HomeA la uneMISE EN PLACE DES INSTITUTIONS SUR FOND DE TENSION ENTRE KABILA ET TSHISEKEDI  

MISE EN PLACE DES INSTITUTIONS SUR FOND DE TENSION ENTRE KABILA ET TSHISEKEDI  


Toutes les institutions en RDC, à l’exception de la présidence, sont désormais dans la gibecière de l’ancien président, Joseph Kabila. La derrière institution, et pas des moindres, qui est passée sous le contrôle du FCC (Front commun pour le Congo), la coalition pro-Kabila, est le Sénat. Et celui qui en est le patron est un fidèle parmi les fidèles  de l’ancien président. En effet, Alexis  Thambwe Mwamba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a accompagné Joseph Kabila pratiquement tout au long de sa dictature.  Pendant son passage au ministère de la Justice, poste qu’il vient de quitter pour occuper le perchoir du Sénat, il s’est employé, sans état d’âme, mais avec méthode, à casser de l’opposant. A cela, il faut ajouter que son nom est cité, à tort ou à raison, dans l’attentat contre un avion belge alors qu’il était un des patrons de la rébellion  congolaise basée à l’Est du pays.

 

Tshisékédi est obligé de boire la coupe de l’humiliation jusqu’à la lie

 

C’est  cet homme au passé sulfureux, qui est depuis le 26 juillet dernier, la deuxième personnalité de l’Etat et cela, par la volonté de l’omnipotent et stratège Joseph Kabila. En effet, plus de six mois après son départ de la présidence de la République dans les circonstances que l’on sait, ce dernier a réussi le tour de force de mettre sous sa botte respectivement la présidence de l’Assemblée nationale, la primature et le Sénat. Et tout laisse croire qu’il se taillera la part du lion dans l’attribution des portefeuilles du premier gouvernement du malheureux  Félix Tshisékédi, dont la formation est quasi actée. L’homme le plus heureux donc du Congo aujourd’hui, est Joseph Kabila. A contrario, le plus malheureux est Félix Tshisékédi. Il se retrouve aujourd’hui dans une situation où sa marge de manœuvre en tant que président, se limite au périmètre de son bureau. L’on peut même se demander si les quelques nominations qu’il a opérées dans son cabinet, n’ont pas d’abord été discutées et validées par son prédécesseur. Mais personne ne doit écraser la moindre larme pour lui, en signe de compassion. Car, comme le disent les Ivoiriens, « il a cherché et il a trouvé ». Tout le monde sait, à commencer par la communauté internationale, que son pouvoir a été usurpé. Les uns et autres voulaient un président en dehors de Kabila et de son dauphin, et ils l’ont eu en la personne de Tshisékédi. Joseph Kabila a tout compris. Il a donc arrangé les résultats de sorte à sélectionner parmi les opposants, la personne la plus accommodante voire la plus manipulable à ses yeux. Félix Tshisékédi répondait à tous les critères de choix. Et comme ce dernier n’avait d’yeux que pour le pouvoir, rien que pour le pouvoir, il a accepté volontiers le plan de Joseph Kabila. C’est ce deal qui s’apparente à un mariage incestueux avec Kabila, qui le rattrape aujourd’hui. Et comme l’on pouvait s’y attendre, l’enfant de l’inceste ne pouvait qu’être horrible. Aujourd’hui, il est obligé de boire la coupe de l’humiliation jusqu’à la lie. Sacré Kabila, peut-on, dès lors, s’exclamer, tant il a fait preuve de calcul  et d’ingéniosité dans sa méthode de dévolution du pouvoir ! Et l’on peut parier sans grand risque de se tromper, que sa recette fera des émules en Afrique.

 Personne ne croit à la démocratie des Bantous

 Et comme les immenses richesses de la RDC font saliver tout le monde, y compris les grandes démocraties, personne ne lèvera le petit doigt pour dénoncer la mise sous tutelle du nouveau président par le camp de Joseph Kabila, au risque de se voir refuser certains contrats juteux. Cette logique des intérêts, malheureusement, est au cœur des rapports entre l’Afrique et le reste du monde. D’ailleurs, personne ne croit à la démocratie des Bantous, si l’on peut s’exprimer ainsi, encore moins à la démocratie dans les « pays de merde » pour reprendre l’expression du président américain, Donald Trump. En tout cas, aujourd’hui, on peut faire l’amer constat que le peuple congolais a été floué par le tandem, pour ne pas dire, le couple incestueux Kabila/  Tshisékédi. De ce fait, son aspiration légitime à l’alternance, la vraie, est désormais renvoyée aux calendes… bantous. C’est pourquoi l’on peut se poser véritablement la question de l’utilité des élections dans bien des pays d’Afrique. En tout cas, elles sont loin d’être suffisantes pour l’avènement de la démocratie. C’est ce grand enseignement que l’on peut tirer des élections qui se sont tenues en RDC et qui ont consacré l’avènement de Tshisékédi au pouvoir. Et l’on ne voit pas le bout du tunnel dans un court délai. En effet, le mandat de Félix Tshisékédi a de fortes chances d’être mis à contribution par le FCC, pour travailler à un retour de son mentor à la tête de la RDC. En tout cas, constitutionnellement, il en a le droit. Politiquement, il détient presque tous les leviers du pouvoir aujourd’hui. Financièrement, l’on peut se demander s’il n’est pas plus riche que l’Etat congolais. Au plan sécuritaire, c’est encore Kabila qui a la haute main sur l’armée et la police. Et Félix Tshisékédi ne peut que se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes. Aura-t-il seulement le courage et la dignité d’en tirer toutes les conséquences en rendant le tablier ? Rien n’est moins sûr. Car, chez nous, en Afrique, la seule valeur qui vaille est le pouvoir. Tous les moyens sont bons pour le conquérir. Le gérer dans l’intérêt supérieur de la Nation, est rarement le souci de bien des présidents. Le grand retard qu’accuse l’Afrique en termes de développement, peut s’expliquer aussi par cela.

 

« Le Pays »


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