LIBERATION D’OTAGES AU NIGERIA : C’est déjà bon pour le moral !
Les plus de deux cents élèves enlevés par des hommes armés début mars, dans une école dans le Nord-Ouest du Nigéria, respirent désormais l’air de la liberté. L’information a été donnée le 24 mars dernier, par le gouverneur de l’Etat de Kaduna, Uba Sani, dans un communiqué sans donner de précisions. Qui a donc libéré les écoliers de Kuriga? Est-ce une opération de l’armée qui a permis de libérer ces élèves ? Ou bien les parents ont-ils délier les cordons de la bourse pour obtenir la libération de leurs enfants ? Difficile, à l’heure actuelle, d’apporter des réponses exactes à ces questions. Toujours est-il qu’il y a beaucoup de zones d’ombre autour de la libération de ces élèves dont l’âge varie entre 8 et 15 ans. Mais tout porte à croire qu’il y a eu paiement de rançon. On est d’autant plus porté à le croire que le gouverneur Uba Sani a remercié le président Bola Ahmed Tinubu pour la libération de ces élèves. Mais comme la loi nigériane interdit le paiement de rançon, l’on peut comprendre la gêne qui pourrait habiter les autorités nigérianes. En tout cas, selon toute vraisemblance, l’armée nigériane n’a pas joué un rôle majeur dans la libération de ces élèves. C’est d’autant plus plausible que si cela avait été le contraire, elle aurait brandi cela comme l’un de ses hauts faits d’armes. Cela dit, peu importe les conditions dans lesquelles ces pauvres élèves ont été libérés, l’essentiel pour les parents, c’est d’avoir retrouvé sains et saufs les leurs. Et c’est déjà bon pour le moral ! En tous les cas, ce ne serait pas la première fois qu’une rançon a été versée à des ravisseurs pour obtenir la remise en liberté d’otages au Nigeria.
C’est l’avenir de ce géant aux pieds d’argile qui se joue à travers la lutte contre les rapts
Cela dit, il faut souhaiter que cette libération de masse d’otages soit le début d’une série annoncée de libérations de tous ceux qui sont détenus depuis plusieurs mois dans diverses régions du Nigeria. Car, il faut le dire, le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, fait face à des rapts de masse. Le phénomène est devenu une industrie si fait que l’armée a très peu de solutions. On peut même affirmer, sans risque de se tromper, que les échecs enregistrés par la grande muette dans des tentatives de libération d’otages, ont contribué à accroître le nombre de rapts dans le pays. Et tout laisse croire que ce n’est pas demain la veille la fin de cette pratique très rentable au Nigeria. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président Tinubu a du pain sur la planche. Car, non seulement, il fait face à une crise financière sans précédent, mais aussi son pays est en proie au terrorisme avec la secte islamiste Boko Haram. Deux fléaux auxquels vient s’ajouter celui des rapts à répétition. La situation est d’autant plus complexe que la pratique est menée par trois groupes: les bandits, les terroristes et la fusion de ces deux groupes. C’est dire si l’Etat central du Nigeria doit mettre un point d’honneur à éradiquer le phénomène. Mais le Nigeria est-il capable de relever ce défi dans le court terme? Rien n’est moins sûr. En tous les cas, c’est l’avenir de ce géant aux pieds d’argile qui se joue à travers la lutte contre les rapts.
Dabadi ZOUMBARA