HomeA la uneMISE EN EXAMEN DE NICOLAS SARKOZY :Une vaste comédie, vu du Gondwana

MISE EN EXAMEN DE NICOLAS SARKOZY :Une vaste comédie, vu du Gondwana


L’ancien chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, n’est plus protégé par l’immunité présidentielle depuis sa défaite de mai 2012. Redevenu simple justiciable, il est appelé depuis le 1er juillet dernier, à rendre compte de ses actes devant les juges de Paris. Fait sans précédent, c’est un exemple qui doit inspirer au Gondwana(1).

 

Sarkozy donne l’impression d’être serein

 

Mis en examen, notamment pour corruption active, Nicolas Sarkozy répond donc aux questions des juges du tribunal de grande instance de la capitale française. Pareil pour son avocat, Me Thierry Herzog, et Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, mis en examen dans la même journée, toujours dans le cadre de cette information judiciaire pour trafic d’influence présumé, et violation présumée du secret de l’instruction. Les partisans de l’ex-président auront fort à faire, eux qui envisageaient de l’aider à reconquérir l’ex-parti majoritaire (l’UMP). Mais Nicolas Sarkozy ne reste point indifférent. Fui et même haï par les uns, il est adulé par les autres. Face aux épreuves, certains s’effondrent vite. Sarkozy, lui, donne l’impression d’être serein en dépit du poids des dossiers pour lesquels la justice l’interpelle à intervalles réguliers. Habile manœuvrier, il ne désespère sans doute pas d’exploiter à son profit la moindre faille qui se présente à ses yeux ! Son successeur, François Hollande, a bien raison de demeurer prudent à propos de la mise en examen de Sarkozy. Il rappelle à l’occasion les principes de l’« indépendance de la Justice », et insiste sur la « présomption d’innocence ».

Sarkozy mis en examen, c’est une leçon pour la gouvernance politique et la magistrature en Afrique. En Occident en général et France en particulier, l’on peut collecter des renseignements, les traiter et même les utiliser pour nuire à certains intérêts. Confondre l’adversaire politique par exemple. Mais les institutions fonctionnent ; des normes existent, et il est convenu de les respecter. On a donc toujours à cœur de respecter la forme, et de faire preuve de rigueur professionnelle dans son secteur d’activités. Cela empêche les esprits retors de parvenir à leurs fins.

Par contre, dans nos proches et lointaines républiques du Gondwana, la situation est tout autre. Lorsqu’elle existe, l’éthique dort dans les tiroirs. L’on tend à mépriser les valeurs morales au profit de la courte échelle et du gain facile. Ainsi prospère la médiocrité et se perpétuent les injustices sociales. Par ailleurs, les faits sont loin d’être identiques. En Occident, les hommes politiques font la une de la presse à cause des affaires de mœurs, de corruption et des conflits d’intérêts. En Afrique, les faits ne sont pas toujours les mêmes, les réflexes non plus. L’Occident a ses avocats, ses lobbies ; l’Afrique, sa famille étendue, ses marabouts, ses oracles, charlatans et autres cercles influents. Ils sont habiles dans les intrigues comme dans le maniement de sommes d’argent colossales. En Occident, les magistrats lâchent difficilement le morceau. En France par exemple, chacun fait son travail, même s’il est difficile d’échapper aux tentatives d’intrusion de milieux influents. Le pouvoir qui cherche à influencer le traitement de certains dossiers se heurte toujours à un mur, et se fait même dénoncer. La justice suit son cours, accumule les preuves, et s’acquitte de sa mission dans des délais convenables.

 

En Afrique, on peut toujours échapper à la Justice, même quand on n’est plus aux affaires

 

 

Le cas Sarkozy a ceci d’intéressant qu’il nous rappelle que dans une démocratie républicaine vraie, nul n’est au-dessus de la loi. Celui qui a fait la pluie et le beau temps dans le ciel français durant son mandat (2007-2012), se retrouve aujourd’hui orphelin d’un pouvoir qui n’aura été somme toute qu’illusion. Sarkozy doit rendre compte, et c’est tant mieux ainsi ! S’il est blanchi pour ce dossier, il devra peut-être répondre à d’autres cas d’interpellation. Si en définitive, il n’est coupable de rien, il sera relâché. En attendant de faire des gains politiques s’il est élargi, Sarkozy qui a cru un moment que tout lui était permis de par ses fonctions, voit l’histoire le rattraper.

Dans la plupart des pays africains, les instruments de l’Etat sont au service de celui qui gouverne. Point de réelle séparation des pouvoirs : l’exécutif s’impose aux pouvoirs législatif et judiciaire ! Au parlement asservi, s’ajoute une justice qui, hélas, n’a pas toujours les moyens de son émancipation, si bien que le citoyen lambda qui est convaincu de son bon droit, souffre pour avoir osé défier le prince et ses sbires.

Vu du Gondwana, la mise en examen de Nicolas Sarkozy paraît donc une vaste comédie pour les princes africains. Les tenants et les aboutissants d’une telle opération échappent en effet à toute logique de dirigeant de république bananière.

Celui qui incarnait l’homme fort de France, il y a quelques années, n’est plus aujourd’hui qu’un justiciable comme les autres. Comme tout citoyen français, il lui faudra apporter la preuve de son innocence pour se tirer d’affaire. En Afrique, on peut toujours échapper à la Justice, même quand on n’est plus aux affaires. Ce qui est loin d’être le cas en Occident où la Justice, par son indépendance, s’assume jusqu’au bout. Un tel exemple, on aimerait le vivre un jour sous nos tropiques.

 

« Le Pays »


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