HomeA la uneNAKOABA TANKOANO, DIRECTEUR PROVINCIAL DE LA POLICE DE PO : Pour le renforcement des effectifs et l’allocation de moyens supplémentaires  

NAKOABA TANKOANO, DIRECTEUR PROVINCIAL DE LA POLICE DE PO : Pour le renforcement des effectifs et l’allocation de moyens supplémentaires  


 

Le trafic de drogue, la pratique d’armes, etc., sont des pratiques qui ont la peau dure au Burkina Faso particulièrement dans les zones frontalières. Les forces de l’ordre, notamment la police, la gendarmerie, la douane traquent quotidiennement ces trafiquants dans des conditions souvent très difficiles, au péril de leur vie. La jeunesse, par manque d’emplois et d’occupation,  s’adonne à ces fléaux qui ont des conséquences dramatiques sur la santé. Pour en savoir davantage, nous sommes allés à la direction provinciale de la police nationale du Nahouri pour nous entretenir avec le premier responsable. Le commissaire de police Nakoaba Tankoano nous a longuement éclairé sur ces pratiques et prodiguer des conseils à la jeunesse afin de les éviter.

 

« Le Pays » : Le Nahouri semble devenu une plaque tournante du trafic d’armes et de la drogue. Qu’est-ce qui explique cela ?

 

Nakoaba Takoano : Nous tenons d’abord à vous remercier pour votre contribution à une plus grande  visibilité des actions de la Police, dans le cadre de notre mission régalienne qui est la protection des personnes et des biens. Pour revenir à votre question sur le trafic d’armes et de drogue dans la province du Nahouri, nous pensons que cela est dû à la porosité de nos frontières. Pour le moment, nous n’avons pas encore saisi des armes en matière de trafic, mais nous n’ignorons pas l’existence de ce phénomène en raison du fait que selon certaines sources, les armes se vendent moins chers au Ghana. En ce qui concerne le trafic de la drogue, ce phénomène est très courant dans la province du Nahouri. Lors du point de presse qui a eu lieu le mardi 16 aout 2016, nous vous présenté une quantité de cannabis estimé à plus de 100 kg. Ce phénomène est courant en raison du fait que chez nos voisins au Ghana, l’activité semble tolérée. Des informations obtenues auprès des personnes interpellées, il ressort qu’il existe des champs de cannabis là-bas. La preuve est que toutes les personnes interpellées disent avoir obtenu le produit au Ghana. D’autres même nous confient que le cannabis que nous avons saisi, est issu d’un don  de leurs parents. Là-bas c’est consommé comme de la cigarette. Les gens en prennent pour leur dose quotidienne.

 

A combien évaluez-vous le nombre et la quantité de drogue saisis par an dans votre zone ? 

 

Nous n’avons pas une quantité exacte à vous donner, mais nous saisissons par an une quantité très importante de drogue, surtout le cannabis. Les auteurs appréhendés dans ce cadre sont déférés au parquet.

 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la lutte contre ces différents trafics ? 

 

Nous rencontrons d’énormes difficultés dans la lutte contre le trafic de la drogue. D’abord la porosité de nos frontières, ensuite le manque d’effectifs et de moyens conséquents, enfin l’accessibilité des zones réputées criminogènes en matière de culture du cannabis. Il  y a lieu aussi de relever la non-collaboration de la population dans la lutte contre ce trafic.

 

Quel est le dispositif mis en place pour lutter contre ces phénomènes ? 

 

Pour lutter contre ces phénomènes, nous avons mis principalement l’accent sur les patrouilles diurnes et nocturnes, le contrôle des moyens de transport et le renseignement opérationnel. Nous organisons aussi des opérations ponctuelles de ratissage sur les zones criminogènes. Ces ratissages ont permis de chasser les potentiels  consommateurs et vendeurs du cannabis dans leurs lieux habituels. C’est une lutte de longue haleine.

 

Quel type de collaboration existe-t-il entre vos équipes et la police ghanéenne ? 

 

Il est évident que pour lutter contre la criminalité transfrontalière, il nous faut nécessairement une collaboration entre les services de sécurité ghanéens et burkinabè. A cet effet, nous ne manquons pas d’occasion pour échanger avec nos collègues ghanéens dans le but de renforcer davantage nos relations afin d’accomplir au mieux les missions qui nous sont confiées. C’est pourquoi nous effectuons souvent des visites de courtoisie à nos collègues du Ghana. Ils en font de même aussi chez nous. Pour le moment, nos relations sont satisfaisantes.

Que préconisez-vous pour une lutte plus efficace contre le trafic d’armes et de drogue au niveau des frontières Burkina-Ghana ?

 

D’abord, nous préconisons le renforcement des effectifs et l’allocation de moyens supplémentaires pour  une plus grande opérationnalisation de nos actions. Ensuite, le renforcement des cadres de concertation permanente entre nous, forces de défense et de sécurité burkinabè et aussi  entre les forces de défense et de sécurité burkinabè et ghanéennes. Nous n’allons pas occulter le renforcement de la collaboration entre nos services et la population. En somme, la nécessité d’une synergie d’action entre tous les acteurs, s’avère indispensable pour une lutte plus efficace quand on sait que l’union fait la force.

A l’intérieur de la ville de Pô (localité située à 145 km de Ouagadougou), il semble qu’il existe des endroits où les jeunes se retrouvent pour fumer la drogue. Comment vous prenez-vous pour lutter contre ce phénomène ?

 

Nous avons initié des opérations de ratissages permanents dans ces lieux. Nous avons pu interpeller plusieurs jeunes au cours de ces opérations et les déférer au parquet. Ils ont même changé leurs lieux habituels de rencontres. Mais le combat continue.

Comment expliquez-vous la recrudescence de la drogue surtout dans le milieu juvénile ?

 

C’est un constat amer. Tandis que certains en font leurs activités principales, d’autres le font pour le plaisir ou sont entraînés par leurs camarades. Je pense que nous devons mettre l’accent sur l’éducation de nos enfants en famille, à l’école et renforcer les sensibilisations dans tous les milieux afin de réduire voire éradiquer le phénomène.

Le pays- Quelles sont les conséquences de la drogue sur la santé des jeunes, selon vous ?

 

Nous ne sommes pas des spécialistes en matière de santé, mais nous savons que les conséquences sont énormes. La drogue joue négativement sur la santé physique et mentale de  l’homme. La consommation de la drogue peut entraîner des troubles mentaux et perturber  le fonctionnement normal de l’organisme  voire déclencher  ou provoquer certaines maladies.

 

Quels conseils pouvez-vous donner à la jeune génération qui s’adonne à la drogue ?

 

Les conseils que nous pouvons donner à la jeune génération c’est d’abandonner cette pratique néfaste qui nuit à la santé de l’homme et surtout d’écouter les conseils de leurs parents.

Quel est votre dernier mot ?

 

Nous voudrions une fois de plus réitérer nos remerciements à l’endroit de la presse qui œuvre au quotidien pour rendre visible nos actions sur le terrain. Nous voudrions aussi féliciter et encourager le personnel de la Direction Provinciale de la Police Nationale du Nahouri pour le travail abattu au quotidien sur le terrain. Nous voudrions enfin remercier la population du Nahouri pour sa franche collaboration et souhaiter davantage qu’elle se renforce pour nous permettre  de faire face aux défis sécuritaires du moment dans la province.

Nitin Bruno OULON

(Correspondant PO)

(« Le Pays » avec la collaboration d’Afroline)

 


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