LIBERATION DE L’EX-PRESIDENT MALIEN
Ils l’avaient promis aux missi dominici de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et c’est désormais chose faite. Les militaires qui se sont emparés du pouvoir le 18 août dernier à Bamako, ont finalement libéré le désormais ex-président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) qu’ils détenaient au camp de Kati, sis à 15 km de la capitale malienne. Le président déchu, dit-on, aurait été ramené à sa résidence privée à Sébénikoro par des éléments des forces spéciales maliennes. En agissant ainsi, les putschistes maliens qui se savent observés de toutes parts, font un clin d’œil à la communauté internationale, en l’occurrence la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui avait fait de la libération de IBK, un préalable à l’assouplissement des sanctions prises au lendemain du coup de force. En choisissant donc de libérer l’ancien président qui dit d’ailleurs avoir été bien traité et respecté, les putschistes, sans le dire ouvertement, attendent des têtes couronnées de la CEDEAO, qui se réunissent aujourd’hui, 28 août 2020, par visioconférence, qu’elles reconsidèrent leur position en revoyant leurs sanctions qui, il faut le dire, ont un réel impact sur le vécu quotidien des populations qui souffraient déjà le martyre. Les dirigeants ouest-africains dont on sait qu’ils ne parlent par d’une même voix, sur le dossier malien, changeront-ils leur fusil d’épaule ?
Après avoir balayé la maison, les militaires l’ont peut-être trouvée tellement propre qu’ils n’ont plus envie de la quitter de sitôt
On attend de voir. Car, après la libération de IBK, il reste une autre pierre d’achoppement qui est la durée du mandat de la transition et la personnalité qui doit la conduire. En effet, pendant que le Conseil national du salut du peuple (CNSP) propose une transition de deux ans avec à sa tête, un militaire, la CEDEAO, elle, ne l’entend pas de cette oreille. Pour cette dernière, la transition politique au Mali ne doit pas excéder douze mois et devrait être conduite par un civil ou tout au plus un militaire à la retraite. C’est donc clair ! La CEDEAO et le CNSP ne parlent pas le même langage. Pendant que la première tient au respect de son protocole sur la démocratie et l’Etat de droit, les seconds, eux, cherchent à s’accrocher au pouvoir. Après avoir balayé la maison, les militaires l’ont peut-être trouvée tellement propre qu’ils n’ont plus envie de la quitter de sitôt ; eux qui, dans leurs premières déclarations post-putsch, avaient juré, la main sur le cœur, qu’ils remettraient le pouvoir aux « civils dans un délai raisonnable ». En tout cas, pendant que l’heure est à la mise en place d’une transition politique à Bamako, le fils de IBK qui n’est d’autre que Karim Kéïta, lui, cherche à sauver sa peau. Tant et si bien qu’au moment où son père recouvrait la liberté, des sources concordantes l’annonçaient hors du pays, notamment dans un pays voisin qui n’est rien d’autre que la Côte d’Ivoire dont l’ambassade à Bamako, dit-on, lui offert gîte et couvert après le pronunciamiento de Assimi Goita et ses frères d’armes.
B.O