HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM AU NIGERIA :La solution passe par un Etat fort

LUTTE CONTRE BOKO HARAM AU NIGERIA :La solution passe par un Etat fort


 

Les mouvements terroristes en général et ceux qui sont d’inspiration djihadiste en particulier sont difficiles à combattre. En Afrique comme ailleurs dans le monde, les Etats sont pratiquement impuissants face au péril islamiste. Les exemples des Taliban en Afghanistan, des Frères musulmans en Egypte, des Shebab en Somalie et de Boko Haram au Nigeria corroborent cette réalité. Au pays de Goodluck Jonathan, les barbus de Boko Haram opèrent comme des poissons dans l’eau, en tuant sans discernement et en narguant au quotidien l’Etat fédéral par des attaques contre ses symboles.

 

L’implication présumée des femmes dans le djihad de Boko Haram constitue une nouvelle donne

 

Ainsi, le vendredi 4 juillet dernier, la secte islamiste a lancé une attaque contre une caserne et le commissariat de police de la ville de Damboa situé au Nord-Est du pays dans l’Etat de Borno. Il s’en est suivi une riposte de l’armée qui, selon le porte-parole de la grande muette, a fait 6 morts chez les forces gouvernementales et 53 islamistes tués. Dans la foulée, l’armée a annoncé avoir arrêté trois femmes soupçonnées de mener des campagnes de recrutement pour Boko Haram. Cette implication présumée des femmes dans le djihad de Boko Haram constitue une nouvelle donne qui vient corser davantage la tâche déjà ardue de l’armée, pour contrer la folie meurtrière de ceux pour qui « la culture occidentale est un pêché ». Cette contribution féminine à la croisade des insurgés islamistes contre l’Occident et contre l’Etat fédéral censé en être le complice, pourrait accroître la capacité de nuisance des « fous de Dieu » nigérians, au regard des considérations suivantes.

D’abord, les femmes sont efficaces dans le domaine du renseignement. C’est pour cette raison qu’elles ont été beaucoup utilisées par exemple pendant la guerre froide par les deux blocs. L’expertise féminine dans les renseignements pourrait donc être mise à profit par Boko Haram pour obtenir des informations précieuses, susceptibles de donner plus de chances de succès à ses opérations meurtrières. Les 3 femmes qui ont été mises aux arrêts par l’armée sont par ailleurs accusées de recruter des veuves et des jeunes filles pour les marier aux combattants islamistes.

 

La faiblesse de l’Etat nigérian lui enlève toute possibilité de tenir la draguée haute à Boko Haram

 

L’implication des femmes dans l’œuvre destructrice de Boko Haram engendre la facilité avec laquelle elles peuvent dissimuler les charges explosives.

En effet, sous le hijab et la burqa peuvent être cachés des arsenaux de guerre destinés à l’insurrection islamiste. Certains pays occidentaux, qui ont certainement compris les dérives que pourrait susciter le port de ces vêtements à caractère religieux, ont légiféré sur la question en les interdisant dans les espaces publics. Le Nord du Nigeria ne peut malheureusement prendre ce genre de mesures puisque la plupart des Etats de cette partie du pays sont régis par la loi islamique dans laquelle il est fait obligation aux femmes de porter la burqa. Dans ces conditions, l’on peut dire que Boko Haram va sévir pendant longtemps encore au Nigeria. Et ce n’est pas la solitude politique dans laquelle se retrouve aujourd’hui Goodluck Jonathan qui va inverser les tendances. En effet, lâché par certains caciques de sa propre famille politique, le président nigérian donne l’impression d’être un homme à bout de souffle, qui ne sait plus où donner de la tête face à la folie meurtrière de l’insurrection islamiste.

L’implication récente des pays voisins du Nigeria et celle de l’Occident dans sa croisade contre Boko Haram, sur lesquelles le président Nigeria avait fondé beaucoup d’espoir, n’ont pas encore réussi à apporter des réponses appropriées à la problématique de Boko Haram. C’est pourquoi l’on peut être tenté de croire que la solution à la violence de Boko Haram passe par un Etat central fort. En effet, les exactions actuelles de Boko Haram n’auraient pas pris cette envergure sous les régimes des généraux Babanguida et Abacha, car ceux-ci n’auraient eu aucun scrupule à le neutraliser par tous les moyens. Sans faire l’apologie du principe qui consiste à combattre le mal par le mal, l’on peut affirmer que la faiblesse et la déliquescence qui caractérisent aujourd’hui l’Etat nigérian lui enlèvent toute possibilité de tenir la draguée haute à Boko Haram. Il y a aujourd’hui, plus que jamais, urgence à repenser l’Etat nigérian, de manière à en faire un outil efficace, susceptible de garantir le vivre-ensemble et d’assurer la stabilité du pays mais cela, encore une fois, exige d’abord un Etat central fort.

 

Pousdem PICKOU


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