HomeA la uneMANIF DU COLLECTIF DES VICTIMES DE LA CRISE POST-ELECTORALE EN RCI

MANIF DU COLLECTIF DES VICTIMES DE LA CRISE POST-ELECTORALE EN RCI


Le 10 mai 2021, était jour de rassemblement pour les membres du collectif des victimes des violences liées à la crise post-électorale de 2011, dont le bilan officiel établi par l’ONU fait état de 3000 morts. Avec pour lieu de convergence le Palais de Justice d’Abidjan, leur mouvement visait à exiger des autorités, l’arrestation de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à leur descente d’avion en Côte d’Ivoire où ils sont sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison ferme, prononcée par la Justice ivoirienne, dans le cadre du procès du casse de la BCEAO.  Un son de cloche dissonant  en pleines tractations de mise en orbite du processus de réconciliation nationale, qui intervient au moment où le retour au bercail des deux ex-pensionnaires de la prison de La Haye, semble se préciser,  après leur acquittement définitif à la Cour pénale internationale (CPI). Mais Issiaka Diaby, le président du Collectif, et ses camarades, n’entendent pas voir les deux ex-prévenus de la CPI qui ont réussi à s’extirper des fourches caudines de la Justice internationale, bénéficier par-dessus tout d’une grâce ou d’une amnistie à leur retour au pays natal.

 

Beaucoup d’interrogations subsistent encore quant aux modalités pratiques du retour de ces deux personnalités

 

 

 

Surtout que le cuisinier en chef, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO), qui a mis un point d’honneur à proposer la réconciliation nationale au menu de son troisième mandat querellé, semble déjà dresser ses fourneaux pour faire mijoter le veau gras que partisans et certains ex-adversaires politiques du Woody s’apprêtent à tuer, à l’occasion de ce retour qui ressemble à celui de l’enfant prodigue.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces membres du Collectif des victimes de la crise post-électorale ne voient pas d’un bon œil le retour annoncé en grande pompe, de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, sur les bords de la lagune Ebrié. C’est pourquoi l’on se demande si toute cette agitation n’est pas une façon de mettre du sable dans l’attiéké de l’ex-président et son agitateur de ministre de la Jeunesse d’alors. La question est d’autant plus fondée que dans le scénario ivoirien, beaucoup d’interrogations subsistent encore quant aux modalités pratiques du retour de ces deux personnalités politiques et surtout au sort qui leur sera réservé.  Si l’esprit de la réconciliation nationale veut qu’ils puissent peut-être rentrer dans leur pays sans être inquiétés, ce qui serait certainement un signal fort pour la suite du processus, il reste que la lettre du jugement porté contre eux dans leur pays, a aussi besoin, selon les contestataires, d’être respectée dans un Etat qui se veut de droit. C’est dire si en la matière, les avis sont partagés entre les tenants indécrottables du tryptique vérité-justice-réconciliation, qui ne veulent en aucune manière brûler les étapes, et ceux qui ne demandent qu’à être absouts de leurs péchés, au nom de la réconciliation nationale. Dans ces conditions, il n’est pas difficile de comprendre la position de ceux, parmi les parents des victimes, qui ne veulent pas être au bout du compte, les dindons de la farce.

 

La réconciliation nationale a encore du chemin à parcourir en Côte d’Ivoire

 

Surtout que la Justice internationale sur laquelle ils étaient nombreux à fonder beaucoup d’espoirs, a fini par blanchir ceux-là mêmes qui passaient, à leurs yeux, pour les principaux coupables. C’est à se demander si malgré leur acquittement par la CPI, Laurent Gbgabo et Charles Blé Goudé ne sont pas toujours coupables aux yeux de certains de leurs compatriotes. De là à verser dans toutes sortes d’amalgames judiciaires pour les voir croupir en prison dans leur pays, il y a un pas que certains semblent prêts à franchir allègrement. A moins que tout ce ramdam ne procède de ces micmacs et autres coups tordus dont les politiciens ont le secret, pour tenir en laisse  leurs adversaires. Dans cet ordre d’idée, certains continueront de se demander si ces manifestants agissent de leur propre et unique chef ou  s’ils ont été instrumentalisés. Car, en d’autres temps, c’est une posture des membres du Collectif des victimes, qui ne devrait pas déplaire à certains faucons du régime en place.  Ne serait-ce que pour voir  cette épée de Damoclès continuer à planer sur la tête d’adversaires politiques aussi imprévisibles que combattifs.  C’est dire si la réconciliation nationale a encore du chemin à parcourir en Côte d’Ivoire. Mais tôt ou tard, il va falloir que les Ivoiriens y mettent du cœur  de façon franche et sincère, s’ils veulent se donner des chances de rebondir comme d’autres nations, à l’image du Rwanda ou de l’Afrique du Sud, qui ont su le faire au sortir d’une profonde déchirure sociale. Et plus tôt ils le feront, mieux cela vaudra.

 

« Le Pays »

 


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