LUTTE CONTRE L’INSECURITE AU MALI : Les moyens seuls suffisent-ils ?
Le gouvernement malien vient de prendre une décision importante, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité sur son territoire. En effet, les autorités veulent allouer 514 milliards de F CFA supplémentaires, pour équiper l’armée malienne. Cette décision est à saluer, surtout lorsque l’on se réfère au discours de campagne du président Ibrahim Boubacar Keita dit « Kankélétigui », qui avait promis aux Maliens qu’il ferait de la lutte contre l’insécurité son cheval de bataille. Car, on le sait, sans sécurité, il n’y a pas de développement et vice-versa. A travers cette décision, l’Etat malien pourrait vouloir désormais sauvegarder sa dignité dans ce domaine hautement délicat de la Défense, en assumant son indépendance totale et entière. Cependant, si tel est le cas, les autorités maliennes devraient toujours avoir à l’esprit que l’apport de l’armée française sur leur territoire, reste toujours déterminant dans la lutte contre l’insécurité et que ce n’est que par une synergie d’actions sur le terrain que le Mali pourra venir à bout des djihadistes.
Le gouvernement malien gagnerait à être plus regardant sur la question du désoeuvrement des jeunes
Cela dit, une chose est d’allouer un important budget à la lutte contre le terrorisme, et une autre est de pouvoir bien gérer l’argent décaissé. La transparence doit être la règle afin d’éviter que la manne financière soit dilapidée, comme ce fut le cas dans l’achat de l’avion présidentiel qui, jusque-là, continue de défrayer la chronique. Par ailleurs, si l’équipement de l’armée malienne demeure une nécessité, les autorités maliennes doivent aussi admettre la nécessité d’appliquer le triptyque : équipement, formation militaire et amélioration des conditions de vie des militaires. Car, une armée bien équipée, sans une bonne formation militaire et comptant dans ses effectifs une foultitude de crève-la-faim, ne peut rien face à l’ennemi. C’est dire que les moyens militaires seuls ne suffisent pas. Ce pari, les autorités maliennes peuvent le tenir si elles ont aussi le courage d’aborder l’épineuse question de l’injustice au sein de l’armée, tant au niveau des nominations qu’au niveau des attributions des grades.
Afin de lutter efficacement contre les djihadistes, le gouvernement malien gagnerait à être encore plus regardant sur la délicate question du désoeuvrement des jeunes.
On sait que ce sont eux qui constituent le plus souvent les proies faciles en raison du manque d’emploi. En tout cas, le Mali peut réussir la réforme de son armée, surtout quand on sait que celle-ci est planifiée sur cinq ans.
Ben Issa TRAORE