MUGABE A LA TETE DE LA SADEC :Que feront maintenant les Occidentaux ?
Porté à la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADEC) à 90 ans bien sonnés, Robert Mugabe n’a rien perdu de sa rhétorique anti occidentale. Doyen des patriotes du continent, le leader du Zimbabwe s’est fait le devoir de rappeler aux dirigeants africains, que la lutte doit se poursuivre.
L’homme n’a rien perdu de sa verve. Cibles de choix, les Occidentaux ont été critiqués dans son discours d’investiture à la tête de la SADEC, pour leur faible réaction aux opérations militaires israéliennes à Gaza. Par ricochet, Mugabe dénonce tous ces chefs d’Etat africains qui aiment à s’aplatir devant les intérêts étrangers. Le nouveau dirigeant de la SADEC se veut toujours le combattant des causes justes. Aussi, ne faut-il pas s’étonner de l’entendre appeler ses pairs à se défaire de l’influence de l’Occident, et à développer leur indépendance économique !
La campagne de diabolisation de Mugabe a atteint ses limites
L’on peut reprocher à Robert Mugabe d’avoir trop longtemps conservé le pouvoir, et de l’avoir exercé sans partage. Vrai aussi qu’au Zimbabwe, les opposants ne sont pas ménagés. Mais cela tient de l’évolution du contexte national, dans une Afrique australe outrageusement dominée par les Blancs. Ces derniers n’ont jamais encaissé leur dépossession des terres, au profit de la majorité noire, pauvre, et trop longtemps martyrisée. A travers les diatribes de l’Occident, les générations montantes doivent comprendre que Robert Mugabe ne peut pas avoir l’onction de l’Occident, simplement pour avoir cherché à défendre les intérêts des masses. L’homme a d’abord conquis le pouvoir par les armes, aux dépens des racistes de l’ex-Rhodésie du Sud, aujourd’hui Zimbabwe. Il a ensuite osé soutenir ouvertement les combattants d’Afrique australe, et entraîné son pays dans le combat contre l’apartheid, à travers la ligne de front. Sa vie durant, il a cherché à sortir son pays de la dépendance économique étrangère. Mais les travers actuels de Mugabe avec l’Occident, découlent surtout de la non-application intégrale des Accords de Lancaster House, un texte pré-constitutionnel portant sur l’avenir du Zimbabwe.
En dénigrant constamment le doyen de l’Afrique australe, on voudrait donc faire diversion, et détourner l’attention de l’opinion sur le refus de Londres d’assumer sa part d’héritage colonial. Par SADEC interposée, le nonagénaire Mugabe va malgré tout gérer toute une région. Pouvait-on vraiment lui refuser son tour ? On devine aisément les pressions exercées sur les autres pays de l’Afrique australe peu avant le sommet. Les chefs d’Etat membres eux, ont choisi de réhabiliter le vieux combattant. Ils redonnent à la sagesse tout son éclat, et indiquent aux Occidentaux que le temps est venu de corriger les erreurs ! A l’évidence, la campagne de diabolisation a atteint ses limites. L’homme a fait les preuves qu’il est réellement un leader, indépendant de surcroît. Mugabe s’est imposé dans l’opinion africaine, en osant donner aux Noirs majoritaires leur dû. Un symbole fort dans une région trop longtemps dominée par les Blancs. Réconfortant de voir qu’on sait le lui rendre à la base comme au sommet.
La SADEC a donné à Mugabe la place qui lui revient
De Mugabe du Zimbabwe, ressortent deux images bien contrastées. D’abord, celle que l’Occident voudrait qu’on retienne : un dictateur homophobe et anti-occidental. Certes, Robert Mugabe n’est pas exempt de critiques pour sa politique intérieure. Mais longtemps, le continent gardera de lui l’image du combattant intrépide, l’assoiffé de justice, qui a eu le courage de s’associer à d’autres patriotes africains pour affronter et vaincre l’apartheid, puis entamer la réappropriation des terres au profit de la majorité noire, spoliée des années durant. L’homme a une grande capacité de résistance. Les attentats, les tentatives de l’isoler, de le neutraliser, n’auront en rien ébranlé la détermination de ce digne fils d’Afrique ! L’actuel chef d’Etat du Zimbabwe se distingue aussi par la cohérence de son discours et la pertinence de son propos. Surtout lorsqu’il invite le continent à procéder à la transformation de ses matières premières.
En choisissant de porter Mugabe à la tête de la SADEC, ses pairs du sommet ont mis fin à dix ans d’isolement. Ce signe de réchauffement doit mettre à mal le président Obama des Etats-Unis. Lui qui a osé écarter Mugabe, en conviant à sa table des chefs d’Etats africains considérés comme des autocrates et des malfaisants. La plupart d’entre eux sont pourtant loin d’avoir le bilan patriotique et l’envergure d’un Robert Mugabe que l’Afrique critiquera certes, mais reniera difficilement. La présidence étant tournante à la SADEC, l’Occident devra l’endurer durant les douze prochains mois. Mugabe, un pestiféré aux yeux de l’Occident, certes, mais un libérateur pour les Africains. Un homme de défi que les Occidentaux gagneraient à ne point harceler. Ont-ils d’ailleurs le choix, au moment où leurs économies sont éprouvées, et que des pays émergents d’Amérique du Sud et d’Asie leur disputent le marché africain ?
La SADEC, réaliste, a su prendre la juste mesure des choses en donnant à Mugabe la place qui lui revient. Un vrai pied de nez aux Occidentaux. Mais aussi, une invite à la génération montante. Nos acteurs politiques doivent prendre pour repère, des patriotes aux qualités indéniables ; même si ailleurs, on les considère comme des parias, pour leur amour de l’Afrique.
« Le Pays »
kougri poudou
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BELLE ANALYSE C’EST L’OCCIDENT QUI NOUS POMPE L’AIR EN NOUS INONDANT D’INFORMATION A SENS UNIQUE
22 août 2014