MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME PRESIDENTIEL : 51% des citoyens confiants
Le Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina (CGD) et ses partenaires techniques et financiers ont présenté, le 9 juin 2017 à Ouagadougou, les résultats du sondage d’opinion sur la mise en œuvre du programme présidentiel. Ce sondage qui a été mené du 15 au 21 mai 2017 a porté sur un échantillon de 1 590 citoyens âgés de 18 ans et plus des 13 régions du Burkina.
A 17 mois de gestion du pouvoir, le président Roch Marc Christian Kaboré respecte t-il ses engagements ? C’est pour avoir des éléments de réponse à cette question que le Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina (CGD) et ses partenaires techniques et financiers ont réalisé du 15 au 21 mai 2017, une enquête pour sonder l’opinion publique. Les résultats de ladite enquête ont été présentés le 9 juin dernier, au cours d’un dialogue démocratique. Deux sujets majeurs y ont été pris en compte. Il s’agit de la mise en œuvre du projet de société du président Roch Marc Kaboré et des actions menées par le gouvernement Paul Kaba Thiéba depuis sa prise de fonction. D’autres questions liées à l’actualité nationale, en l’occurrence celle des Koglwéogo, du jugement des membres du gouvernement Luc Adolphe Tiao et de la menace terroriste ont été aussi prises en compte par l’enquête. De manière globale, il ressort de ceux qui ont bien voulu se prêter aux questions des enquêteurs, que les plus grandes déceptions se déclinent au niveau des engagements non tenus, des délestages, des attaques terroristes, de la lutte contre la corruption, des faibles actions en faveur des jeunes, de la flambée des prix des produits de première nécessité, du manque de priorité sur la mise en œuvre d’infrastructures scolaires, sanitaires, routières, du tricéphalisme au sommet du pouvoir incarné, à ce que l’on dit, par Roch, Salif et Simon, etc. Par contre, certains aspects socio-économiques tels que l’opérationnalisation des 40 000 logements, la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, la relecture de la loi 081, etc., connaissent des notes de satisfaction. Cela dit, sur les Koglwéogo, 57, 6 % des enquêtés sont satisfaits de manière globale de la façon dont la question est gérée. Et les tendances varient selon le milieu. Par exemple, en milieu urbain, 48, 8% des citoyens interrogés sont satisfaits contre 59, 8% en milieu rural. Le niveau de satisfaction est élevé au Centre-nord avec 95% contre 20,2% dans les Hauts-Bassins. A ce niveau, les interviewés qui ne sont pas satisfaits ont évoqué les raisons du non-respect des droits humains.
51% des citoyens confiants au programme quinquennal
Pour ce qui est du jugement des ministres de Luc Adolphe Tiao, 41,1% des personnes interrogées sont satisfaites de l’ouverture du procès. Par contre, 29,3% ne sont pas satisfaites et y voient une mise en scène. Pour elles, ce procès n’aboutira pas. Du reste, 29,6% des interviewés n’ont pas voulu émettre d’avis sur ce sujet. Quant à l’indépendance de la magistrature, 41, 8% se disent satisfaits contre 31,1%. Au niveau des attaques terroristes, on note une satisfaction de 54,1% des enquêtés contre 33,3%. La tendance est beaucoup plus élevée en milieu urbain avec 59, 4%. Pour ce qui est de la situation sécuritaire du pays de façon générale, 58, 5 % des citoyens interrogés sont satisfaits de la manière dont la question est gérée. 36, 6% ne sont pas satisfaits et souhaitent que l’Etat fasse davantage des efforts. Contre toute attente, on note au Sahel un niveau élevé du taux de satisfaction avec 81,4%. Selon les personnes approchées, cela se justifie, entre autres, par les patrouilles mixtes aussi bien en campagne que dans les villes, la présence des Forces armées nationales, le renforcement du dispositif de sécurité de manière générale. Sur la question des délestages, 74,2% des citoyens ne sont pas satisfaits de la façon dont la problématique est gérée. Pour ce qui est du dialogue du gouvernement avec les syndicats, 33,7% des salariés du public et du privé ne sont pas satisfaits de la façon dont la question est gérée. A ce niveau, il ressort que les aspirations qui ont entraîné l’insurrection populaire d’octobre 2014 n’ont jusque-là pas eu de traitement diligent. En terme de lutte contre la corruption, on note que 51, 4% des citoyens touchés ne sont pas satisfaits des actions menées sur ce plan. De manière générale, à 3 ans et demi de la fin du premier mandat du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, il ressort que 51% des citoyens ont confiance à la trajectoire actuelle adoptée par le gouvernement, pour l’atteinte des objectifs à l’horizon 2020. A ce niveau, il y a une disparité. En effet, le niveau de confiance est estimé à 48% en milieu urbain contre 52,3% en milieu rural. Pourtant, selon les statistiques de l’Institut national de la statistique et de la Démographie (INSD), les citoyens vivant en milieu rural représentent 77,3% de la population. Sur une échelle de 10, les citoyens interrogés ont donné 5,2 au Président du Faso, 5,3 au parlement, 5 au gouvernement et 4,8 à la Justice. Selon l’expert statisticien Issoufou Nana, de façon résumée, il est à noter que la satisfaction des actions du gouvernement varie selon le milieu de résidence. Par exemple, a-t-il fait constater, en milieu urbain, la tendance n’est pas bonne à plus de 50% alors qu’en milieu rural, les opinions donnent une tendance relativement bonne. Cet état de fait témoigne, à son avis, que des efforts doivent davantage être consentis afin que la question de redevabilité soit une réalité aussi bien en milieu rural qu’urbain. Toute chose qui pourra permettre à toutes les couches sociales d’être non seulement au même niveau d’information, mais aussi d’apprécier l’action du gouvernement. A la suite de la présentation des résultats de l’enquête, il a été ouvert un dialogue. A en croire le Directeur exécutif du CGD, Thomas Ouédraogo, à l’issue de ce dialogue, des recommandations seront formulées afin de corriger les insuffisances.
Mamouda TANKOANO