HomeA la uneMAHAMADI KOUANDA, CANDIDAT CDP AUX ELECTIONS LEGISLATIVES : « Aujourd’hui, le mieux c’est de se pardonner »

MAHAMADI KOUANDA, CANDIDAT CDP AUX ELECTIONS LEGISLATIVES : « Aujourd’hui, le mieux c’est de se pardonner »


Il a d’abord fait ses preuves dans le milieu sportif avant d’entrer en politique. En effet, il a été coordonnateur national des supporteurs des Etalons. Il a aussi été président d’honneur de l’Union nationale des supporteurs des Etalons. Connu pour son franc-parler, Mahamadi Kouanda, candidat aux élections législatives dans la province du Kadiogo dans la région du Centre pour le compte du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), est de ceux qui pensent que l’ex-parti au pouvoir doit opérer des réformes profondes en incluant les jeunes et ceux qui sont compétents et dynamiques. Mahamadi Kouanda a été l’invité de la rédaction des Editions « Le Pays », le 2 novembre 2015. L’interview, a donc été réalisée avant la présidentielle du 29 novembre dernier.

 

Le Pays : Vos avoirs ont été gelés mais il me semble que vous avez d’énormes réserves financières pour battre campagne ; qu’en est-il ?

 

Mahamadi Kouanda : Avant de vous répondre, je tiens à remercier la direction générale des Editions « Le Pays » et tout le personnel qui abat un grand boulot pour pouvoir informer au quotidien les Burkinabè et le monde entier. Concernant votre question, je dirais que cela dépend de ce que vous appelez moyens. Dans une campagne électorale, ce qui compte le plus, ce sont les moyens humains d’abord, matériels ensuite et enfin financiers. Je pense qu’aujourd’hui, après avoir dirigé pendant 27 ans le pays, nous pouvons dire que nous avons les moyens suffisants pour battre campagne. Le capital humain est resté intact ; c’est vrai qu’il y a eu des départs de part et d’autre, mais je pense que nous avons les moyens humains qu’il faut pour la campagne. Pour le matériel aussi, je peux vous assurer que notre parti a également ce qu’il faut pour sillonner toutes les régions et battre campagne. Pour ce qui est des ressources financières, il faut rappeler que l’argent du CDP vient des dons, des cotisations des membres et des financements octroyés par l’Etat burkinabè aux partis politiques. Si nous considérons le fait que l’Etat a mis 1 200 000 000 de F CFA pour la campagne, et si nous considérons le fait que nous aurons des dons, des aides et que nos membres paieront leurs cotisations, je peux vous dire donc que nous avons les ressources financières qu’il faut pour aller à la campagne électorale qui sera bientôt lancée.

 

Voulez-vous dire que vous êtes confiants en allant à cette campagne ?

 

Oui, nous sommes confiants. Tant qu’il y aura la paix, tant que les Burkinabè demeureront tolérants.

 

On parle d’énormes réserves financières, doit-on penser qu’il y a de grosses contributions venant des membres du parti ?

 

Vous savez, les gens disent ce qu’ils veulent. En tant que membre du comité exécutif du CDP et du bureau politique constitué le 17 octobre dernier, aucune information ne peut m’échapper au sein du parti. Pour le moment, je n’ai pas connaissance qu’il y ait eu de l’argent depuis notre arrivée, le 17 octobre, au comité exécutif du CDP. Ne soyez pas pressés, comme les campagnes se lancent le 8 novembre pour la présidentielle et le 14 pour les législatives, vous saurez si nous avons des réserves financières ou pas.

 

Pourtant, nous avons entendu Achille Tapsoba dire au cours d’une interview que vous disposez de moyens pour battre campagne. Finalement, on peut dire que c’est un plan B qui est en préparation…

 

Je pense qu’il fait allusion aux moyens dont j’ai parlé un peu plus haut à savoir les moyens humains, matériels et bien sûr financiers. Je vous confie que nous avons dit à chaque candidat de donner l’exemple sur le plan financier. C’est une résolution que nous avons prise au sein du parti et tous les candidats s’y conformeront. Ce qui fait la différence entre notre parti et les autres, c’est que nous avons des candidats capables de s’autofinancer avant d’attendre la contribution de l’Etat et du parti.

 

Cela n’est pas étonnant qu’après 27 ans au pouvoir, plusieurs membres du CDP puissent délier les cordons de la bourse.

 

Oui, mais je pense qu’il y a aussi ceux qui ont fait 27 ans au CDP et qui n’ont rien à voir avec ceux qui ont fait 26 ans. Vous savez bien de qui je parle. Ces personnes ont fait 26 ans, mais peuvent prendre le Burkina Faso en charge durant 5 ans. Je voudrais que lorsque vous parlez du CDP, vous le fassiez aussi pour le MPP parce que ce sont les membres de ces deux partis qui ont dirigé ce pays pendant des années. Les responsables du MPP ont quitté le CDP en janvier 2014 et Blaise Compaoré est tombé le 31 octobre 2014. Qu’est-ce qui peut expliquer qu’en ce laps de temps, les responsables du MPP puissent avoir autant d’argent ? Cela m’écœure lorsque les gens parlent des moyens du CDP et ne font pas cas de ceux de nos “cousins” du MPP.

 

C’est connu, le CDP n’a pas de candidat à la présidentielle ; quel candidat appellerez-vous à voter ?

 

En toute sincérité, cette question est en étude et nous vous tiendrons informés le moment venu. Pour le moment, je peux vous dire qu’il y a 3 candidats qui nous ont écrit officiellement pour demander notre soutien. Souffrez que je ne vous donne pas leurs noms.

 

Une alliance avec le MPP est-elle possible ?

 

Vous savez, en politique, rien n’est impossible.

 

Voulez-vous dire que l’alliance est possible ?

 

Si alliance il y aura avec le MPP, ce ne sera pas pour les élections de 2015. Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas. Ceci est la position de Mahamadi Kouanda. Pour moi, il n’est pas question que pour les élections de 2015, nous fassions alliance avec le MPP. Comme je l’ai dit, ceci est ma position et je vais la défendre au sein du parti. Si parmi les 3 lettres des candidats dont j’ai parlé, il se trouve une du MPP, je m’opposerai catégoriquement à leur demande.

 

Parmi les candidats probables qui seront soutenus par le CDP figure Ablassé Ouédraogo ; confirmez-vous cela ?

 

Oui, je le confirme. Si Ablassé venait à nous écrire, je vous confirme qu’il pourrait faire partie de ceux que nous allons soutenir. Personnellement, je suis partant. Nous avons mis un comité en place, dirigé par Achille Tapsoba, qui n’est pas encore installé. Au moment opportun, vous saurez lequel des candidats nous allons soutenir à la présidentielle.

 

 

« Léonce Koné n’avait pas le droit de parler ainsi pour le bien non seulement de sa famille, mais aussi de celui du CDP »

 

Qu’en est-il de l’UPC ?

 

Il y a 14 candidats à la présidentielle et tous les 13 seront les bienvenus. Le 14e qui est le MPP, nous ne le voulons pas, en tout cas, me concernant.

 

Avez-vous les nouvelles de vos camarades qui ont quitté le pays ? Nous faisons allusion à Eddie Komboïgo et à Fatou Diendéré

 

Vous me posez là une très bonne question. Comme les personnes dont vous parlez ne sont pas allées en mission pour le CDP, comprenez que je ne puisse pas avoir de leurs nouvelles.

 

Ce sont vos camarades de parti tout de même ?

 

Oui, ce sont des camarades, mieux Eddie est même mon petit-frère. Fatou, c’est la femme de notre général à nous tous, malgré ce qu’il a fait. Mais, je n’ai pas leurs positions ni de leurs nouvelles.

Avez-vous été surpris par le coup d’Etat du général ?

 

Oui, j’ai été surpris et déçu en même temps. Tous ceux qui étaient proches de moi pendant les faits, connaissaient ma position. Quelle que soit la personne, ma position est que tout Burkinabè doit se démarquer des coups d’Etat.

 

Pourquoi avez-vous été déçu ?

 

J’ai été déçu parce qu’au 21e siècle, ce n’est pas admissible qu’on puisse commettre de tels actes. Je préfère une mauvaise démocratie à un régime d’exception fort. Etant de la Révolution, je sais quels sont les avantages et les inconvénients d’un coup d’Etat. Je pense que nous devons tous travailler pour que notre armée soit comme celle du Sénégal. Depuis ma naissance, je n’ai jamais entendu qu’il y a eu un coup d’Etat au Sénégal. Si cela marche au Sénégal, pourquoi pas au Burkina Faso ?

 

Vous dites que vous avez été déçu, pourtant certains ténors du CDP ont soutenu le coup d’Etat.

 

Comme qui ?

 

Léonce Koné.

 

Avez-vous la preuve qu’il a parlé au nom du CDP ?

 

Nous n’avons pas non plus la preuve qu’il n’a pas parlé au nom du CDP.

 

Léonce Koné n’avait pas le droit de parler ainsi, pour le bien non seulement de sa famille, mais aussi de celui du CDP. Il a créé la confusion au sein du parti et du peuple, puisqu’il n’a pas précisé qu’il parlait en son nom propre. A notre connaissance, il n’y a pas eu de réunion du comité exécutif du CDP pour soutenir le coup d’Etat. Nous avons posé le problème au niveau du comité exécutif et il a été décidé que désormais, personne ne doit parler ni prendre des décisions seul, au nom du parti. Je profite donc pour dire que tout ce que Léonce Koné a dit durant le coup d’Etat n’engage que lui seul et non le CDP.

 

Peu avant le coup d’Etat, le responsable de votre parti à savoir Eddie Komboïgo, avait clairement dit que sans le CDP, il n’y aurait pas d’élection. Effectivement, il n’y a pas eu élections à la date prévue ; ceci laisse croire que le CDP est pour quelque chose dans ce qui s’est passé.

 

Je vous le dis, c’est un abus de langage de la part de Eddie Komboïgo. J’ai condamné personnellement ses propos, je lui ai même dit en face qu’il va se créer des problèmes et partant créer des problèmes au parti. Je pense que ce sont des propos qui lui ont échappé.

 

Les faits parlent d’eux-mêmes. Le responsable de votre parti avait dit qu’il n’y aurait pas d’élection si le CDP ne se présente pas. Ce qui laisse croire que le CDP est pour quelque chose dans ce qui est arrivé.

 

Encore une fois, je dis que c’est un abus de langage de la part d’Eddie Komboïgo. Je mets Eddie Komboïgo et Léonce Koné dans la même catégorie.

Léonce Koné disait qu’Eddie n’était pas apte à diriger le CDP. Partagez vous cet avis ?

Non. Ce n’était pas opportun. Ce n’est pas dans une situation difficile qu’il faut critiquer publiquement un camarade.   Il aurait pu le faire avant. J’étais opposé à la candidature d’Eddie. Mon candidat était Jérôme Bougouma. Jusqu’à demain, je pense que c’est l’homme qui peut apporter un plus au CDP.

 

Mais il se trouve en prison !

 Je pense qu’il en sortira. Ce n’est pas tous ceux qui sont en prison qui sont coupables. Etre en prison ne veut pas forcément dire qu’on est coupable. Quand le juge aura fait son boulot, on saura qui est coupable.

 

 

 

« La politique, ce n’est pas la bagarre »

 

 

 

 

Moïse Nignan Traoré disait, il y a de cela un moment, qu’en dépit des manigances, le CDP reste fort. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

Là aussi, je dois dire que cela ne m’engage pas. Je peux dire que malgré l’incompréhension créée par certaines personnes mal intentionnées, le CDP demeure uni, capable de s’auto-défendre pour avoir ce qu’il mérite dans cette élection. C’est cette position que je partage. Ce que je peux dire c’est qu’il y a une incompréhension qu’on tente de créer entre nous et le peuple burkinabè. Mais nous croyons au peuple burkinabè. C’est un peuple mûr, qui sait faire la part des choses.

Le CDP dément toute implication dans le putsch manqué. Mais pourquoi certains cadres du parti ont-ils quitté le pays après le putsch ?

Comme qui ?

Comme Eddie Komboïgo !

 

Vous venez de me rappeler qu’il avait dit que sans le CDP, il n’y aurait pas d’élection. Rien que cela peut le faire fuir du pays, pour sa sécurité !

Cela ne veut-il pas dire qu’il a quelque chose à se reprocher ?

 

Dans ce cas, ce n’est pas le CDP qui est fautif, mais Eddie Komboïgo, expert comptable de son état.

 

N’est-ce donc pas une erreur d’avoir choisi Eddie Komboïgo comme président du CDP ?

 

Même si c’était une erreur, on l’assumerait. Nous aurons l’occasion de faire les observations au prochain congrès. Le linge sale se lave en famille.

 

Le CDP est signataire d’un document publié par plusieurs organes de presse.

 

J’ai aussi lu et entendu ce message. Mais si je ne me trompe pas, c’est un tract. Maintenant, à qui profite ce tract ?   Vous l’avez publié pour que les Burkinabè voient et apprécient. Je crois que vous ne l’avez pas publié pour le CDP. Sinon, même vous, on devait vous condamner. Parce que le président du CDP, Eddie Komboïgo, n’est pas au pays. (…)  Nous avons dit que désormais, celui qui accordait une interview doit le faire en son nom. Il doit avoir l’honnêteté de dire qu’il parle en son nom et non à celui du CDP. Parce que c’est la communication qui nous a créé ces problèmes. Si les gens parlent mal au nom du CDP, que voulez-vous que les Burkinabè pensent ? Ils vont réagir violemment ! Je suis avec vous et je dis ce que je pense sans insulter quelqu’un. Même si j’ai un adversaire politique, je le dis avec respect. La politique, ce n’est pas la bagarre.

Qui est, selon vous, l’homme à même de diriger le CDP aujourd’hui ?

 

Cela se saura après le congrès du parti.   Aujourd’hui, si on estime que Mahamadi Kouanda n’est pas bon, on ne peut me chasser qu’au congrès.   C’est le congrès qui nous a élus. Nous sommes 106 membres. Il y avait même un bureau permanent de 13 membres. On a estimé qu’il y a eu des insuffisances et nous avons renforcé les choses pour donner un nouveau souffle. Personne, aujourd’hui, ne doit parler au nom du CDP sans l’autorisation du CDP.

 

Comment entrevoyez-vous l’avenir du CDP après les événements de ces derniers temps ?

 

L’avenir du CDP dépendra de la confiance que le peuple burkinabè va lui donner à l’issue de ces élections. (…). Mais il faut que les Burkinabè restent intègres. Vous et moi, nous n’avons pas un autre pays où aller. Il y a eu des erreurs. Des erreurs politiques, des erreurs sociales. Aujourd’hui, le mieux c’est de se pardonner. Maintenant, ceux qui ont commis des crimes économiques ou autres, doivent répondre devant la Justice. Le CDP, que ce soit avant ou après le putsch, n’a jamais remis la justice en cause. Il y a beaucoup de jeunes dans les listes du CDP. Des jeunes cadres, ouvriers,   commerçants. Nous pensons que si Dieu protège le Burkina, dans la paix et dans la dignité et que les élections se déroulent sans heurts,   c’est le parti le mieux organisé à l’intérieur du Burkina qui va continuer à régner. Nous n’allons pas non plus donner l’occasion à ceux qui veulent tricher, de le faire. La campagne a des règles. On dit qu’il ne doit pas y avoir de posters. Si un candidat vient avec des posters, il n’est pas éligible. C’est ce que la loi dit. Il n’y a pas de super Burkinabè. On est tous égaux devant la loi.

 

Pourquoi parlez-vous de fraude déjà. Avant, c’était l’opposition qui en parlait !

 Je dis que nous souhaitons que tout le monde soit honnête et que personne ne fraude. Ce qui m’amène à dire cela, c’est ce que nous avons connu à Ouaga 2000. Il y a le problème des 5000 cartes d’électeurs. Après, on nous dit que ce sont des erreurs. Nous croyons en la Justice.

 

 

« Il y a des gens qui ont travaillé pour le Burkina sans être militaires ou encore fonctionnaires »

 

 

 

 

Etes-vous satisfait de la dissolution du RSP ?

 

Il y a deux choses pour lesquelles je n’interviens pas. Il s’agit de l’armée et de la chefferie coutumière. Certains qui sont au pouvoir aujourd’hui, l’ont appris quand ils étaient au PMK (Prytanée militaire de Kadiogo) (…) C’est un principe. L’histoire a démontré que les Yarsé viennent de loin. Nous venons du Yémen. Mon grand-père était de teint plus clair   que Mohamed. Il avait de longs cheveux. Nous sommes venus au Burkina, ancienne Haute-Volta, pour répandre l’islam et faire le commerce. Si vous regardez ma famille de façon oblique, c’est ma génération qui a commencé à travailler. D’ailleurs, moi-même, j’ai commencé comme ouvrier. Il y a des Kouanda, des Derra, ou encore des Sakandé bardés de diplômes. (…) c’est pour dire que nous avons beaucoup de chances parce que Dieu aime le Burkina. Chez nous, il n’y a pas de chef. A Yamana, ce sont trois personnes qui dirigent le village. Le plus âgé, le plus instruit et le plus riche. Comme dans notre éducation, il n’y a pas de chef, on dit toujours à l’enfant de ne pas parler de chefferie.

 

Le CDP changera-t-il de dénomination ?

 

Tout est possible mais pas avant le prochain congrès.

 

Avez-vous les nouvelles de Blaise Compaoré ?

 

Au CDP, nous n’avons pas de contact avec Blaise Compaoré. Mais l’histoire retiendra que Blaise Compaoré est l’un des pères fondateurs du CDP.

 

Le camp militaire de Pô vient d’être baptisé Camp Thomas Sankara, comment l’avez-vous accueilli ?

 

Je l’ai bien accueilli. Thomas Sankara fut le premier responsable du CNEC de Pô. Il fut également le président du CNR et président du Faso. Nous avons appris qu’il avait fait de bonnes choses pendant la guerre malheureuse qu’a connu le Burkina en 1974. J’estime qu’il faut rendre à César ce qui est à César. Mais cela n’engage que moi. La Transition a fait ce qu’elle a pu.   Tous ceux qui ont été responsables à un moment donné dans ce pays, ne doivent pas être mis dans les poubelles de l’histoire. Si nous parlons de paix et d’unité nationale, nous devons revoir nos comportements. C’est mon point de vue. Ceux qui auront la chance de diriger ce pays après le 29 novembre prochain, doivent avoir le triomphe modeste. Et que ceux qui ont eu du mérite par le passé ne soient pas mis dans les poubelles de l’histoire. Il y a des gens qui ont travaillé pour le Burkina, sans être militaires ni même fonctionnaires.

 

Faites-vous allusion à Blaise Compaoré ?

 

Pas Blaise Compaoré seulement. Blaise Compaoré et beaucoup d’autres personnes. Sankara n’est pas venu seul au pouvoir. C’était un groupe. Je parle de tous ceux ou celles qui ont apporté un plus au Burkina, à un moment donné de l’histoire. Je suis civil. Je parle de Blaise Compaoré en tant que président ; mais si on parle de Blaise Compaoré en tant que ministre, je ne le connais pas. (…)

 

Nous parlons de Blaise Compaoré en tant qu’ancien président.

 

Oui. C’est un ancien président. Mais comme il y a des dossiers pendants en justice, il faut qu’on en finisse avec ça d’abord. Je pense qu’il y a quelque chose de positif dans ce qu’il a fait.

 

Quel est, selon vous, le bilan de l’action de la Transition ?

 

Je pense que l’action de la Transition a été très difficile. Ce sont des hommes, des femmes, des militaires qui ne se connaissaient pas mais qui se retrouvent du jour au lendemain, pour gérer les affaires de l’Etat. Il faut les féliciter.   Le résultat est acceptable.   Certains d’entre eux n’étaient pas habitués à la gestion de l’Etat. Le Premier ministre, par exemple, n’a jamais été secrétaire général d’un ministère, ni ministre. Mais partout où il va, il est calme. Il est pondéré et il a le sang froid. Il fait de son mieux. Pour son âge et avec toutes ses responsabilités, il faut prier Dieu qu’il termine bien sa mission et que le Burkina ait un président élu démocratiquement. Je souhaite beaucoup de courage aux autorités de la Transition et à tous ceux qui travaillent avec elles. Je pense que le bilan est acceptable parce qu’ils (les membres de la Transition) viennent de loin.

 

Propos retranscrits par Issa SIGUIRE et Yannick SANKARA


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