HomeA la uneLIBERATION D’OTAGES D’ARLIT : Des suspicions au sommet de l’Etat

LIBERATION D’OTAGES D’ARLIT : Des suspicions au sommet de l’Etat


 

Abracadabrantesques ! C’est le moins que l’on puisse dire des révélations faites par des journaux français que sont L’Express, Challenges et Varity Fair. De quoi s’agit-il ? En effet, selon ces trois médias, la libération de quatre Français à savoir Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret, enlevés en septembre 2010 à Arlit au Niger, a été retardée par les autorités françaises. C’est Jean-Marc Gadoullet, le négociateur en chef dans ce dossier, qui l’affirme, preuves à l’appui ; allant jusqu’à mettre en cause le chef d’état-major particulier de Nicolas Sarkozy, en la personne du général Benoit Puga. Alors, pourquoi ? C’est la question que tout le monde se pose. Peut-être en saura-t-on davantage si le président de la République, François Hollande, à qui l’un des otages, Thierry Dol, a envoyé un courrier pour demander des explications, accepte de se prononcer sur ce qui ressemble désormais à une affaire d’Etat. Mais l’idéal, dans le cas d’espèce, voudrait que l’ex-chef d’état-major particulier et son mentor Sarkozy sortent aussi de leur silence pour donner des explications sur ces graves accusations qui, si elles sont fondées, pourraient ternir leur image aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Il y va donc de leur intérêt. Car, jamais, une libération d’otages n’avait fait autant de bruit et de suspicions au sommet de l’Etat français. Et se claquemurer dans un silence radio, c’est laisser le champ libre à toutes sortes de supputations. Ce qui serait tout à fait normal, la nature ayant toujours horreur du vide. D’ores et déjà, d’aucuns estiment que cette libération d’otages a été retardée d’un an et demi pour des considérations politiciennes. Car, conscient que sa politique intérieure et extérieure était beaucoup décriée par les Français, Nicolas Sarkozy attendait sans doute le moment qui lui semblait opportun pour autoriser la libération des quatre pauvres  Français ; histoire de remonter un peu sa cote de popularité.

Il urge que  toute la lumière soit faite dans cette affaire

Certes, une telle démarche comportait des risques énormes dans la mesure où les otages pouvaient, d’un moment à l’autre, passer de vie à trépas, suivant les humeurs de leurs ravisseurs. Mais, comme on le sait, en politique, rien n’est impossible. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. En tout cas, si tel a été le cas avec les ex-otages d’Arlit, on peut dire que Sarkozy s’est comporté en charognard en se repaissant politiquement du sang des otages qui avaient, pourtant, placé leur espoir en lui. Quel cynisme pourrait-on s’écrier. Vu d’Afrique, un tel comportement est immoral et inacceptable. Ce genre de désinvolture politique est plutôt digne des républiques bananières, plus précisément du Gondwana.  Comment la France, patrie des droits de l’Homme, peut-elle adopter une posture aussi infamante ? Espérons que tout cela n’est que babil et propos sans conséquence. Cela dit, autant on ne peut absoudre à bons comptes les autorités françaises d’alors, autant on doit se garder de leur jeter la première pierre. Car, rien ne dit que l’attitude de l’Elysée n’était pas dictée par celle des preneurs d’otage qui, on le sait, sont très loin d’être des enfants de chœur. Peut-être la France avait-elle traîné les pieds aux fins d’obtenir une libération globale de tous les otages. Si elle avait accepté une libération partielle, comme le proposait le ravisseur Abou Zeid,  les djihadistes auraient beau jeu de la faire chanter, jusqu’à la libération du dernier otage. Toute chose qui aurait pu compliquer la situation. C’est, du reste, pourquoi il urge que  toute la lumière soit faite sur cette affaire, ne serait-ce que pour aider à la « reconstruction » psychique des ex-otages qui peinent encore à se remettre de cette mésaventure. Gageons donc que les démarches préliminaires engagées par Thierry Dol auprès des juridictions administratives françaises, porteront fruit.

Boundi OUOBA


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