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MEDIAS : « Le Pays » a 25 ans


3 octobre 1991 – 3 octobre 2016. Un quart de siècle déjà ! Vingt-cinq ans en effet que les Editions « Le Pays » garde intacte et conserve jalousement sa place dans le firmament médiatique burkinabè.  Pour le contrat de fidélité qui nous lie à vous, chers lecteurs, un toast pour nos… noces d’argent ! Un quart de siècle écoulé sous les ponts de l’Eternité ! C’est à la fois peu et beaucoup. Peu, car, que valent en effet vingt-cinq infimes années face à l’immensité du temps ?

Beaucoup parce qu’en vingt-cinq années, de l’arbre qui arbore aujourd’hui ses pétales et fruits, on peut relativement tirer une légitime fierté. Qui plus est, nous avons la faiblesse de penser qu’il a profondément enfoui ses robustes racines dans le terreau de la maturité. Sur cette lancée, on  peut relever que le quotidien « Le Pays » a  fait des petits durant ces vingt-cinq ans. De ses entrailles ont vagi, en effet, trois autres produits : le magasine culturel « Evasion », le mensuel « Votre Santé » et  la station de Radio « Wend-Panga » dont le siège est basé à Ouahigouya au Nord du Burkina et qui émet sur un rayon de 100 km, arrosant ainsi une partie du Mali. Tout cela confère ainsi aujourd’hui à l’entreprise, le statut de groupe de presse.

Durant tous ces printemps, pas un seul rendez-vous avec nos lecteurs, n’a été manqué. Faisons litière de tout ce que cela peut représenter, pour les Editions « Le Pays », en termes de combat acharné et d’engagement de tous les jours, à l’effet d’obtenir votre satisfaction. Si la note de la copie rendue pour votre appréciation, est globalement satisfaisante, c’est tant mieux. Car, après tout, votre satisfaction est notre  ultime objectif. Mais sans doute à côté des lumières, y a-t-il aussi des ombres ; il y a certainement des insuffisances. Mais nous avons la foi du charbonnier : le meilleur est à venir. Non seulement pour les Editions « Le Pays », mais aussi pour l’ensemble de la corporation pour laquelle nous avons une pensée confraternelle en ce jour anniversaire.

 

Cette date anniversaire nous donne l’occasion de vous annoncer un réajustement du prix facial du quotidien.  Pour compter du 7 octobre prochain, « Le Pays » sera vendu à 300 F CFA. Les différents tarifs des autres prestations connaîtront également une hausse. Tous ces réajustements ne sont guidés que par la contrainte que nous impose le renchérissement du coût des facteurs de production.

 

Cela dit, intéressons-nous à ce petit bout de Terre gorgé de soleil et à la réputation surannée de «Pays des Hommes intègres ». Comment va le Burkina post-commotions et le Faso post-élections ? Presque vingt-quatre lunes après l’insurrection de fin octobre 2014 et un peu plus d’une année après l’insensé putsch manqué de septembre 2015 qui donnèrent ensuite lieu à tous les espoirs suscités par les élections couplées du 29 novembre 2015, l’on peut croire que le Burkina s’est, depuis lors, inscrit dans une trajectoire globalement vertueuse. En somme, il semble plus ou moins entré dans une nouvelle ère. Certes, à bien des égards et avec le recul, on peut émettre des réserves sur le slogan : «plus rien ne sera comme avant». Mais, force est de constater qu’il y a eu un avant et un après 30 et 31 octobre 2014. Il faut croire qu’à ce jour, le curseur de la gouvernance a plus ou moins bougé dans le bon sens, sur l’échelle de la vertu. En tout cas, aujourd’hui, on réfléchit par plus de deux fois avant de plonger ses mains dans le cambouis de la magouille et autres formes de délinquance financière, face à une République qui reprend peu à peu ses droits.  C’est tant mieux pour elle, et tant mieux pour le Burkina si la morale reprend de plus en plus de couleurs.  C’est une exigence absolue.

 

Toutefois, le pouvoir actuel a intérêt à faire très attention. Il devrait se montrer très proactif et visionnaire. En tout état de cause, il gagnerait à éviter de donner aux Burkinabè, l’amer sentiment que la peste a fait place au choléra et qu’ils ont lâché la proie pour l’ombre. Neuf mois de gestion du pouvoir d’Etat, cela peut paraître peu, mais c’est bien suffisant pour envoyer des signaux forts dans le sens de la rupture avec le passé. Comparaison n’est pas raison, mais il est difficile de résister à la tentation de faire observer que la Transition n’aura pas eu plus de temps pour tracer de nouveaux sillons pour l’avenir du Burkina, notamment dans les domaines législatif et règlementaire. Il appartient à l’équipe de Roch Marc Christian Kaboré, d’assumer cet héritage en lui donnant toute sa chair. Or, en la matière, le pouvoir actuel semble par moments faire du surplace et c’est peu dire.  Blaise Compaoré n’est plus là, mais son système est bien omniprésent à travers les réflexes, les comportements et les actes du citoyen burkinabè et de ses dirigeants.

 

Les attentes les plus pressantes du Burkinabè lambda, sont aujourd’hui ailleurs, lui qui n’a de cesse de scruter régulièrement l’horizon, dans l’espoir que les autorités actuelles parviendront à lui trouver suffisamment de grain pour lui-même et de foin pour faire paître ses vaches qui n’en peuvent plus de rester désespérément maigrichonnes.  Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, semble mesurer l’ampleur de la situation, lui qui dit comprendre l’impatience de ses concitoyens. Gageons que les fruits tiendront la promesse des fleurs de sa profession de foi, dans un délai acceptable. Il y a va de l’intérêt de l’Exécutif.

 

Nombre d’entreprises battent déjà de l’aile du fait du laxisme de l’Etat dans le règlement des créances du privé. Et, suprême ironie du sort, la TVA sur les factures a déjà été encaissée par l’Etat qui ne semble plus faire du règlement de ces mêmes factures, sa priorité.

 

L’économie burkinabè n’est pas au mieux de sa forme, loin s’en faut.  Le diable est, depuis, logé dans les caisses de l’Etat et l’Exécutif se doit de trouver au plus vite une réponse à cette situation quasi intenable. Face à une économie constipée,  l’Exécutif  vient de prescrire ce qui paraît être le bon laxatif : les taxes. On attend de voir si le patient s’en portera mieux. En tout état de cause, rien ne saurait se construire durablement hors du socle du secteur privé, moteur vrombissant de l’économie. Or, c’est  connu, il tourne à faible régime, du fait de la récession. Et le poids de ces créances vis-à-vis de l’Etat n’est pas pour arranger sa situation. Assurément, la question de la dette intérieure devrait davantage préoccuper nos décideurs. Nombre d’entreprises battent déjà de l’aile du fait du laxisme de l’Etat dans le règlement des créances du privé. Et, suprême ironie du sort, la TVA sur les factures a déjà été encaissée par l’Etat qui ne semble plus faire du règlement de ces mêmes factures, sa priorité. Toute chose qui continue d’émasculer le privé.

 

A côté des préoccupations économiques, il y a les soucis sécuritaires depuis que le fantôme djihadiste a franchi la porte de la maison Burkina. Faut-il un ministère plein et entier dédié à la sécurité au Burkina ? L’idée mérite qu’on continue de se creuser les méninges. En tout cas, une chose est sûre : Lucifer compte toujours à sa table ces teigneux ingénieurs du mal qui continuent à prendre auprès de lui, leurs instructions. La lutte doit donc être sans relâche et sans merci et les moyens à déployer pour y parvenir, doivent être à la hauteur du péril.

 

Si Luc Adolphe Tiao a décidé audacieusement de boire la coupe amère que lui tend le destin, il faut croire que c’est un homme hors du commun

 

Par-delà tout et à tous égards, l’Exécutif gagnerait à apporter de la terre à la terre laissée  par les autorités de la Transition qui auront légué un précieux héritage qui épouse parfaitement l’esprit de l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Quant aux présumés auteurs du « golpe » raté, aujourd’hui privés de liberté, il faut souhaiter qu’un procès soit organisé dans les meilleurs délais,  de préférence d’ici à la fin de l’année 2016, afin qu’ils puissent se défendre et sortir éventuellement de leur difficile posture.  Car, c’est déjà un véritable supplice physique, psychologique et moral, que de rester longtemps dans l’attente de son jugement.

 

Pour rester dans le même sillage, il faut dire que cet anniversaire intervient dans un contexte où un confrère émérite, professionnel jusqu’au bout des ongles,   voit son étoile pâlir.  Des lambris dorés de la Primature, Luc Adolphe Tiao touche, hélas, du doigt la réalité de la Roche Tarpéienne de la Maco (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou). Ce grand journaliste qu’il a été donné à la terre burkinabè, d’enfanter, aura été le seul homme de notre profession, à être élevé à un si haut niveau de la sphère politique. A ce titre, c’est un homme extraordinaire tout entier tourné vers le bien et l’acceptable, vers l’utile et le positif. Si cet ancien chef de l’Exécutif  a décidé audacieusement de boire la coupe amère que lui tend le destin, il faut croire que c’est un homme hors du commun.

 

A présent, que dire de la marche du continent en cette année 2016 qui fut densément électorale, qui aura vu se précipiter aux urnes, des millions d’Africains décidés à faire valoir leur droit à choisir librement leurs dirigeants ?  Une fois de plus, l’Afrique de l’Ouest aura marqué son avance sur le reste du continent en général et  sur l’Afrique centrale en particulier, qui semble se complaire dans son immuable rang de « Toto » invétéré de la démocratie. Le Bénin n’aura pas dérogé à sa brillante réputation de phare de la démocratie en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Burkina Faso, le Niger auront rendu une copie sans trop de ratures, lors de leur  dernier examen sur  la démocratie, réussi plus ou moins avec brio. A mille lieues de là, en Afrique centrale, le décor est évidemment tout autre : le grand vaudeville électoral, avec hélas, bien souvent au bout du compte, l’enfer ! En effet, que dire du Burundi livré à la merci de l’autocrate sanguinaire Pierre N’kurunziza qui, une fois sa forfaiture consommée, se prend à présent à rêver de se fossiliser sur … le trône ? Que  penser du Tchad où un autre satrape, Idriss Déby Into, ne se gêne même  plus d’essuyer ses godasses sur la démocratie et le respect de la vie humaine, l’essentiel pour lui étant de demeurer à vie au sommet de l’Etat ? Quid de ces trois autres cancres de la démocratie, à savoir l’inamovible Denis Sassou NGuesso du Congo, les indéboulonnables Obiang N’Guema de la Guinée Equatoriale et Paul Biya du Cameroun, le jeune satrape de RDC, Joseph Kabila ?  Et que penser du Gabonais Ali Bongo qui semble avoir usé des moyens les plus abjects pour rester au faîte de l’Olympe gabonais ?  Le moins que l’on puisse éprouver,  pour tout Africain épris de justice et de démocratie, c’est un sentiment de honte, provoquant un haut-le-cœur incoercible, face à ces horripilants actes récurrents qui déshonorent la démocratie sur le continent. Un affreux spectacle qui, hélas, se déroule bien souvent sous le regard impassible voire complice de  l’Union africaine dont les sommets avaient été, à juste titre,  qualifiés par le souverain chérifien, Hassan II, de «conférences tam-tam ». A quand la fin de l’Afrique des présidents  boulimiques de pouvoir, littéralement prisonniers de cet instinct primaire propre au fauve grognant de colère et prêt à bondir sur toute présence alentour qui  s’aviserait de perturber son festin ?  Un égoïsme doublé d’égotisme qui les pousse, hélas, à demeurer dans leur mortifère logique qui veut que ce qui est bon pour eux, le demeure à jamais pour eux et rien que pour eux ! Ô Afrique bien aimée, sèche tes larmes !

 

Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de publication des Editions

« Le Pays »


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