HomeA la uneLUTTE CONTRE L’EI EN LIBYE : Et si on associait le général Haftar ?

LUTTE CONTRE L’EI EN LIBYE : Et si on associait le général Haftar ?


Ouagadougou est tombée. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la capitale du Burkina Faso qui sort à peine d’une longue crise sociopolitique suite à l’insurrection populaire qui a emporté le régime de Blaise Compaoré. Il s’agit plutôt là d’un Centre de conférences situé à Syrte, en Libye, et qui porte le nom de Ouagadougou. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette prise, si elle est confirmée, constitue une grande avancée dans la lutte sans merci que les forces armées libyennes catapultées par les frappes aériennes américaines, mènent depuis des mois contre l’Etat islamique (EI). Car « sortir  l’EI de Syrte nécessite encore quelques semaines », reconnaît le colonel Mohammed al-Ghasri, porte-parole des forces du gouvernement d’union nationale. L’explication la plus évidente de la lente progression de l’armée libyenne est le manque de cohésion, morcelée qu’elle est, depuis la chute de Kadhafi. En effet, le général Khalifa Haftar, principal héritier de ce qui reste  de la puissance de feu de cette armée, n’est pas partie prenante de l’assaut lancé par les troupes fidèles au gouvernement d’union nationale,  composées essentiellement de miliciens. Mis au banc du processus politique en cours, par la communauté internationale, il assiste en spectateur passif, à l’enlisement de ces combats dont il aurait pu précipiter l’épilogue parce que bénéficiant du soutien de l’essentiel de l’armée et surtout du puissant voisin égyptien. Preuve est faite, si besoin en est encore,  par les bourbiers syriens et irakiens,  que les frappes aériennes ne peuvent suffire à vaincre l’irrédentisme des guerriers de l’EI ; d’où la nécessité d’un engagement plus important des troupes américaines au sol. Toute chose que rechignent à accepter les Occidentaux. La solution à portée de main, serait donc le ralliement aux combats des hommes du général, ce qui, à coup sûr, impliquerait de l’inclure dans la dynamique politique en cours sous la houlette de la communauté internationale. « On ne peut pas, dit-on, faire des omelettes sans casser des œufs ».

 

Le seul gouvernement d’union nationale, à lui seul, ne semble pas avoir l’étoffe de la tâche

Du reste, l’homme fort de l’Est n’est pas aussi infréquentable que l’on le fait croire, car il est en sous-main, l’homme de la France. Il est donc temps que la communauté internationale prenne conscience que l’enlisement des combats à Syrte, est l’une des conséquences du difficile accouchement du gouvernement d’union nationale qu’elle a imposé en Libye, et qu’elle en tire toutes les conséquences en se départissant des intérêts autres que ceux des Libyens. Cependant, dans cette chienlit au cœur de la ville, seule n’est pas mise en cause la faiblesse de l’armée. L’EI est surarmée et ses combattants, reliés par le même ciment idéologique, se battent avec l’énergie du désespoir face à des troupes gouvernementales qui peinent à trouver ses attaches patriotiques. A cela, il faut ajouter que le théâtre des affrontements n’est pas neutre. Syrte est la ville natale du colonel Mouammar Kadhafi et il n’est pas exclu que les assiégés bénéficient de la complicité de certains habitants qui tiennent une belle revanche. Il faut donc craindre que ce qui était pressenti comme la fin de la bataille, ne soit en réalité que le début d’une guerre qui s’enlise. Ce serait alors le scénario-catastrophe pour les pays de la bande sahélo-saharienne qui ne peuvent renouer avec la sécurité et la stabilité que si l’essaim djihadiste libyen est détruit. C’est en cela qu’il urge  que les Occidentaux  qui avaient fait l’erreur de ne pas assurer le service après-vente de leurs raids en Libye, ne se bornent pas dans la myopie du soutien au gouvernement imposé qui, seul, n’a pas la maîtrise du terrain. Ce serait un cul-de-sac dont le bourbier libyen n’est que le signe précurseur car, même en cas de défaite de l’EI, il reste l’immense chantier de l’unification et de pacification d’un pays parcouru sans discontinuité par des bandes armées de tout acabit, qui sont hostiles à l’ordre. Le seul gouvernement d’union nationale, à lui seul, ne semble pas avoir l’étoffe de la tâche.

SAHO


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