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LUTTE CONTRE LE CARBURANT DE CONTREBANDE


Le procureur du Faso près le tribunal de grande instance Ouaga I, dans un communiqué datant du 23 septembre dernier, informait l’opinion de l’interpellation de soixante-douze (72) personnes par son parquet. Ces interpellations ont été faites suite à une opération en lien avec le carburant de contrebande. Les faits ont été constatés sur plusieurs axes routiers du pays. Dans le cadre de la même affaire, la Justice a procédé aux saisies des moyens qui ont servi à la commission des faits et à la mise sous scellés de dépôts d’hydrocarbures de contrebande. L’opération a été enclenchée  grâce à des  investigations menées par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC). Il faut préciser que cette structure a été alertée par un citoyen. Il faut d’emblée saluer l’ASCE/LC, de même que le citoyen qui a permis de lever le lièvre. Car, ils ont posé un acte de salubrité publique. Il sied également de rendre hommage à la Justice pour la célérité avec laquelle elle a conduit  les enquêtes et souhaiter qu’elle aille jusqu’au bout de l’affaire à l’effet de faire connaître tous les tenants et les aboutissants de cette vaste contrebande. Elle doit d’autant plus aller dans ce sens que l’affaire charrie des conséquences fâcheuses pour le Burkina. La première conséquence fâcheuse est d’ordre financier. En effet, Dieu seul sait combien le pays perd en termes d’entrées de sous au profit du Trésor public, à cause de ce trafic. Et la probabilité est grande que ce qui a été porté à la connaissance du public, ne soit que la partie visible de l’iceberg. En effet, la pratique, selon plusieurs témoignages, ne date pas d’aujourd’hui. La vérité est qu’elle date de longtemps. Seulement, elle était en passe   d’être banalisée voire tolérée.

 

L’attachement morbide de bien des Burkinabè à Mammon, risque d’entrainer le pays à un naufrage collectif

 

 

En effet, il n’est pas rare, sur certains axes routiers,  de voir de jeunes gens transporter sur des motos, des fûts de carburant de contrebande à destination de Ouagadougou, pour être livrés à des commerçants véreux. Et tenez-vous bien, cela se passe très souvent au nez et à la barbe des Forces de défense et de sécurité. Quant à la population témoin de ce trafic, l’on peut  se demander si elle se donne la peine de mesurer le préjudice que cette pratique cause au pays. Par moments même, l’on peut avoir l’impression que certaines populations ne perçoivent pas la pratique comme une activité illicite. L’autre conséquence fâcheuse que la contrebande du carburant, entraîne pour le pays, est d’ordre sécuritaire. Et le contexte du pays, caractérisé comme on le sait, par l’insécurité en général et le terrorisme en particulier, peut amener à assimiler la pratique à un grand crime organisé contre le Burkina. En effet, ces colonnes de terroristes juchés sur des motos et déferlant sur nos villes et campagnes, ne peuvent prospérer sans cette contrebande. Et quand on pense que ce sont des Burkinabè qui se livrent à cette activité qui permet aux terroristes d’être des tueurs   itinérants, juste pour faire fortune, l’on peut manquer de mots pour qualifier leur comportement. Décidément, l’affaissement moral au pays des Hommes intègres a atteint un tel niveau que l’on peut légitimement craindre pour le présent et l’avenir du Burkina Faso. Et c’est cette déchéance morale et éthique, presqu’ambiante, qui rend davantage la riposte contre le terrorisme compliquée. En tout cas, si l’on n’y prend garde, l’attachement morbide de bien des Burkinabè à Mammon, risque d’entraîner le pays à un naufrage collectif. C’est pourquoi la Justice doit sévir pour l’exemple contre les personnes interpellées au cas où les faits qui leur sont reprochés,  s’avéraient. D’ores et déjà, chaque citoyen burkinabè doit faire l’effort d’aider son pays à sortir la tête de l’eau en dénonçant auprès des autorités compétentes, tous les faits et gestes suspects qu’il observe autour  de lui. Cet appel est d’autant plus justifié que les Burkinabè, dans leur écrasante majorité, n’ont pas la culture de la dénonciation. Il faut aussi absolument une synergie d’actions de tous les pays de la sous-région, pour autant qu’on veuille véritablement porter des coups significatifs au terrorisme. Car, lorsque on trace l’itinéraire des contrebandiers du carburant, on peut faire le constat que le problème ne peut être résolu sans le Nigeria, le Togo et le Bénin. Pour finir, on peut suggérer aux FDS d’ouvrir davantage l’œil et le bon de sorte à empêcher que désormais, ce genre de trafics aient droit de cité dans notre pays. L’on peut, en effet, se poser la  question de savoir comment des camions ont pu charger illicitement des fûts de carburant, traverser des dizaines voire des centaines de postes de contrôle et inonder tout le pays de carburant fraudé sans être inquiétés. Le procureur doit également élucider ce mystère, si c’en est un.

 

Sidzabda

 


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