HomeA la uneMAHAMADI KOUANDA, CO-FONDATEUR DU CDP

MAHAMADI KOUANDA, CO-FONDATEUR DU CDP


L’homme n’est plus à présenter au peuple burkinabè, tant il a fait la Une des journaux au temps fort de la crise qui a secoué et continue de secouer le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Mahamadi Lamine Kouanda est bien connu des Burkinabè pour son franc-parler. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le 13 mars dernier, à Ouagadougou, le co-fondateur du CDP s’est prononcé sur les directives portant sur les candidatures à la candidature du CDP à la présidentielle de 2020. Outre les sujets politiques, Mahamadi Lamine Kouanda s’est également prononcé sur le coronavirus qui frappe également le pays des Hommes intègres ainsi que sur les candidatures à la présidence de la Fédération burkinabè de football (FBF). Sur le premier sujet, l’homme politique a surpris plus d’une personne en annonçant qu’il sera candidat à la candidature du CDP à la présidentielle si ceux qui le soutiennent ne changent pas d’avis. Concernant les autres sujets qui font l’actualité, Mahamadi Kouanda a demandé aux Burkinabè de changer leur mode de vie afin de mieux faire face au coronavirus et a fustigé l’attitude de Drissa Traoré dit Saboteur qui soutenait la candidature de Sita Sangaré à un troisième mandat à la tête de la Fédération burkinabè de football (FBF). Lisez plutôt !

‘’Le Pays’’ : Comment avez-vous accueilli les directives du parti portant sur les candidatures à la candidature du CDP à la présidentielle de 2020 ?

Mahamadi Kouanda : J’ai reçu les directives du parti avec enthousiasme et fierté. Malheureusement, en les parcourant, je me suis rendu compte que ces directives n’ont pas respecté les textes fondamentaux du parti.

Avez-vous des observations particulières à faire ?

Oui. On nous a envoyé les documents et nous avons vu que deux sont signés par le fondateur du parti, Blaise Compaoré, et un autre document a été amendé par le président du parti (ndlr Eddie Komboïgo) qui a souhaité sa validation par le fondateur. Et c’est là où le bât blesse. Il a été seul à amender le document sans le comité exécutif, en proposant Bernard Nabaré comme président de la Commission de sélection et les autres dont le plus jeune homme et la plus jeune femme. L’un des documents, dans l’esprit, est signé par Eddie. Il a reçu un document du fondateur qui dit qu’il faut que la personne qui va présider soit choisie de façon consensuelle, reconnue n’avoir appartenu à aucun groupe et qui a la confiance de tout le monde. Usant de son pouvoir de président, Eddie s’est permis de faire un amendement que le président d’honneur a validé. Mais certains ne croient pas que c’est le président d’honneur qui a validé le document en question parce qu’ils mettent en cause la signature.
L’amendement en question, c’est le choix du collège. Les statuts du CDP disent que c’est le comité exécutif qui fait ses directives qu’il soumet au fondateur. Mais ces directives ont été faites par Eddie seul qui les a soumises au fondateur et il a obtenu ce qu’il voulait. Parce qu’il m’est revenu qu’au Secrétariat permanent, il n’y a pas eu de réunion pour l’amendement de ces directives. Nous avons reçu un document de directives déjà signé et validé par le fondateur. Nous avons été mis devant le fait accompli et étant fatigués de la bagarre, nous l’avons accepté dans l’espoir que dans les coulisses, il allait tenir compte d’un certain nombre de facteurs. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Et on peut dire aujourd’hui qu’il a presque atteint son but : celui d’écarter tout le monde pour n’être que le seul candidat à la candidature du CDP. L’amendement d’Eddie a intégré les 45 secrétaires généraux provinciaux du parti. Il a intégré le Haut conseil alors qu’aucun membre du Comité exécutif, en dehors d’Eddie lui-même et du secrétaire à l’organisation, Sanou Aboubacar, ne connaît le nombre exact des membres du Haut conseil parce que c’est un fourre-tout. Même le secrétaire général, Blaise Sawadogo, ne connaît pas non plus leur nombre. On y découvre des gens qui ne remplissent pas les conditions mais qui sont membres dudit conseil, parce que certains ont fait huit mois au MPP. Les conditions d’admission de membres à ce Haut conseil n’ont pas été respectées. Le choix des critères n’a pas été respecté. Cela a été fait à la tête du client, sans amendement. A notre sens, cela a été fait à dessein. Le Haut conseil est une structure de concertation. Ses membres n’ont pas une position statutaire. Un secrétaire général provincial est plus légal qu’un membre du haut conseil. C’est une structure honorifique et on ne consulte ses membres que par rapport à leur expérience. Aujourd’hui, certains en ont fait une super structure à même de vouloir dominer le Comité exécutif.

De 25 millions, la caution a été ramenée à 2 millions de F CFA. Qu’en pensez-vous ?

C’est moi qui ai eu l’honneur de proposer le président Compaoré, président d’honneur à vie du parti au congrès de mai 2018, bien que certains aient écrit noir sur blanc qu’il était un homme avec une double nationalité, qu’il était un réfugié politique. J’ai combattu cette idée en le proposant président d’honneur à vie du parti avec droit de veto. Parce que tel que c’est parti, on avait tous souhaité au congrès que celui qui va briguer la présidence du parti, ne soit pas candidat à la candidature du parti à la présidentielle de 2020. Dans le document premier où il y a eu des fuites, il était question que celui qui veut être candidat à la candidature du parti, démissionne de son poste avant de prétendre à la candidature. Malheureusement, ce document ne nous est plus parvenu. On nous a dit que le document a été accepté de façon anonyme. J’ai participé aux réunions et j’ai même fait des suggestions pendant ces réunions mais je n’ai pas été à une réunion au cours de laquelle on a convenu de proposer le bureau de la sélection actuelle. Cela, c’est le président qui l’a fait. Si nous devions adopter les deux documents signés par Blaise Compaoré et mettre en doute la deuxième proposition, on allait avoir des palabres pour rien. Nous avons accepté de l’adopter en espérant que dans les coulisses, on allait pouvoir travailler avec le président actuel pour qu’il tienne compte de l’intérêt supérieur du parti et qu’une candidature consensuelle soit dégagée parce que je suis convaincu que l’intérêt du CDP, ce n’est pas la présidentielle.

« Le CDP ne peut pas remporter la présidentielle dans ces conditions de méfiance »

Le CDP ne peut pas remporter la présidentielle avec Eddie Komboïgo. Ma position n’a pas changé sur le sujet. Le CDP ne peut pas remporter la présidentielle dans ces conditions de méfiance. Eddie Komboïgo s’est fait entourer de ses ouvriers à lui, des gens acquis à sa cause et qui n’ont pas d’expérience politique. Sur vingt personnes qui l’encadrent, il y a au maximum cinq qui peuvent se défendre politiquement, économiquement et financièrement. Dans un pays comme le Burkina Faso où les gens n’ont pas de moyens, où les conditions de vie de certains sont liées au bonheur et à la volonté d’Eddie, est-ce qu’ils sont capables de dire ce qu’ils pensent ? Malheureusement, ce sont eux qui sont dominants autour d’Eddie Komboïgo. Ceux qui sont indépendants financièrement, qui ont leur liberté politique, sont fatigués de faire la bagarre y compris moi-même.  Je serai candidat à la candidature. Je n’ai pas le choix. Je suis candidat pour sauver mon parti. Je suis candidat du peuple. On dira oui, il n’est pas allé à l’école. Mais 90% des Burkinabè ne sont pas allés à l’école. Le président Lamizana que j’ai bien connu a été le meilleur président du Burkina Faso. Et si on devait apprécier le niveau d’instruction de chacun, je ne suis pas sûr que papa Lamizana est le plus instruit, de Maurice Yaméogo à Roch Kaboré. Mais personne n’a su gérer la Haute-Volta comme Lamizana. J’ai eu la chance de voir Lamizana en 1966, j’ai grandi avec lui jusqu’en 1980. C’est un homme de consensus, de dialogue, un homme de paix. Un homme qui a mis en avant l’intérêt supérieur des Burkinabè. Aujourd’hui, il y a des cadres au CDP qui ont peur. On les menace parce qu’ils veulent être candidats. Mais celui qui peut me menacer au CDP, n’est pas encore né. Personne au CDP ne peut me menacer. Donc, je me sens libre pour être candidat des opprimés, du peuple burkinabè qui souffre dans son amour propre. Je suis candidat pour tous ceux qui rêvaient de voir Kadré Désiré Ouédraogo comme candidat du CDP. Je suis candidat pour tous ceux qui rêvaient de voir Juliette Bonkoungou comme candidate du CDP. Je suis candidat pour tous ceux qui pensent que le CDP peut changer la façon de gérer le Burkina Faso. Je suis candidat pour que le CDP ait suffisamment de députés et qu’en 2025, quelqu’un de plus jeune que moi, soit président. Et si je suis candidat retenu du CDP, le parti sera prêt à toute alliance pour l’intérêt du Burkina Faso. Mon but, ce n’est pas la présidence. Le CDP est malade aujourd’hui par manque de démocratie interne. Il est vrai que Mahamadi Kouanda a eu un choc, j’ai perdu plus qu’une maman. Ce qui m’oblige à aller avec modération. Ce n’est pas parce que, socialement, on a été soutenu qu’on doit rester aveugle. Moi aussi, je passe ma vie à soutenir les autres. Depuis tout-petit, mon travail c’était d’aller aux décès dans le quartier, aller au cimetière, creuser des tombes. Et quand je suis devenu quelqu’un, depuis les années 70, je ne vais plus au cimetière pour creuser les tombes mais je donne de l’argent, de la cola et de la cigarette aux jeunes qui creusent. De 1960 à 1976, Mahamadi Kouanda est connu comme le patron d’organisation des enterrements à Kiedpalgo. Je me trouve au sein de ce peuple parce que je suis né dans ce peuple-là et je m’y sens. Cela dit, je compte sur des personnalités pour ma candidature et si d’aventure, ces dernières venaient à estimer que ma candidature n’est plus nécessaire, je larguerais les amarres. Cela n’est pas à exclure car, tout a été savamment mis en œuvre pour qu’Eddie soit candidat.

Tout porte à croire qu’on s’achemine vers des primaires au CDP. Faut-il donc s’attendre à une tempête au sein du parti ?

Nous sommes candidat à cause de l’abus d’un seul homme. Il y a un certain nombre de choses à revoir et nous allons nous référer à Dieu et au fondateur du parti pour un certain nombre de questions de fond à revoir. Je suis obligé d’être candidat parce que je sens qu’il y a des gens instruits, mais qui ont peur de se présenter. Tout le monde est au courant que c’est Valentin Ouédraogo qui était mon candidat. Les gens ont pris le parti en otage. Le climat n’est pas sain. Quand tu dis que tu es candidat, on menace de venir brûler ta maison. Si je suis candidat du CDP, si Roch venait à nous battre à la présidentielle, je le battrais à la députation. Car, on va obtenir plus de députés que lui. Cela est clair. Si je venais à gagner les primaires au CDP, notre pouvoir serait ouvert à tous les Burkinabè. Aux syndicats, aux masses laborieuses, à la société civile. S’il le faut, on ira même tendre la main au MPP puisque nous sommes prêts à partager le pouvoir. Le MPP de Roch et le CDP de Kouanda ont la même ligne politique qu’est la social – démocratie. Nous sommes tous de la gauche mais, c’est la manière de gérer qui fait la différence. Roch a été CDR à Ouagadougou sous mon contrôle. Roch m’appelait camarade président. Aujourd’hui, moi je l’appelle monsieur le président. J’ai eu l’honneur de donner son nom comme juge TPR.

« J’ai un candidat, c’est Amado Traoré »

C’est moi qui ai proposé Roch Kaboré, Pierre Compaoré et Adama Gansonré comme juges TPR. Aujourd’hui, Roch est le président de tous les Burkinabè et je pense qu’il n’a pas de problème avec le CDP. C’est en cela que relativement au problème de sécurité, il ne faut pas qu’on se flatte. Si Roch n’a pas pu assurer la sécurité du Burkina, ce n’est pas Eddie qui le fera. Roch a été ministre des Transports, ministre chargé du parlement et des institutions, ministre d’Etat à la présidence, Premier ministre puis Président de l’Assemblée nationale. Tout le monde sait qu’au temps de Blaise Compaoré, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale participaient aux grandes décisions. Or, Eddie n’a jamais été Directeur des Transports. Son titre d’expert-comptable n’engage que lui. Je me présente contre lui dans l’espoir que le CDP fera confiance au militant que je suis. Moi, je suis le produit du parti. Si je gagne les primaires, ce n’est pas la présidence qui m’intéresse. Kadré Désiré Ouédraogo et Juliette Bonkoungou étaient les deux meilleurs candidats du CDP. Mais Juliette est malade et Kadré s’est précipité pour démissionner du parti. Il ne peut plus revenir qu’après le congrès de 2021. Et tous ceux qui sont avec lui sont obligés de raser les murs aujourd’hui. Que Dieu donne la santé à Juliette Bonkoungou et à sa famille et qu’il protège le Burkina Faso.

On sait que vous êtes un fan du sport. En juin, un nouveau président de la Fédération burkinabè de football (FBF) sera élu. Avez-vous un candidat et si oui, lequel ?

Bien sûr que j’ai un candidat, c’est Amado Traoré.

Pourquoi le soutenez-vous ?

Je le soutiens pour deux raisons : la première, c’est qu’il est un produit du football voltaïque et burkinabè. Toute sa famille s’investit dans le sport. Vous avez déjà entendu parler de Traoré Issa qui était l’un des gardiens de l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) pendant de nombreuses années. C’est l’un de ses frères.  La seconde raison, c’est que je l’ai connu avec des amis comme Ouangrawa Amado qui fut président de la Fédération burkinabè de cyclisme et Ouédraogo Hamadou dit Hamade Kaya, PDG de prestige voyage. Ce sont des gens que j’ai connus il y a quarante ans et qui s’investissent dans le sport. Je dois rappeler qu’il y a cinq ans de cela, j’avais décidé de soutenir Sita Sangaré. Il fut le premier, en son temps, à venir me voir pour demander mon soutien. C’est ainsi que j’ai œuvré pour que toute l’EFO le soutienne. J’ai appris qu’il voulait rebeloter cette année pour la troisième fois. Et des gens comme Drissa Traoré dit Saboteur mobilisaient des anciens joueurs pour le soutenir. J’ai trouvé cela déplorable. Saboteur devrait savoir qu’il n’est pas n’importe qui. Il fut joueur à l’EFO avant d’aller à l’ASFA-Y et à l’armée et entraîneur national de la Haute-Volta. A ce titre, il devrait savoir qu’il ne doit pas choisir un camp. Il doit rester neutre pour l’unité nationale. Qu’il s’engage seul, est encore acceptable mais qu’il veuille entraîner avec lui des entraîneurs, des anciens joueurs pour soutenir la candidature de Sita Sangaré à un troisième mandat, c’est une maladresse. Voilà que finalement, l’Armée ne lui a pas donné son quitus pour briguer un troisième mandat. Je félicite le chef d’Etat-major général des Armées pour cette décision qui vise à préserver l’unité. Je pense qu’après deux mandats, il est bon de faire valoir ses compétences ailleurs. Même la Constitution burkinabè veut que personne n’excède deux mandats. Je pense que même Roch ne fera pas plus de deux mandats, selon l’esprit de la Constitution. Je pense qu’il a fait ce qu’il pouvait avec les moyens mis à sa disposition. Mais, je répète que l’acte de Saboteur est condamnable parce qu’il va à l’encontre de l’esprit de la Constitution.

Mais les textes de la FBF autorisent Sita Sangaré à briguer un troisième mandat !

Je le sais mais le contexte ne sied pas pour un troisième mandat. Du reste, la FBF n’est pas au-dessus de la Constitution dont l’esprit veut que personne n’aille au-delà de deux mandats.  La FBF n’ayant pas été créée ex nihilo, on ne peut que tenir compte de cette réalité.

Le Burkina vient d’enregistrer plusieurs cas de coronavirus. Quel commentaire faites-vous de la gestion de ce mal qui défraie la chronique à travers le monde ?

Quand j’écoute la radio, je constate que les citoyens ne sont pas contents du pasteur Mamadou Karambiri par qui le mal a atteint le Burkina. Mais, personnellement, je n’ai pas à le juger parce que je ne sais pas ce qui l’a poussé à aller en France. Si ce que les uns et les autres disent est vrai, à savoir qu’il était allé en France pour prier pour des malades, il faut dire que le moment a été mal choisi. Mais comme lui-même, il est un homme de Dieu, il ne peut pas soigner à la place de Dieu. Seul Allah peut guérir les malades.

« Je suis l’homme de la situation»

Ce que je vais demander aux Burkinabè, c’est de nous consacrer à la prière. Parce que cette maladie-là, ce n’est ni l’argent ni la bagarre qui peuvent la vaincre. Il faut qu’on soit sage, tolérant et propre. Il faut qu’on change notre mode de vie. Il faut qu’on accepte de ne plus se saluer en se serrant les mains. Chacun doit désormais marcher avec un sachet d’Omo (marque commerciale de lessive) dans sa poche pour se laver régulièrement les mains avant de manger, après lecture d’un document ou après avoir pris les escaliers ou l’ascenseur. Je dis Omo parce qu’il est plus hygiénique que le savon que tout le monde manipule mais aussi parce que tout le monde ne peut pas s’acheter le gel hydro-alcoolique qui coûte cher. Dans les transports en commun, il faut éviter les surcharges, faire en sorte que les gens s’asseyent de façon espacée.

« Je souhaite à Sita Sangaré une bonne compréhension et une bonne retraite»

Il faudra également qu’au niveau des hôpitaux, notamment les maternités, l’hygiène soit renforcée, que les transfusions sanguines soient plus sécurisées, etc. C’est l’hygiène et nos comportements qui permettront de venir à bout de cette maladie. Mais le plus important, c’est de croire en Dieu, que l’on soit catholique, musulman, protestant ou animiste, il faut faire des douas. Pour moi, c’est Dieu qui est en train de se fâcher contre nous. Arrêtons de nous faire du mal, arrêtons de nous mentir, volons au secours des plus démunis et Dieu nous aidera. Aujourd’hui, c’est Roch qui est surmené, mais notre chance est que la maladie ne résiste pas au soleil. Le problème aujourd’hui au Burkina, c’est que nous en avons deux. Le premier, c’est la pauvreté qui sévit dans nos couloirs et à l’intérieur du pays et les gens devraient savoir que l’Etat ne peut pas tout faire. Le second, c’est l’insécurité et si nous ne faisons pas attention à ce niveau, nous risquons d’aboutir à une guerre civile. Il faut que chaque Burkinabè soit à même de comprendre que malgré le fait que nous sommes une mosaïque, (mossé, dioula, bobo, peulh…), si un membre d’une de ces ethnies, est attaqué, c’est un Burkinabè et non une ethnie qui est agressé. Il faut aussi faire l’effort de soutenir ceux dont les parents ont été tués et ceux dont les parents sont malades. Toujours dans le sens de venir à bout de nos difficultés, il faut que chacun remue sept fois la langue avant de parler car, il y a certaines paroles qui blessent, qui énervent et qui peuvent enflammer une communauté donnée. Nous devons, surtout nous hommes publics, contrôler notre langage, avoir un comportement irréprochable. Quand vous m’avez donné l’opportunité de m’exprimer à travers cette interview, si c’était avant, je serais en train d’insulter certaines personnes mais voilà qu’au lieu de cela, je suis en train de proposer des pistes de solutions, d’apporter ma modeste contribution pour sortir le pays de la situation complexe que nous vivons. Mon parti souffre, mon parti a des leaders qui ont peur parce qu’on les a terrorisés de ne pas être candidats. Mon parti est aimé au sein de la population mais, nous militants, n’arrivons pas à nous entendre. Nous avons dit à Eddie Komboïgo que nous voulions conquérir le pouvoir à travers l’Assemblée nationale où il pourrait, en tant que président du CDP, être chef du perchoir, mais hélas. Il veut être président de la République. Or, nous sommes convaincus que même si les gens ne veulent pas de Roch, ce n’est pas pour lui qu’ils vont voter. Donc, ce sera Zéphirin qui va gagner le pouvoir ou Gilbert Noël Ouédraogo. Si vous regardez parmi les quatre plus grands partis politiques du pays, vous vous rendrez compte que si le CDP a un bon candidat, il constituera le deuxième challenger le plus sérieux. Donc, c’est dommage. Voilà pourquoi je suis candidat du peuple qui souffre au CDP.

Avez-vous autre chose à ajouter pour clore cet entretien ?

Je tiens à m’adresser aux militants du CDP de l’intérieur comme de l’extérieur qui ne peuvent pas avoir le journal, la radio et la télévision ou la communication du parti à temps, que Mahamadi Kouanda est candidat parce que beaucoup de personnalités du CDP m’ont demandé d’être candidat. Ils l’ont fait parce que je suis l’homme de la situation, qui peut empêcher l’arbitraire. Je suis l’homme qui peut aider les gens à s’entendre sur une base, car on ne peut pas aller à la présidentielle à l’aveuglette. J’ai voulu être candidat aussi parce que je pense que le pouvoir, c’est d’abord une affaire d’équipe et non celle d’un seul individu. J’ai accepté d’être candidat pas pour insulter quelqu’un, pas pour se foutre de quelqu’un non plus. Mais notre parti ne peut pas vivre aujourd’hui dans un climat où tout le monde doit se taire pour écouter la musique d’un seul individu. A l’endroit du peuple burkinabè qui souffre des affres des attaques terroristes, je lui demande l’unité. Je demande au président Roch d’aller vite à la réconciliation. Je pense qu’on peut entamer le processus de la réconciliation avant les élections et le parachever après les échéances électorales. On ne doit pas attendre que tous les votes soient terminés avant d’entamer la réconciliation car les gens peuvent perdre espoir. Or, quand un homme perd espoir, il peut devenir incontrôlable. Il y a eu des propositions consensuelles lors du dialogue politique auquel mon parti a pris part et au cours duquel il a été décidé de façon consensuelle que pour aller à la réconciliation, il faut organiser des débats régionaux et provinciaux. Vu que cela coûte cher, le président Kaboré gagnerait à faire démarrer les débats d’unité et de pardon pour que le débat national vienne après. Cela permettrait d’apaiser les cœurs, de nous unir davantage afin de mieux faire face aux terroristes qui veulent, contre vents et marées, mettre le pays sens dessus dessous. Cela permettrait également à l’ensemble des acteurs politiques d’avoir une campagne plus apaisée, plus civilisée et modérée. Même s’ils le souhaitent de tous leurs vœux, les partis politiques de l’opposition ne peuvent pas arrêter un calendrier d’une journée nationale de pardon. Seuls le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés ont le privilège de le faire. Je voudrais aussi dire au groupe de Saboteur, qu’il n’est pas tard de faire son auto- critique. Maintenant que l’armée n’autorise pas Sita Sangaré à se porter candidat, qu’est-ce qu’ils (Saboteur et son groupe) vont faire ? Je pense qu’il n’est pas bon de politiser le football. Cela dit, je souhaite à Sita Sangaré une bonne compréhension et une bonne retraite. Qu’il se consacre davantage à ses missions de directeur de Justice militaire et prodigue des conseils à ses successeurs. Car, le milieu du foot n’est plus ce qu’il était. Même les présidents d’honneur des organisations de supporters que nous sommes, ne sont plus traités comme de par le passé. Tout cela arrive parce que le ministre des Sports et des loisirs est mal entouré. Dans le milieu du foot, on assiste aujourd’hui, à des comportements de vengeance et de m’as-tu vu. Comment peut-on développer le foot avec de tels comportements? J’invite donc les responsables en charge du sport, à ouvrir l’œil et le bon. En 2018, le Burkina n’avait pas été qualifié pour la CAN. Cela parce qu’on n’a pas voulu associer tout le monde. On peut tout reprocher à Yacouba Ouédraogo dit Yac mais il a su profiter de l’intelligence de Blaise Compaoré et de bien d’autres personnalités y compris nous tous, pour unifier le monde des supporters. Grâce à l’unité qu’il a su instaurer, nous avons été vice-champions de la Coupe d’Afrique des nations en 2013 et champion des cadets au Rwanda en 2011. Sans unité, il n’y a pas de football. Nous n’avons pas de salaire à y toucher. Nous sommes juste passionnés du football, c’est la principale raison de notre motivation. C’est pourquoi, je voudrais, d’ores et déjà, conseiller à Amado Traoré que s’il venait à être élu à la tête de la fédération, d’oublier le mal qu’on lui a fait, de ne pas céder aux démons de la haine et de la vengeance, de bannir la division et le clanisme. S’il tient à réussir, il doit cultiver l’unité et se battre pour qu’on remporte la CAN et qu’on aille au mondial. Ce sera sa plus grande récompense.

Propos recueillis par Françoise DEMBELE

Mahamadi Kouanda à l’endroit de la presse

« Je voudrais remercier le journal « Le pays », sa Direction et tout son personnel pour le travail qu’ils abattent au quotidien pour l’éducation des citoyens et l’enracinement de la démocratie. Je vous dis également merci pour ce que vous m’avez apporté lors du décès de notre maman parce que ce n’est pas ma maman à moi seul. A travers vous, je remercie l’ensemble des journalistes burkinabè qui m’ont soutenu. Je remercie tous les camarades politiques, les hommes d’affaires et mes amis d’enfance. Les mots me manquent pour leur traduire ma reconnaissance. Je les salue en groupe pour ne pas oublier des noms. Je salue le fondateur du Journal « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué et le directeur de publication de l’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo. »

Propos recueillis par FD


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