrat de ce pays. Alors, après tout cela, pensez à vous reposer.

Car, aucun régime ne peut, à lui seul, développer un pays. Un pays se développe régime après régime, génération après génération. Vous avez fait votre part de devoir, permettez à d’autres de faire la leur. Un être humain est composé de quatre matières: la force, la faiblesse, la lumière et l’aveuglement.

Ce qui veut dire que tout être a ses forces et ses faiblesses. Et les hommes passent, mais le pays demeure. Sachez demeurer dans l’histoire positive de ce pays pendant que vous passez. L’histoire de chaque empereur, chaque roi, chaque président, nous enseigne deux choses: l’apogée et le déclin. Et en histoire, après l’apogée, vient inéluctablement le déclin. C’est une loi de la nature qui s’impose à tout président. Vous avez déjà connu votre apogée. Il ne peut y en avoir deux. Mais, vous pouvez vous éviter un déclin fatal. Tout président qui force à connaître deux apogées durant son règne finit de la manière la plus affligeante. Chose que nous ne vous souhaitons pas.

Sinon, jetez un regard rétrospectif sur les pays voisins et lointains. Rappelez-vous l’arrestation de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, la chute du colonel Mouammar Kadhafi qui a été un homme puissant, la fin de Mobutu qui était, durant son règne, un dieu sur terre. Nous vous demandons de prendre 5 mn pour regarder le film de la fin de ces leaders. Vous comprendrez notre inquiétude. Nous ne souhaitons pas que notre président se retrouve dans la même situation que ces anciens présidents. Loin s’en faut. Prenez alors la décision courageuse et patriotique d’accepter de quitter le pouvoir pendant qu’il est temps.

Excellence, vous êtes un soldat et un soldat, c’est quelqu’un qui est toujours prêt pour l’intérêt de son peuple, même au péril de sa vie. Donc, nous demandons au capitaine Blaise Compaoré d’accepter de choisir l’intérêt du peuple en quittant le pouvoir. Tout le peuple burkinabè prie pour cela. Tout le peuple vous regarde.

Par ailleurs, si avant de quitter le pouvoir, vous avez besoin de sacrifier quelqu’un, alors, le président du RPF, Abraham Nignan, accepte d’être ce sacrifice pour que le peuple connaisse le changement. Loin d’être une agression, cette lettre ouverte vous interpelle légitimement sur votre devoir de ne pas plonger les enfants de ce pays dans une détresse. Et le temps presse. Il va valoir vous décider vite avant qu’il ne soit tard, s’il n’est pas déjà tard. Méfiez-vous de ceux qui montrent des stades pleins, car ces stades ne contiennent que 35 mille places contre 16 millions de Burkinabè. Méfiez-vous de ceux qui viennent vous faire croire que vous êtes «l’homme providentiel ». Ils vous flattent. Ils ne vous approchent plus avec la vérité. Peut-être qu’eux-mêmes ne croient même pas à ce qu’ils disent. Dehors, ils vous vilipendent. Ce n’est pas vous qu’ils aiment. Ce n’est pas vous qu’ils protègent. Ils ne font que protéger leurs intérêts. Et ils seront les premiers à vous renier quand vous aurez sérieusement des problèmes.

Monsieur le président, nous sommes prêts à vous défendre partout, si vous prenez la courageuse décision de ne pas poser votre candidature en 2015. Nous insistons pour dire que le temps presse et ce temps joue en votre défaveur si vous restez dans ce mutisme.

Enfin monsieur le président, considérez cette lettre comme celle de patriotes qui aiment leur patrie et qui ne veulent pas la voir sombrer. Considérez cette lettre comme celle de patriotes qui vous aiment et qui ne vous souhaitent point un avenir attristant. Après tout ce que vous avez fait pour ce pays, vous ne devez pas accepter que ce pays sombre, vous ne devez pas accepter que vous et votre famille biologique et politique sortent par la petite porte. C’est pourquoi nous souhaitons que vous lisiez attentivement cette lettre. Monsieur le président, écoutez la voix de la sagesse et vous sortirez vainqueur.

Veuillez agréer, monsieur le président, nos salutations les plus distinguées. Que Dieu bénisse le Faso !

Abraham Nignan

Président du  rassemblement patriotique  du Faso ( RPF)


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