HomeA la uneLUTTE  CONTRE LA VIOLENCE A L’EGARD DES FEMMES

LUTTE  CONTRE LA VIOLENCE A L’EGARD DES FEMMES


Au nombre des questions qui feraient perdre à bien des Africains, leur latin, figure celle-là: qu’évoque, pour vous, le 25 novembre ? En effet, dans leur écrasante majorité, la probabilité est forte qu’ils vous répondent par ceci : rien. C’est pourtant la date choisie par les Nations unies pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. Et face à cette réponse, l’on peut affirmer qu’il se trouvera des Africains, même  parmi les élites intellectuelles, qui diront ceci : encore une affaire de Toubabs (Blancs).  Bref, les Africains ignorent royalement la symbolique qui entoure la date du 25 novembre. De ce point de vue, il se pose d’abord la nécessité de communiquer largement et de sensibiliser sur ladite date. Et ce rôle incombe à l’Etat ainsi qu’à l’ensemble des organisations de promotion des droits humains en général et des droits de l’autre moitié du ciel en particulier.

L’Afrique est le théâtre de bien des pratiques de violence à l’égard des femmes

 

Cela dit, l’on peut rendre hommage aux Nations unies pour avoir eu le nez creux en dédiant  la journée du 25 novembre, à la lutte  pour l’élimination de la violence faite aux femmes. En rappel, l’origine de cette journée remonte à 1960, lorsqu’en République dominicaine, les sœurs Mirabal furent assassinées parce qu’elles revendiquaient leurs droits. Elles deviennent, de ce fait, les symboles du combat pour éradiquer la violence à l’égard  des femmes. Et ce fléau touche tous les continents et presque tous les pays. En effet, aux Etats-Unis, une femme est battue par son partenaire toutes les 15 secondes. Au pays de Nelson Mandela, une femme  est violée toutes les 23 secondes. Au Bangladesh, près de la moitié des femmes ont subi des abus physiques de la part de leur conjoint. Il ne faut donc pas se voiler la face : l’Afrique est le théâtre de bien des pratiques de violence à l’égard des femmes. Seulement, pour des raisons liées à la pudeur ou encore à des pesanteurs socio-culturelles, bien d’entre elles ne sont pas publiquement évoquées et débattues. C’est le cas, par exemple, du système du lévirat, du nom de cette pratique qui veut que quand un homme meurt, l’on donne sa veuve ou ses veuves en mariage à un membre de sa famille. On peut aussi ajouter à cela, la pratique de la dot et bien d’autres pratiques rétrogrades, jalousement entretenues par des coutumes qui se refusent à concéder le moindre espace de liberté à la femme. En réalité, il se pose à l’Afrique, la nécessité d’une clarification sémantique de l’expression « violence faite aux femmes ». Pour les violences d’ordre physique, l’on peut accorder nos violons. A contrario, on peut difficilement parvenir à un consensus en ce qui concerne le contenu des violences d’ordre moral et coutumier tant l’Afrique est un continent pluriel du point de vue de ses pratiques culturelles qui touchent la femme. Si en Europe, l’on  a pu légiférer sur le viol conjugal, en Afrique, la question n’est pas encore à l’ordre du jour, si fait qu’il ne viendrait à l’esprit d’aucune femme, de porter cette question éminemment  sensible et intime, devant les tribunaux. D’ailleurs, de façon générale, le viol conjugal, tel que l’entend l’Occident, n’existe quasiment pas dans la représentation des Africains. Derrière donc l’expression « violence à l’égard des femmes », peut se cacher un conflit de valeurs voire de civilisation entre l’Occident et l’Afrique.

 

Petit à petit, l’étau des pratiques violentes est en train de se desserrer  autour de la femme et de la jeune fille

 

Il est donc impossible de légiférer sur la question à l’échelle mondiale de sorte à prendre en compte tous les cas de violence à l’égard des femmes. Il reste à mettre en place des législations locales dans le sens de l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Au Burkina Faso, beaucoup d’efforts ont été faits relativement à la question. Ainsi, des mesures institutionnelles ont été prises dans le sens de la promotion du genre. Dans le domaine politique, par exemple, un effort est fait, même si cela demeure encore insuffisant, pour promouvoir la présence de la femme dans l’espace public. On peut aussi noter un effort remarquable de protection de la jeune fille contre les mariages précoces et forcés, l’excision et le refus catégorique de certains parents de scolariser leurs filles. Petit à petit donc, l’étau des pratiques violentes est en train de se desserrer  autour de la femme et de la jeune fille. Le mouvement est porté par le gouvernement et par des associations de la société civile. Mais il faut reconnaître que le Burkina en particulier et l’Afrique en général, doivent mieux faire car l’élimination de la violence à l’égard des femmes est d’abord une question d’ordre ethnique. On ne peut pas, en effet, sous prétexte de se conformer aux us et coutumes, accepter de garder plus de la moitié de la population en état de servitude permanente. Ce combat doit être celui de l’ensemble des communautés. C’est un prérequis, pour autant que l’on veuille tirer le continent noir vers le haut. L’occasion est bonne pour évoquer aussi deux réalités qui peuvent être considérées comme des fléaux. La première est que quand on parle de violence à l’égard des jeunes filles et des femmes, on a tendance à incriminer seulement les hommes. Or, il se trouve des cas, comme celui des filles de ménage par exemple, où des actes  de violences sont posés par des femmes à l’endroit de ces dernières. Certaines domestiques (autre appellation des filles de ménage) en savent quelque chose. L’autre réalité sur laquelle l’on peut interpeller la communauté internationale, est celle des maris battus et humiliés par leur épouse. Par pudeur, on évite d’en parler mais de plus en plus, le phénomène prend de l’ampleur au point qu’il faut envisager de dédier un jour pour l’élimination de la violence à l’égard des hommes.

« Le Pays »


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