MANIFS VIOLENTES CONTRE CHARLIE HEBDO : Chacun doit savoir prendre ses responsabilités
L’onde de choc créée par la publication d’une nouvelle caricature du prophète Mahomet dans le journal français, Charlie Hebdo, n’en finit pas de secouer le monde entier. En effet, alors que le débat sur la liberté de la presse occupait toujours les devants de l’actualité, l’hebdomadaire satirique français n’a pas hésité à jeter de nouveau de l’huile sur le feu, en publiant dès la semaine d’après, une nouvelle caricature du prophète. Face à ce qui ressemble à une nouvelle provocation à l’endroit des partisans du prophète, le monde musulman a de nouveau réagi par des manifestations diverses. Si, dans certains pays, ces manifestations n’ont pas connu de débordements, cela est loin d’être le cas dans d’autres, notamment au Niger où des musulmans ont exprimé leur désapprobation des caricatures du journal français, en tuant plusieurs chrétiens, en saccageant et en brûlant des églises. Face à cette spirale de violence qui est en train d’affecter irrésistiblement le monde entier, il faut que les uns et les autres sachent raison garder et adopter des comportements qui ne mettent pas davantage en péril la paix dans le monde. Il convient que les uns et les autres sachent tirer les enseignements de la situation actuelle et que les extrémistes de tous bords prennent sur eux la responsabilité de ne pas être ceux par qui l’horreur et la désolation prendront pied dans le monde. En effet, si les caricaturistes de Charlie Hebdo ont péché en publiant des caricatures du prophète, les islamistes, de leur côté, n’ont pas fait mieux ou ont même fait pire, en massacrant des enfants de Dieu pour défendre l’honneur du prophète de Dieu.
Quel est l’intérêt d’une liberté d’expression si son application peut conduire à la mort de plusieurs personnes ?
Les chrétiens massacrés au Niger, par exemple, n’ont aucune relation avec le journal français qui a publié les caricatures du prophète. Tout comme ces musulmans sincères qui pratiquent leur foi en toute loyauté et dans la crainte de Dieu que le prophète leur a enseignée, ne comprennent pas pourquoi un journaliste s’arroge le droit de les provoquer au nom d’une liberté d’expression qui, du reste, n’a aucun répondant dans leur culture. Il ne faut pas chercher à choquer l’autre dans ce qu’il a de plus cher, c’est-à-dire sa religion. Quel est l’intérêt d’une liberté d’expression si son application peut conduire à la mort de plusieurs personnes ? N’es- ce pas plutôt raisonnable que l’Occident, sans entraver la liberté d’expression, recadre néanmoins la façon d’exprimer cette liberté, pour éviter de choquer ceux qui ne partagent pas la même culture qu’elle sur la liberté ? A quoi sert une liberté qui apporte frustrations et indignation chez d’autres personnes avec qui on devrait vivre en bonne intelligence ? Les journalistes doivent travailler pour un monde plus tranquille, plus sociable et dans lequel chaque individu, quelle que soit sa croyance (ou sa non- croyance) a toute sa place. La liberté de la presse est celle qui contribue à consolider la paix dans le monde et non à la mettre en danger. C’est pourquoi ceux qui abusent de cette liberté d’expression au point de choquer la foi de leurs contemporains, sont tout aussi condamnables que ceux qui se servent de la religion pour exprimer leur haine et surtout le rejet de l’autre dans sa différence.
Quand nous tuons des enfants que Dieu a créés avec amour, pour défendre l’honneur de ce même Dieu, nous devons nous dire que Dieu qui a aussi créé le mécréant est certainement plus fort que nous et pourrait donc le tuer plus vite et plus facilement que nous. Et pourtant, il lui laisse la vie sauve. Belle leçon de tolérance que nous donne le Tout-Puissant et que les prophètes nous ont enseignée et dont chaque croyant devrait s’inspirer.
Cela dit, autant la laïcité de l’Etat doit être respectée, car c’est au nom d’elle que toutes les religions peuvent se pratiquer dans ce pays, autant cette laïcité doit avoir des bornes pour le respect du caractère sacré de tout ce qui relève de la religion.
En attendant, l’Afrique particulièrement doit éviter de se laisser entraîner dans ce tourbillon de violence car il pourrait mettre à rude épreuve la cohésion sociale qui a toujours existé dans la plupart des pays africains. Si au sous-développement, à l’ethnicisme et au régionalisme qui mettent déjà à mal notre volonté de construire pour nos enfants un monde de paix et de tolérance, doivent désormais se greffer les tourments de l’intolérance et de la violence religieuse, il y a fort à parier que dans un siècle, certains pays sous-développés en seront encore à tendre la sébile à ceux qui se moquent de Dieu.
Dieudonné MAKIENI