LUTTE CONTRE L’ETAT ISLAMISTE PAR LES USA :Renforcer la dimension africaine
Le 10 septembre 2014, à la veille de la date symbolique du 11 septembre, Barack Obama a fait une sortie dans laquelle il a pris l’engagement ferme devant ses concitoyens, de frapper davantage l’Etat islamiste où qu’il soit, tout en excluant l’envoi de troupes au sol. Cette annonce martiale est d’autant plus justifiée que l’Etat islamiste, qui sévit actuellement en Irak et en Syrie, vient de marcher sur les parties sensibles de l’Oncle Sam, en assassinant de la pire manière, deux journalistes américains, James Foley et Steven Sotloff.
Barack Obama ne va pas lésiner sur les moyens pour atteindre ses objectifs
Ces exécutions, qui ont fortement ému l’opinion américaine, ont certainement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles donnent plus de légitimité au chef de la Maison Blanche, pour en découdre avec les djihadistes de l’Etat islamiste. Barack Obama, fort de l’adhésion sans faille de ses compatriotes à sa lutte contre l’insurrection djihadiste sunnite en Irak et en Syrie, ne va certainement pas lésiner sur les moyens pour atteindre ses objectifs. Cette opération pourrait lui permettre en même temps de régler ses comptes avec Bachar El Assad. En effet, le chef de la Maison Blanche a été suffisamment explicite sur la question. L’opposition syrienne sera entraînée et armée, toute chose qui pourrait mettre fin à la dictature de Bachar El Assad. L’Amérique ferait alors d’une pierre, deux coups. Cette opération à deux buts, a beaucoup de chances de réussir, puisqu’elle intervient dans un contexte favorable. L’Amérique peut compter, en effet, sur la compréhension voire la collaboration des Etats arabes de la région, emmenés par le principal allié de Washington dans cette partie du monde, l’Arabie Saoudite, par ailleurs sanctuaire de l’Islam Sunnite dont se réclame L’Etat islamiste. En outre, l’Amérique, qui s’est jusque- là retenue d’effaroucher Moscou en intervenant en Syrie, alliée majeure de la Russie dans le monde arabe, a, cette fois-ci, l’opportunité de le faire en invoquant la légitime défense.
Des ramifications de l’Etat islamiste existent en Afrique
Moscou, sans être forcément d’accord, pourrait comprendre la décision américaine d’aider à l’avènement d’un régime modéré voire démocratique en Syrie, qui pourrait faciliter la prise de la citadelle djihadiste. La Russie, dans ces conditions, peut lâcher son protégé Assad, contre peut-être un abandon des sanctions que l’Europe et les Etats-Unis ont prises à son encontre, pour son implication présumée dans la crise ukrainienne. Dans la même allocution que Barack Obama a adressée à ses concitoyens, celui-ci a laissé entendre ceci : « Les frontières ne nous arrêteront pas […] il n’y aura pas de sanctuaire pour les terroristes, peu importe le temps que cela prendra ». De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce que l’Amérique renforce la dimension africaine de sa stratégie générale de lutte contre les djihadistes de l’Etat islamiste, même si l’on sait que, lorsqu’il s’agit d’intervenir dans les zones anciennement colonisées par ses alliés européens, l’Amérique a toujours fait preuve de prudence.
En tous les cas, ce renforcement est d’autant plus justifié que des ramifications de l’Etat islamiste existent actuellement en Afrique. Certes, l’Amérique est déjà présente dans certains pays africains, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste, mais elle pourrait donner plus de tonus à cette présence en termes d’équipements militaires appropriés, de formations et de renseignements. Le Nigeria, par exemple, qui est actuellement humilié au quotidien par la secte Boko Haram qui est justement une des tentacules de l’Etat islamiste, pourrait ne pas cracher sur une telle initiative. Si l’Amérique ne renforce pas son dispositif anti-islamiste en Afrique, les djihadistes qu’elle a promis de traquer en Syrie et en Irak y trouveront refuge avec armes et bagages, pour le grand malheur du continent noir qui fait face déjà à d’autres défis qu’il a du mal à relever.
Pousdem PICKOU