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MESURES CONTRE LE COVID-19


Voilà plus de deux semaines déjà que les premières mesures en vue de freiner la propagation du Covid-19 au Burkina Faso, ont été annoncées par le gouvernement qui a progressivement serré la vis pour les adapter à l’évolution de la situation. De l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes, l’on en est aujourd’hui à la mise en quarantaine des villes où des cas d’infection par le virus ont été détectés, en passant par l’arrêt des transports de personnes et la fermeture des marchés, pour ne citer que quelques-unes de la batterie des mesures ainsi décrétées. Même si l’on n’en est pas encore au confinement selon les modèles que l’on a pu voir ailleurs, il en faut de peu. La conséquence immédiate de ces mesures est l’arrêt quasi-total de la vie économique de la Nation, avec son corollaire annoncé de maux sociaux. En effet, si les grosses entreprises et l’Administration publique continuent de fonctionner même à pas de tortue, la situation est tout autre dans le secteur informel où des millions de personnes se sont vu dépossédées de leur gagne-pain quotidien.

Il est temps que le chef de l’Etat brise le silence pour annoncer des mesures sociales

Il faut craindre que si les choses devaient rester longtemps en l’état, la grande majorité des Burkinabè ne viennent à manquer du nécessaire pour répondre aux besoins primaires de l’existence que sont manger, se vêtir et se loger. La question que l’on peut, de ce fait, se poser, est la suivante : qu’attendent les autorités pour décider de mesures pour accompagner les interdictions faites dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ?  Certes, l’on comprend que le gouvernement joue la carte de la prudence et se donne tous les moyens de bien appréhender la situation afin de prendre les mesures les plus adéquates. L’on comprend aussi que l’Exécutif burkinabè qui se bat déjà sur plusieurs fronts, notamment ceux du terrorisme et de la fronde sociale, n’a pas tous les moyens en sa possession pour agir à sa guise. Mais toutes ces préoccupations ne sauraient servir d’excuses dans une situation où le choix de plus en plus restreint de nombreuses familles burkinabè, est celui de mourir du Covid-19 ou de mourir de faim. Le gouvernement n’est d’autant pas excusable qu’il n’ignore pas que « gouverner, c’est prévoir ». Dès lors que les risques de la pandémie du coronavirus se sont avérés, il aurait dû anticiper la crise sociale en « se mouillant la barbe à la vue du feu qui ravageait celle du voisin ». Mais comme on le dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Cela dit, il est impératif que le sommet de l’Etat sorte de son immobilisme. Comme il est donné de le voir dans de nombreux pays, il est plus que jamais temps que le chef de l’Etat brise le silence pour annoncer des mesures sociales que tout le peuple attend. Même si ces mesures venaient à ne pas franchir le seuil du saupoudrage ou du symbolisme, elles auraient le mérite de donner de l’espoir à de nombreuses familles et surtout, de rapprocher les populations de leurs dirigeants. Mieux, elles sonneraient comme une véritable catharsis sociale en ce sens que de nombreux Burkinabè ne se gênent plus de dire que ce sont leurs dirigeants qui ont importé le mal pour en contaminer le bas-peuple et l’abandonner à son sort.

Chaque citoyen se doit de participer à l’effort collectif

Par ailleurs, sans forcer la main au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), si mesures il y a à annoncer, celles-ci devraient, pour être efficaces, prendre en compte et la gestion de l’immédiat et la relance de l’économie à la fin de la crise sanitaire. Pour se donner les moyens légitimes et légaux d’agir, il ne devrait pas hésiter à passer de l’état d’alerte sanitaire à l’état d’urgence sanitaire. Et c’est maintenant qu’il faut le faire car plus tard pourrait être trop tard. En effet, à trop traîner le pas, de nombreux acteurs du secteur informel pourraient se voir contraints, à leur corps défendant, de défier l’autorité de l’Etat en violant certaines mesures d’interdiction. Et l’on sait qu’en pareilles circonstances, le réflexe des décideurs est d’user de la force pour faire respecter la loi ; toute chose qui, nécessairement, entraînera résistance et riposte populaires. En d’autres termes, le risque est grand que l’on assiste à des émeutes de la faim, avec ce qu’elles comportent comme violences et menaces pour le tissu social. Ceci étant dit, à défaut de mesures audacieuses pour la relance de la vie économique de la Nation à la fin de la crise, il faut craindre de voir s’effondrer toute l’architecture socio-économique du pays avec ses risques sur la stabilité des institutions républicaines. Les grandes nations occidentales ont, en tout cas, bien pris la mesure de la situation et ont défini de grands plans de relance économique à coups de milliards de francs.  Toutefois, l’on ne doit pas tout attendre du gouvernement qui semble dépassé par les événements. En même temps que les recettes se font rares du fait du ralentissement de l’activité économique lié notamment à la fronde sociale et au terrorisme, il lui est demandé de trouver des ressources pour relancer le tissu social et parer au pire à l’avenir. Chaque citoyen se doit donc de participer à l’effort collectif de redresser le navire qui menace de couler en rationalisant non seulement ses besoins, mais aussi en répondant autant que faire se peut à l’appel à la solidarité pour venir en aide aux couches les plus défavorisées. Car, quelle que soit la volonté de l’Etat, il est illusoire de croire qu’à lui seul, il sera en mesure de prendre en charge les besoins de chaque Burkinabè affecté par la crise du Covid-19.

«  Le Pays »


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