MAUVAISE EXECUTION DES MARCHES PUBLICS AU BURKINA Les responsabilités sont partagées
C’est une décision forte que vient de prendre le ministère des Infrastructures. En effet, il vient de mettre sur la touche, les entreprises qui étaient chargées des travaux de bitumage des voiries à Yagma et à Nagrin à Ouagadougou, en résiliant leurs contrats respectifs. Selon le Directeur général des Infrastructures, il est reproché aux structures concernées, leur «lenteur» et leur «inefficacité» dans l’exécution des marchés qui leur ont été confiés. Dans la foulée, il a assuré que ces travaux seraient réattribués à des entreprises plus «performantes» et plus «professionnelles». Cette décision, faut-il le relever, n’est pas une première au sein de ce ministère qui, au cours de l’année écoulée, avait déjà résilié les contrats de 21 marchés pour insuffisance de résultats. Dans un passé récent, les mêmes décisions avaient été également prises dans bien d’autres secteurs pour quasiment les mêmes raisons.
Il faut donc se résoudre à la réalité. Et elle est bien triste : au Burkina, beaucoup d’entreprises font montre de contreperformances dans l’exécution des marchés publics, même s’il faut reconnaître qu’il existe quelques bons élèves qui se démarquent pour faire honneur à la classe. Mais ce phénomène a pignon sur rue si fait qu’on ne peut s’empêcher de se poser des questions : quelles sont les conditions d’attribution desdits marchés? Les entreprises choisies ont-elles toujours l’expertise requise pour faire efficacement le travail? L’Etat qui attribue les marchés aux entreprises, réunit-il suffisamment les conditions pour permettre une bonne exécution des travaux ?
Le secteur des marchés publics est hautement stratégique pour le développement d’une nation
Sans chercher à condamner ou à absoudre à bons comptes qui que ce soit, ce sont des questions fondamentales qu’il convient de se poser face au désastre qui est souvent donné à voir dans l’exécution des marchés publics.
Le domaine des marchés publics, on le sait, est un milieu où circulent de gros sous. Et malheureusement, certains y voient une aubaine pour se remplir les poches, sans se soucier de la bonne tenue des travaux. Les intérêts personnels et très égoïstes primant ainsi sur l’intérêt général, les travaux s’en trouvent impactés. Soit ils connaissent un retard par rapport aux délais impartis. Soit ils sont tout simplement bâclés. C’est un fait. A preuve, dans ce pays, on a même entendu parler ‘’d’infrastructures biodégradables’’ ; tant des réalisations ont été impitoyablement balayées par Dame nature, du fait du vent et de la pluie. Voyez-vous? Le secteur des marchés publics est si hautement stratégique pour le développement d’une nation, qu’on ne saurait tolérer un certain nombre de pratiques peu orthodoxes.
Cela dit, en ne se faisant pas prier pour renvoyer les entreprises jugées inefficaces et peu professionnelles dans l’exécution des marchés publics, l’Etat est, sans doute, dans son bon rôle. Et il fait bien de l’assumer pleinement. Et de par cette réaction, il exprime sa volonté de voir se réaliser des infrastructures de bonne qualité livrées dans de meilleurs délais. Dans cette même dynamique, les autorités se doivent d’ouvrir l’œil et surtout le bon pour veiller à la bonne exécution des marchés publics. Toute chose qui implique nécessairement de réunir les conditions idoines, pour accompagner conséquemment les entreprises concernées. Car, faut-il le reconnaître, certaines entreprises sont parfois à la peine ; l’Etat n’arrivant même pas à leur payer des frais d’avance. Si fait qu’elles se débrouillent seules avec le peu d’argent dont elles disposent pour exécuter les travaux qui leur ont été confiés. Difficile, dans ces conditions, de leur demander d’être à la hauteur des attentes des uns et des autres.
Sidzabda