HomeA la uneLUTTE CONTRE L’INSECURITE URBAINE : La Police nationale à la traque des « sans-papiers »

LUTTE CONTRE L’INSECURITE URBAINE : La Police nationale à la traque des « sans-papiers »


La Police nationale a effectué une opération de contrôle, dans la nuit du 7 au 8 septembre 2016, dans différents carrefours de la ville de Ouagadougou. Objectif : essayer de déjouer les plans de certaines personnes malveillantes qui souhaitent s’attaquer aux honnêtes citoyens ou les dépouiller de leurs biens, selon les propos de Lazare Tarpaga, directeur général de la police. Bilan de l’opération : 1731 personnes contrôlées et 114 gardées à vue. Quant aux engins, 555 motos et 9 véhicules ont été mis en fourrière. 3 documents de voitures ont également été saisis. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’incivisme a pignon sur rue à Ouagadougou ; cela, au regard de la quantité d’engins saisis et du nombre de personnes interpellées.

 

« Bonsoir, monsieur. C’est un contrôle de police. Veuillez présenter vos pièces d’identité » ; cette phrase, nombreux sont les « Ouagalais » à l’avoir entendue dans la nuit du 7 au 8 septembre dernier. En effet, la Police nationale a effectué une opération de contrôle dans la ville de Ouagadougou, en compagnie d’Hommes de médias. Ces derniers se sont retrouvés à la direction générale de la Police nationale, aux environs de 19h. Une heure plus tard, le rassemblement est sonné. Aux journalistes, le commissaire Talimon Héma explique ce en quoi la mission va consister.  Il s’agira, selon ses dires, de suivre le travail des équipes de la police chargées du contrôle d’identité et des pièces d’engins dans la ville de Ouagadougou. Une vingtaine d’intersections est concernée, nous prévient-il. A 21h 06 mn, le convoi démarre. Premier arrêt, l’intersection entre le boulevard Charles De Gaulle et l’avenue du Burkina, non loin du Conseil de l’Entente. Là, plusieurs motocyclettes sont parquées au bas de la route, sous l’œil vigilant d’éléments de la police. Les propriétaires desdits engins font également le pied de grue. Ils espèrent sans doute les récupérer.  La zone est quadrillée et les usagers de la route sont contrôlés à l’image de Mamadou Traoré. Lui n’est pas en infraction. Il peut poursuivre son chemin en toute tranquillité. Il a sa Carte nationale d’identité  burkinabè (CNIB) et la carte grise de la moto qu’il a enfourchée. Sourire aux lèvres, il dit apprécier l’action de la police et se sentir plus en sécurité.

 

« Ils font leur travail »

 

Pendant qu’il se prête volontiers à nos questions, 2 jeunes hommes sont interpellés, des commerçants, à les en croire. A la police, ils expliquent n’avoir ni la CNIB ni les pièces de la moto. On leur signifie l’infraction commise et leur moto est embarquée. En vain, ils essaient de se justifier, de négocier. Pas moyen de leur soutirer un mot. Ils sont aigres, tout comme Amidou Derra. Remonté, il comprend difficilement d’être contrôlé à cette heure. Pour sa part, Awa Diallo dont la moto a été saisie, est résignée. Elle salue l’action des Forces de l’ordre, même si elle est amère. « Ils font leur travail », dit-elle avec amertume. Idem pour Zalem Ramdé qui est également en infraction. Aimable et coopératif, il reconnaît son tort. On lui explique qu’il pourra entrer en possession de son engin le lendemain, après avoir « réparé » l’infraction commise. « Il n’y a pas de problème », répond-il, presqu’avec le sourire. « J’ai demandé la moto d’une connaissance. D’habitude, la carte grise est sous la selle. Malheureusement aujourd’hui, ce n’est pas le cas et c’est dommage. J’habite à Pissy, à l’autre bout de la ville et je n’ai même pas de crédit de téléphone pour appeler », dit-il.

 

Pourquoi vous nous filmez ?

 

Les abandonnant à leur sort, le convoi prend la direction du rond-point des Nations unies. Les Forces de l’ordre y sont stationnées. Dans les mailles de leurs filets, plusieurs usagers de la route sont tombés, aussi bien pour défaut de papiers d’identité que pour manque de pièces de leurs engins.

Une voiture personnelle est soumise au contrôle, de même qu’un car d’une compagnie de transport de la place. La police procède aux vérifications d’usage. Les coffres sont passés au peigne fin et les identités contrôlées. Sans papier d’identité, tu es conduit au commissariat.

« Pourquoi vous nous filmez ?», se plaint une passagère de la voiture personnelle. Revenant à de meilleurs sentiments, elle nous explique qu’elle est d’origine togolaise et qu’elle est promotrice d’une école à Bamako au Mali. C’est d’ailleurs là-bas qu’elle se rend. « Avec la situation sécuritaire de la sous-région, de telles actions sont à intensifier », confie-t-elle.

Il est 21h 44mn. Une voiture stationne. Le directeur général de la police, Lazare Tarpaga, en descend. « Comme vous, je suis venu être témoin du travail que nos hommes font sur le terrain », lance-t-il à notre endroit. Par cette action, « il s’agit de contribuer à rassurer davantage la population à travers un certain nombre d’opérations, afin que les gens comprennent que les services de sécurité veillent au grain.  Ce sont des actions qui se font de façon normale, parfois à des heures tardives », explique-t-il. Et d’ajouter que pour cette opération, plus tard dans la nuit, il s’agira de patrouiller dans la ville et dans certains quartiers périphériques. Pendant qu’il repart, un jeune couple à moto est interpellé. Il est 21h 55mn. Le conducteur, un jeune homme, fait semblant de chercher ses pièces dans ses poches, puis démarre en trombe, foulant aussi aux pieds le code de la route. On ne lui oppose aucune résistance, il file.

 

Entre autres points où le convoi s’est arrêté, on note la Place de la femme pour la paix, l’intersection devant la pédiatrie Charles De Gaulle, l’intersection entre le boulevard des Tansoaba route de Katre Yaar, intersection boulevard Charles De Gaulle et l’avenue Babanguida. Partout où nous sommes passés, le nombre d’engins saisis est impressionnant. On rebrousse chemin, direction, le commissariat central de Ouagadougou. Il est 23h 42mn.

 

Ma moto ne bouge pas

 

Là, le Commissaire central adjoint de la ville de Ouagadougou, Joseph Toni, nous explique que cette activité entre dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme et l’insécurité urbaine dans la ville de Ouagadougou. Il confie alors que pour cette opération, ce sont 250 de ses hommes qui sont mobilisés. Après avoir annoncé que nous venions ainsi d’achever la première phase de l’opération, il nous informa que nous allions repartir sur le terrain ; cette fois pour la patrouille.

En effet, peu après minuit, nous avons commencé à sillonner les artères de la ville de Ouagadougou. Le contrôle d’identité se poursuit, aussi bien sur les voies bitumées que dans les six-mètres. Après avoir longé quelques temps le canal des 1200 Logements, on rejoint l’avenue qui relie l’avenue Babanguida à la Nationale 4. Près de l’église Saint Camille, un jeune couple, à moto, est interpellé. Après contrôle, il y a un hic. Bien qu’il ait sa carte grise, sa moto n’avait pas de plaque d’immatriculation. Les policiers décident de l’embarquer, le jeune homme refuse de céder. « Ma moto ne bouge pas. Savez-vous où je vais ? Est-ce que ce sont vos noms qui sont sur les papiers des véhicules que vous conduisez ? », vocifère-t-il. Les policiers eux, restent sereins.  La fille, elle, estime qu’il est préférable qu’on l’embarque en même temps que la moto car il n’est pas question qu’elle rentre à pied. Appelé en renfort, leur ami arrive en véhicule. Heureusement, pour lui, il est en règle. Mais son intervention ne changera en rien la donne. La moto est embarquée et le convoi poursuit son chemin. Il est alors 1h 43mn.

Plus d’une fois, des couples sont séparés. La plupart du temps, c’est la fille qui est embarquée, par manque de pièce d’identité. Ce fut encore le cas au rond-point des artistes sis aux 1200 Logements. Toutes les incantations du jeune homme n’ont pas réussi à faire fléchir la police. Celle qui semble être sa dulcinée est embarquée. Là, on se demande bien comment certains vont se justifier le lendemain  chez eux, si jamais… bref. A ce niveau, plusieurs interpellations sont faites et beaucoup de filles embarquées. Il est 2h 30mn du matin. L’heure passe, et la fatigue se fait sentir. Les Hommes de médias demandent à rejoindre la base. A 2h 44mn, on est de retour. Notre mission est terminée, la leur continue. Même si le bilan de l’opération n’est pas encore connu, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont véritablement nombreux les noctambules qui se promènent sans pièce d’identité ou autres documents similaires.

 

Thierry Sami SOU

 

La police, une main de fer dans un gant de velours

 

Selon les explications du Commissaire principal Joseph Toni, toutes les motos sans plaque d’immatriculation sont conduites au commissariat pour vérification. De même, lorsqu’il n’y a pas de concordance entre la CNIB d’un usager et la carte grise de la moto qu’il roule, celle-ci est conduite au commissariat pour vérification. Dans ce cas précis, l’on peut récupérer ladite moto après vérification sans avoir à payer de l’argent. Il est également à noter que chaque infraction commise coûte 6 000 F CFA.

Par ailleurs, par 2 fois, certaines personnes non en règle, après explications, ont bénéficié de la clémence des policiers. Cela, pour des raisons essentiellement sociales.

 

T.S


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