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MAINTIEN DES SANCTIONS DE LA CEDEAO CONTRE LE MALI


Entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la junte militaire qui a déposé le président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le 18 août dernier, au Mali, l’heure semble au « je t’aime moi non plus », par rapport à la Transition. En effet, réunis en sommet ordinaire, le cinquante-septième du genre, à Niamey, au Niger, le 7 septembre dernier, les têtes couronnées de l’institution sous-régionale, qui devaient se pencher, entre autres, sur la situation économique, politique et sécuritaire sous- régionale,  ne se sont pas montrées, concernant le dossier malien aussi à l’ordre du jour, disposés à desserrer l’étau des sanctions autour des putschistes de Bamako, malgré les gestes de bonne volonté que ces derniers ont su montrer jusque-là. Au nombre de ces gestes, l’évacuation sanitaire du président déchu autorisé à aller se soigner à l’extérieur du pays, plus précisément aux Emirats arabes unis, mais aussi l’ouverture de larges concertations nationales dont le premier round a eu lieu le week-end dernier dans la capitale malienne, en attendant un autre prévu cette fin de semaine pour aller un peu plus en profondeur dans les discussions devant dessiner plus nettement les contours de la transition à mettre en place.

 

La CEDEAO ne lâche pas prise au Mali

 

Ces concertations regroupent l’ensemble des acteurs de la vie politique, à l’exception de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui a choisi de rester en marge pour des raisons personnelles.   Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CEDEAO ne lâche pas prise au Mali où la situation sociopolitique reste toujours l’une des préoccupations majeures du moment. Et au sommet de Niamey, non seulement elle a maintenu les sanctions contre les putschistes, mais aussi elle est allée plus loin en leur donnant un ultimatum jusqu’au 15 septembre, pour passer la main aux civils. Autant dire que la junte militaire est désormais dos au mur. Elle qui semblait vouloir se donner du temps dans la mise en place de la transition. Tout porte donc à croire que la stratégie de la CEDEAO est de maintenir la pression, et de continuer à observer.  Mais si les gestes de bonne volonté de la junte militaire et le changement de ton de la CEDEAO devenu entre temps plus conciliant, après les premières heures de crispation suite au renversement du président IBK, pouvaient laisser espérer un échange de bons procédés avec l’institution sous–régionale en termes d’allègement des sanctions, cette fermeté des chefs d’Etat de la CEDEAO ne manquera certainement pas de surprendre du côté de Bamako. Mais à y regarder de près, cela n’est guère surprenant. Car, trois semaines après leur prise du pouvoir et leurs premières déclarations, les militaires maliens peinent encore à traduire  en actes, leur volonté annoncée de ne pas confisquer le pouvoir. C’est pourquoi, ces petits gestes de bonne volonté de Assimi Goïta et ses camarades d’une part, et la fermeté affichée de la CEDEAO qui rechigne à des allègements de sanctions, même à doses homéopathiques, apparaissent comme un test de confiance, particulièrement de la part de l’institution sous-régionale qui semble vouloir  jauger la bonne foi des militaires maliens avant de se décider à leur donner ou pas son onction.

 

Niamey n’est qu’une étape dans ce qui apparaît comme une partie d’échecs  entre la junte au Mali et l’institution sous-régionale

 

 

C’est dire si le fond du problème demeure, à savoir, l’exigence, par la CEDEAO, de la mise en place, le plus rapidement possible,  d’une transition civile d’une durée maximale d’un an, au moment où, même sans le dire, la junte ne semble pas disposée à jouer les spectateurs durant cette période transitoire post-IBK. C’est dire si c’est un jeu du chat et de la souris qui risque de montrer très rapidement ses limites, si les contours de la transition au Mali devaient tarder à se dessiner clairement. Car, tout porte à croire que c’est sur le terrain de la durée de la transition et des principaux acteurs devant la conduire,  que la CEDEAO attend de pied ferme les putschistes de Bamako pour décider de la conduite à tenir dans le sens d’une levée totale de l’embargo ou d’un durcissement des sanctions visant à les faire plier. En tout cas, à la lumière du discours inaugural de son président en exercice, Mahamadou Issoufou du Niger, l’on est porté à croire que le rétablissement rapide des institutions de la République, reste l’aîné des soucis de la CEDEAO dans le dossier malien. C’est dire si Niamey n’est qu’une étape dans ce qui apparaît comme une partie d’échecs  entre la junte au Mali et l’institution sous-régionale visiblement décidée à se faire respecter. Autant dire que  les tombeurs de IBK doivent montrer bien plus que ces premiers signes de bonne volonté, s’ils veulent avoir la confiance de l’institution sous-régionale. C’est pourquoi les concertations nationales à venir en fin de semaine entre acteurs maliens et censées poser les jalons des contours de la transition à travers, entre autres, la définition de ses organes, sa durée, la répartition des postes entre ses acteurs, revêtent, d’ores et déjà, une importance capitale. En tout état de cause, en renvoyant la balle à la junte en lui demandant « d’aider la CEDEAO à aider le Mali », l’institution sous-régionale semble vouloir mettre une couche de pression sans y paraître, en lui faisant porter en filigrane la responsabilité des sanctions qui pèsent sur le pays. Que va faire maintenant la junte ? On attend de voir.

 

 « Le Pays »

 

 


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