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MEVENTE DES PRODUITS MADE IN BURKINA


Le 3 septembre dernier, se sont rencontrés à Ouagadougou, les professionnels de l’industrie burkinabè, ceux du Commerce et des acteurs gouvernementaux. L’objectif était de trouver des solutions durables à l’écoulement des produits fabriqués au Burkina, tout en respectant les différents accords signés et ratifiés par le pays. Le Premier ministre, Christophe Dabiré, qui a honoré de sa présence le lancement  de la rencontre, a mis l’accent sur les reformes structurelles entreprises par le gouvernement pour la transformation des bases de l’économie nationale.  Un des participants, le Directeur général de la SN-CITEC, Ibrahim Traoré pour ne pas le nommer, a relevé les problèmes de l’industrie burkinabè. Il s’agit du coût élevé des facteurs de production qui sont les plus élevés de la sous-région ouest-africaine, l’étroitesse du marché, la fraude et la concurrence déloyale. Ces problèmes, tout le monde les connaît. Et à chaque fois que les professionnels de l’industrie se rencontrent, ils ne manquent pas de  les ressasser. Le hic, c’est que des mesures  fortes tendant à les résoudre, ne sont jamais prises ou presque. A l’analyse, l’on peut se rendre compte que les causes de la mévente des produits made in Burkina sont plus endogènes qu’exogènes. Il y a d’abord le fait que les Burkinabè eux-mêmes  ne consomment pas suffisamment les produits qu’ils produisent. C’est un grand mal qui demande à être soigné, si tant est que nous voulons tirer notre économie vers le haut. Des pays comme la Chine sont passés par là avant d’imposer leurs produits aux autres. La révolution sankarariste avait perçu cette problématique et s’était employée à promouvoir la consommation des produits fabriqués au Burkina. C’est sous la Révolution, par exemple, que le « Faso Dan Fani »  avait connu ses lettres de noblesse. Les « Rectificateurs », par la suite, avaient mis un point d’honneur à remettre en cause cette politique et cela se  comprend puisque ce tissu était quelque part l’un des symboles du père de la révolution burkinabè.

 

Les Burkinabè doivent  d’abord s’en prendre à eux-mêmes

 

A la faveur de l’insurrection, le Burkina Faso a renoué avec le Faso Dan Fani. Et l’on constate avec bonheur que toute  la chaîne de production et de transformation de ce pagne, ne chôme pas. Si  les autres produits pouvaient bénéficier du même engouement que celui dont bénéficie ce tissu, l’on peut parier que l’on parlerait de moins en moins de mévente des produits fabriqués au Burkina. Mais l’exemple doit venir d’en haut. Il revient donc aux autorités de s’inscrire dans la logique de promotion de ces produits  en les utilisant et en incitant leurs compatriotes à en faire autant. Pour la promotion du Faso Dan Fani, il faut leur rendre hommage, car les autorités ont contribué à  le faire aimer par les Burkinabè à force de le porter. Et aujourd’hui, ce pagne est en train de s’imposer au-delà des frontières du pays. La deuxième raison endogène à la mévente des produits fabriqués au Burkina, est liée à leurs prix. Franchement, il faut reconnaître qu’ils sont prohibitifs. De ce fait, bien des Burkinabè préfèrent se tourner vers les produits importés. On peut illustrer cela en évoquant le prix du riz local. En effet, lorsque l’on compare son prix avec celui du riz importé, c’est pratiquement le jour et la nuit. On peut objecter que c’est le coût très élevé des facteurs de production qui en est à l’origine. C’est vrai, mais il revient au gouvernement de travailler à faire en sorte que les produits soient compétitifs en agissant de manière significative sur les facteurs de production.  Sous d’autres cieux, c’est cette politique qui est mise en œuvre pour permettre à l’économie  de sortir la tête  hors de l’eau. La fraude également est très souvent citée pour expliquer la mévente des produits fabriqués localement. C’est également vrai. Mais la solution est également endogène. Or, c’est le gouvernement qui doit prendre des mesures dissuasives pour réduire de manière significative ce fléau. Mais cela n’est possible qu’à condition qu’il y ait  une césure  nette entre le monde politique et le monde économique.  Et ce n’est pas demain la veille que cette exigence sera une réalité au Burkina. Car, il est établi qu’au pays des Hommes intègres, le monde politique est pratiquement inféodé au monde des affaires et vice- versa. Dans ces conditions, l’on peut parier que la fraude a de beaux jours devant elle. Et en période de campagne politique, la collusion entre les deux mondes est très flagrante.  L’un dans l’autre, les Burkinabè doivent  d’abord s’en prendre à eux-mêmes. Car, ils sont, dans bien des cas, à l’origine de la mévente des produits fabriqués au Burkina. De ce fait, il faut arrêter de chercher des boucs émissaires ailleurs.

Sidzabda  

 

 


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