HomeA la uneMASSACRE DE CIVILS A SEYTENGA  : Où va le Burkina ?

MASSACRE DE CIVILS A SEYTENGA  : Où va le Burkina ?


Encore une fois, une actualité en chasse dramatiquement une autre au pays des Hommes intègres, et ça s’est passé, cette fois-ci, dans une même localité, à Seytenga précisément, où des individus sans foi ni loi ont massacré méthodiquement et avec une barbarie à nulle autre pareille, des populations civiles abandonnées à elles-mêmes, après le départ des Forces de défense et de sécurité (FDS) suite à une précédente attaque perpétrée par les mêmes terroristes le 9 juin dernier. Le bilan macabre officiel provisoire est passé de 55 à 79 personnes tuées. A Seytenga, le Burkina Faso aurait, en effet, enregistré l’un des épisodes le plus sanglant dans cette interminable série noire lancée depuis 2015, et l’horreur commise dans cette bourgade distante de seulement quarante kilomètres de la capitale régionale et maintes fois visée par les forces du mal, vient clore une semaine particulièrement éprouvante pour les FDS, qui ont fait face à de nombreuses attaques simultanées perpétrées à des endroits éloignés les uns des autres. Où va le Burkina, est-on tenté de s’interroger ? En effet,  Nagré dans le Gourma en début de semaine, Noaka et Ouanobian dans le Centre-Nord, Barani dans la Kossi, les mines d’or de Karma dans le Yatenga et de Boungou en pays gourmantché pour ne citer que ces cibles, ont fait l’objet d’attaques terroristes fort heureusement repoussées.

 

 

Les défis sécuritaires sont énormes pour l’Etat

 

 

Mais il n’en reste pas moins vrai que les velléités annexionnistes des nullissimes chefs terroristes sont préoccupantes, puisqu’elles concernent désormais l’un des secteurs névralgiques de l’économie nationale, les mines industrielles en l’occurrence.  Le constat est cinglant et la panique bien palpable. Plusieurs mines industrielles sont aujourd’hui dans le viseur des groupes armés qui ont déjà fait des centaines de sites actifs de production artisanale d’or, leur chasse gardée. Il appartient donc à l’Etat de limiter la casse autant que possible en aidant davantage à la sécurisation de ce secteur vital qui génère des milliers d’emplois directs et indirects, sans oublier les milliards de francs CFA collectés par le biais des  redevances nettes de fonderie et des recettes fiscales et de service entre autres. Après la fermeture des sites de Youga, Taparko et récemment de Karma, c’est véritablement un coup dur pour l’économie burkinabè, déjà sinistrée par la flambée des prix dans un large éventail de produits de consommation de base. L’attaque survenue la semaine dernière à Karma va davantage assombrir les perspectives de croissance et asphyxier financièrement le Burkina avec la fermeture même temporaire du site, et c’est apparemment l’objectif recherché par les terroristes qui pourraient malheureusement compter sur la complicité passive de populations locales et d’orpailleurs ulcérés de voir l’Etat faire la part belle aux investisseurs étrangers. Il n’y a pas que les groupes armés, en effet, qui menacent la production industrielle de l’or dans notre pays. Il y a aussi et surtout les révoltes souvent suivies de casses et de pillages systématiques des installations, organisées par des populations riveraines pour réclamer leur part du gâteau. Houndé Gold en a récemment fait les frais, Bissagold s’y est habitué et même Karma qui fait actuellement l’actualité, avait été saccagé quelques années plus tôt, par des manifestants en furie qui exigeaient la sanctuarisation de leurs lieux sacrés que sont la mythique mosquée du village et le cimetière. Les défis sécuritaires sont donc énormes pour l’Etat qui, malgré la création de  l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) qui a pour mission d’assurer la sécurité et de contribuer à l’amélioration des conditions sécuritaires d’exploitation, peine à prévenir et à contenir les attaques qui deviennent de plus en plus récurrentes et multiformes. Pour ne pas laisser mourir la poule aux œufs d’or, il va falloir faire appel aux sociétés de sécurité privées qui ont de l’expérience dans le domaine, mais compter également sur les oreilles compatissantes des populations impactées par les opérations minières afin qu’elles n’en rajoutent pas en ces temps de crise sans précédent où  la survie même du Burkina en tant qu’Etat viable, est plus que jamais menacée. C’est en prenant collectivement conscience que dans le contexte actuel où la croissance économique du pays marque le pas à cause de plusieurs facteurs, abandonner aux terroristes et autres professionnels du crime organisé, les sites d’exploitation minière qui permettent à l’Etat, à travers ses régies financières, de recouvrer annuellement une manne conséquente d’une centaine de milliards de nos francs, entrainerait un risque de stagflation et à court terme, l’effondrement économique du pays avec tous les dégâts collatéraux imaginables.

 

Hamadou GADIAGA

 

 


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