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MISSION D’INFORMATION PARLEMENTAIRE SUR LA GESTION DU COVID-19 AU BURKINA


Aussitôt dit, aussitôt fait. En effet, quelque deux semaines après l’approbation, à l’unanimité, d’une résolution portant création d’une mission d’information parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, la Représentation nationale du Burkina Faso a joint l’acte à la parole en procédant à l’installation des membres de ladite mission. C’était le 4 mai dernier, à l’Assemblée nationale. En rappel, cette mission constituée de députés de la majorité et de l’opposition, a quinze jours pour rendre ses résultats sur les investigations sur toutes les questions en lien avec la crise sanitaire au pays des Hommes intègres, en l’occurrence les dispositions techniques de lutte contre la pandémie, la gestion financière et la prise en charge des malades du Covid-19 en vue d’apporter des réponses aux cas de décès et aux soins administrés aux malades.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Assemblée nationale est dans son rôle. D’autant qu’elle avait déjà interpellé le gouvernement sur la question, le 21 avril dernier.

On peut saluer cette initiative du Législatif visant à faire la lumière sur un dossier sur lequel l’Exécutif est attendu au tournant par bien des Burkinabè

Quoi donc de plus normal qu’après avoir entendu l’Exécutif, elle prenne l’option de procéder à cette sorte de contrôle de son action en essayant d’y voir clair et de faire la lumière sur bien des points qui constituent autant de zones d’ombres pour bien des Burkinabè. La question est de savoir ce que l’on peut attendre d’une telle mission. D’autant que son installation intervient au moment où la polémique ne désenfle pas au sein de l’opinion nationale qui veut non seulement la transparence dans la gestion financière de la crise, mais aussi veut connaître le fin mot de la disparition tragique de la députée Rose Compaoré officiellement donnée pour être la première victime du virus mortel au Burkina, version contestée par sa famille et fortement mise en doute par certains écrits. Au-delà, les Burkinabè continuent aussi de s’interroger sur le nombre de morts qui fait partie des plus élevés de la sous-région, avec, à la date du 3 mai dernier, 44 morts sur 652 cas; ce qui le place au deuxième rang dans la sous-région après le Nigeria (68 morts sur 2170 cas), avec une bonne longueur d’avance sur le Niger, 3ème avec 35 morts sur 736 cas et le Mali, 4ème avec 26 morts sur 544 cas, comparativement à la Côte d’Ivoire et au Sénégal par exemple, qui comptaient respectivement à la même date, 15 morts sur 1362 cas et 9 décès sur 1115 cas confirmés. La mission d’information parlementaire permettra-t-elle, entre autres, de répondre à la question de cette mortalité relativement élevée qui paraît, aux yeux de l’opposition, comme le reflet de la gestion approximative de la situation par le gouvernement ? On attend de voir. Mais, d’ores et déjà, on peut saluer cette initiative du Législatif visant à faire la lumière sur un dossier sur lequel l’Exécutif est attendu au tournant par bien des Burkinabè. Tout le mal qu’on lui souhaite, c’est que sa démarche contribue à faire la lumière sur cette affaire et que les recommandations qui seront faites, soient suivies d’effets.

Il importe que la mission parlementaire elle-même soit mue par un souci d’objectivité

Il y va de l’intérêt de tous, y compris du gouvernement qui se démène comme un beau diable dans la lutte contre une maladie qui a fini de mettre à ses pieds, même les plus grandes puissances de la planète.  Pour sûr, les résultats de cette mission d’information parlementaire ne manqueront pas d’intérêt pour les Burkinabè. Surtout, au vu du cafouillage qu’il a été donné de constater dans la riposte au niveau des autorités sanitaires et qui a déjà fait une première victime en la personne du Pr Martial Ouédraogo. En effet, ce dernier a été débarqué sans autre forme de procès, de son poste de coordonnateur suite à la polémique née du cas de la défunte députée de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Au-delà, l’on peut se demander ce que nous réserveront les résultats de cette mission d’information parlementaire. Contribueront-ils à enfoncer davantage le gouvernement qui fait déjà l’objet de griefs et de vives critiques ou permettront-ils de redorer quelque peu son blason? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, il importe que la mission parlementaire elle-même soit mue par un souci d’objectivité et que les différentes parties de l’opposition et de la majorité en son sein, ne cherchent pas d’abord et avant tout à orienter les investigations dans le but de tirer chacun la couverture à soi. Autrement, si les querelles politiciennes devaient prendre le dessus sur l’objectivité, c’est le peuple burkinabè en quête de vérité, qui se trouverait simplement otage de sa classe politique.

 « Le Pays »


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