LUTTE CONTRE BOKO HARAM : Terrassé mais pas encore mis à mort
L’armée nigériane, épaulée par les forces de coalition, maintient la pression sur Boko Haram. Après le lourd revers que la secte islamiste a essuyé, Lagos affirme avoir repris 36 localités. Un canular, comme le penseraient certains, tant l’armée nigériane est coutumière des fausses déclarations. Pour une fois cependant, on peut accorder du crédit à ce qu’elle vient d’annoncer. D’autant plus que des sources indépendantes ont confirmé la reconquête des localités en question.
On peut donc se réjouir de ce que l’étau se resserre davantage autour de Boko Haram qui se trouve de plus en plus traquée jusque dans ses chiottes. Mais attention, l’heure n’est pas encore au triomphalisme. Certes, la bête sanguinaire est blessée. Mais elle est encore capable du pire. Il serait en effet illusoire de croire que ces « fous d’Allah » ont complètement plié l’échine. Boko Haram a été terrassée certes, mais elle n’est pas encore mise à mort. Cela dit, cette importante déroute de la secte islamiste n’a rien de surprenant car il est difficile pour une milice, aussi puissante soit-elle, de résister aux armées de quatre pays coalisés. Mais si, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain, on peut dire que Boko Haram est train de perdre la guerre, il y a cependant lieu de redouter une chose: l’infiltration des membres de Boko Haram au sein des populations de la zone.
Abubakar Shekau cherche du renfort
Les hommes d’Abubakar Shekau useront certainement de toutes les stratégies pour survivre… et davantage faire mal. Or, pour ne rien arranger, les villes d’où ces insurgés ont été chassés ne sont pas aussitôt occupées par les forces nigérianes censées faire le reste du travail, c’est-à-dire ôter à la secte toute possibilité de reconquête de ces localités. Et ce faisant, il faut craindre que la libération de ces localités ne soit que de courte durée. En tous les cas, on sait que Boko Haram qui dispose d’importants moyens, peut, comme le font toutes les organisations terroristes à travers le monde, recruter au sein de la population qui, pour la plupart, vit sous le poids de la misère et de l’ignorance. C’est pourquoi il serait bon que les autorités nigérianes accompagnent ces victoires militaires de projets de développement, de sorte à occuper la jeunesse. Abubakar Shekau qui a sans doute compris qu’il n’a plus assez de marge de manœuvre, cherche du renfort. Et c’est ce qui explique son rapprochement avec l’Etat islamique qui, d’ailleurs, a répondu favorablement à sa demande d’allégeance. Un acte qui, tout en traduisant d’une certaine façon le désarroi de la secte, vient encore compliquer la donne et souligne davantage la nécessité de faire preuve de prudence et de ne pas vite crier victoire. Car, avec Boko Haram, affaiblie ou pas, il faudra toujours garder l’arme au pied.
Seydou TRAORE