HomeA la uneLUTTE CONTRE L’INSECURITE ET LA CORRUPTION AU BURKINA :S’engager vite et sans concession

LUTTE CONTRE L’INSECURITE ET LA CORRUPTION AU BURKINA :S’engager vite et sans concession


Dans sa première adresse aux Burkinabè, le Chef de la junte, le lieutenant-colonel Damiba, a décliné ses priorités. La plus pressante d’entre elles, bien entendu, est la lutte contre l’insécurité. A ce sujet, il a invité les Forces de défense et de sécurité (FDS) ainsi que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), « à se mettre en ordre de marche pour la reconquête de notre territoire ». Dans le même registre, le lieutenant-colonel Damiba s’est engagé à redonner aux forces de défense et à leurs supplétifs, « la volonté de combattre et d’aller encore plus à l’offensive avec des moyens adéquats ». Cet extrait de son discours risque d’apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui, à tort ou à raison, disaient que l’armée, sous Roch Kaboré, se refusait à aller à l’offensive, dans le secret espoir de pourrir la situation pour préparer les esprits à accueillir favorablement un coup d’Etat. Vrai ou faux ? L’histoire nous le dira. Car, tout ce qui végète dans la pénombre aspire à la lumière. Cela dit, le tout nouveau chef de l’Etat a bien identifié le terrain principal sur lequel les Burkinabè attendent qu’il fasse ses preuves et cela, sans délai.

Les Burkinabè attendent des résultats

Il a par ailleurs donné les indicateurs à partir desquels le peuple burkinabè va évaluer son action. Il s’agit, entre autres, de la libération des zones sous emprise terroriste. Pour un chantier d’Hercule, c’en est un. Car, les localités comme Namsiguia dans le Bam, Toéni dans le Sourou, qui sont en tain de passer, peut-on dire, sous administration terroriste, sont légion dans notre pays. C’est à l’aune de la libération effective de toutes ces zones sous occupation, que le lieutenant-colonel sera jugé. Et tout porte à croire qu’il ne bénéficiera pas de note de complaisance de la part du peuple burkinabè. On ne lui fera pas l’injure de dire qu’il n’en a pas conscience. Car, c’est l’incompétence de Roch Kaboré à gérer la crise sécuritaire, qu’il a invoquée, notamment pour justifier l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Maintenant que  c’est l’armée qui est aux commandes de l’Etat, les Burkinabè attendent des résultats. Roch Marc Christian Kaboré pouvait avoir  peut-être l’excuse de ne pas  connaître la science militaire. Pour sûr, le lieutenant-colonel Damiba n’aura pas droit à la même excuse. De ce point de vue, il gagnerait à descendre lui-même sur le front. Sankara l’a fait pendant la guerre dite de Noël en 1985. Blaise Compaoré, alors No2 du régime révolutionnaire, était aussi au front. Boukari Kaboré dit le Lion, qui était un des hommes forts du régime révolutionnaire, était également sur le terrain, à la tête de ses hommes. Comparaison n’est pas raison, mais le Burkina est dans une telle situation d’insécurité, que le rappel de ce passé est rendu  nécessaire pour tout patriote qui veut casser du terroriste.  Un autre terrain prioritaire sur lequel le lieutenant-colonel Damiba est attendu, est celui de la lutte contre la corruption.

Quand on parle de lutte contre la corruption, ce ne sont pas seulement les civils qui sont concernés

D’autant qu’il est difficile de gagner le combat contre l’insécurité et dans la durée, tout en ne mettant pas un accent particulier sur la lutte contre la corruption. Car, cette gangrène est susceptible de scier  le moral de la troupe au front. Tant que cette pathologie ne se sera pas soignée de manière radicale, la marche du peuple « vers l’horizon du bonheur », cet extrait de l’hymne national que le nouvel homme fort a cité dans son discours, sera un leurre. Sur le terrain de la lutte contre ce grand mal, on peut lui suggérer de s’inspirer de Thomas Sankara. Il ne s’agit pas seulement de le faire dans le discours. Mais surtout de le faire dans les actes. Car, si le temps n’a pas réussi à effacer l’image de Sankara dans les esprits des Burkinabè, c’est parce que, quelque part,  il a incarné cette valeur. Et il l’a imposée à sa famille et à son entourage. Lamizana également peut être cité en exemple  dans la lutte contre la corruption. Quand il était aux affaires, il n’avait pas craint, par exemple, dans les années 1970, de traduire des chefs militaires devant des tribunaux pour détournement de  vivres destinés aux populations du Sahel, suite à  la grande famine que le pays a connue en 1974. Damiba marquera de manière positive les esprits des Burkinabè, s’il s’engage à marcher sur les traces de ces personnalités politiques. Et quand on parle de lutte contre la corruption, ce ne sont pas seulement les civils qui sont concernés. De grands corrompus pourraient être tapis au sein de la Grande muette. Il  ne doit pas craindre de les traquer. C’est à ce prix qu’on peut entrer dans l’histoire par la grande porte. En tout cas, la refondation du Burkina dont il a parlé dans son discours, ne peut pas faire l’économie de cette lutte. Le peuple burkinabè lui sera reconnaissant d’en tracer les sillons, des  sillons suffisamment profonds pour que sous lui et après lui, la corruption soit ramenée à sa portion congrue au « pays des Hommes intègres ». Et sans forcément vouloir s’immiscer dans le domaine de la Justice, il doit travailler de sorte à  favoriser un traitement judiciaire aux 200 cas de corruption et de détournements de fonds  qui sont déjà pendants. De tout ce qui précède, on peut se résumer en l’exhortant à  s’engager vite et sans concession, dans la lutte contre l’insécurité, la corruption, la prévarication et la concussion.

                                                                      « Le Pays »

 

 

   


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