HomeA la uneMISE EN PLACE D’UNE CENI PARALLELE AU CONGO : A malin, malin et demi !

MISE EN PLACE D’UNE CENI PARALLELE AU CONGO : A malin, malin et demi !


 

Au Congo Brazzaville, la campagne électorale bat son plein. Et l’ambiance de plus en plus électrique de cette campagne vient de franchir un nouveau palier, avec la nouvelle trouvaille de l’opposition. En effet, cinq candidats de l’IDC-FROCAD, la principale plateforme d’opposition, ont décidé, le 9 mars dernier, de créer leur propre instance électorale, la Commission technique électorale (CTE), une structure parallèle à la commission officielle, la CNEI. Objectif assigné à la CTE : compiler l’ensemble des procès-verbaux dans tous les bureaux de vote et proclamer les résultats. Comme il fallait s’y attendre, l’initiative est perçue d’un très mauvais œil par le pouvoir qui, d’ailleurs, est monté au créneau.  Pouvait-il en être autrement ? Assurément non et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que l’opposition qui  s’est trop vite résignée devant le fait accompli du tripatouillage constitutionnel par voie référendaire, se devrait moralement de développer des initiatives pour rattraper ce qu’elle a perdu. Elle fait donc dans la provocation ; ce qui rend très frileux le pouvoir. Ensuite, parce que par opportunisme politique, l’opposition ne pouvait manquer d’exploiter le contexte international. Elle saisit ainsi au vol la sortie récente d’un des cadres du Parti socialiste qui demande le report de la consultation électorale, mais aussi la décision de l’Union européenne (UE) de ne pas envoyer d’observateurs pour la supervision du scrutin.

C’est la guerre des chiffres qui s’annonce

On peut toutefois se poser des questions sur la pertinence de cette trouvaille née du génie politique de l’opposition congolaise. Quelles sont la légalité et la légitimité de la CTE ? C’est d’ailleurs l’argument servi par le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, qui y voit d’ailleurs « une démarche insurrectionnelle ». Il faut craindre que ce ne soit là le prétexte tout trouvé pour embastiller une opposition déjà éprouvée par les tracasseries judiciaires. On peut par ailleurs s’interroger sur l’efficacité de la CTE à mener à bien sa mission, quand on connaît les sommes faramineuses requises par les structures d’organisation des élections sur le continent  et que même les Etats peinent à rassembler. Même avec le recrutement annoncé de représentants pour les 5300 bureaux de vote du pays, on ne peut s’empêcher de voir dans la  mise en place de la CTE, plus qu’une solution du désespoir que tout autre. Mais c’est précisément en cela  qu’elle est redoutable. De toute évidence, c’est la guerre des chiffres qui s’annonce. Car, on imagine difficilement la CTE avaliser la victoire de Sassou Nguesso. En créant la CTE, l’objectif est de réunir les arguments juridiques de la contestation postélectorale et c’est là que Sassou Nguesso devrait se faire de sérieux soucis. Déjà, les ingrédients de la violence semblent réunis pour que le 20 mars, le Congo bascule dans le chaos ; d’où la nécessité pour l’Union africaine (UA) de prendre les devants. Car, c’est maintenant qu’il faut agir pour éviter d’intervenir plus tard en sapeur-pompier. Vite  un médiateur pour ramener le consensus sur les rives agitées du fleuve Congo avant que la crue ne provoque l’irréparable.

 

SAHO


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