NAUFRAGE D’UN BATEAU CARGO A MADAGASCAR
Un drame qui ne manquera pas de gâcher la fête dans ce pays en grande majorité chrétienne, à l’orée de Noël ! Madagascar est sous le choc ; en pleurs, et pour cause : un vieux cargo, victime d’une voie d’eau, a brusquement chaviré, ce 20 décembre 2021, au large de l’île Sainte-Marie dans la Grande Ile. Le bilan de la tragédie, qui pourrait s’alourdir, fait, pour l’instant, état de 64 morts dont 5 enfants. Comme « si un malheur ne vient jamais seul », un hélicoptère de l’armée de l’air qui participait aux secours, s’est écrasé au large des côtes, laissant deux disparus et deux survivants. Sur les quelque trente passagers qui ont embarqué à bord du Francia – c’est le nom du navire – cinquante d’entre eux ont été sauvés et une quinzaine de personnes sont portées disparues. Les recherches se poursuivent. A ce genre de catastrophe, est généralement indexé un problème technique. Dans le cas d’espèce, c’est le moteur du vieux cargo qui aurait été défectueux. Mais comme c’est toujours le cas ou presque, sous les cieux africains, la bêtise humaine n’est jamais loin, très souvent alimentée par la cupidité, le laxisme et l’irresponsabilité. Pour ce naufrage comme pour bien d’autres survenus avant lui (à l’instar de celui du Joola, du nom de ce navire qui assurait la liaison maritime entre Ziguinchor en Casamance et Dakar au Sénégal et qui sombra, le 26 septembre 2002, aux larges des côtes gambiennes, causant la mort de près de 2000 personnes), il y a bel et bien eu faute ! Quand un navire habilité à ne transporter que des marchandises, comme c’est le cas du Francia, s’autorise, de façon illégale, à embarquer des personnes et sans doute, à surpasser ses capacités, il y a assurément problème.
Pour tous ceux qui auront trempé dans cette affaire, la sanction doit être sévère et mémorable
Un manquement grave probablement devenu habitude, qui, hélas, ce coup-ci, a débouché sur l’irréparable. Autant dire que le problème technique à l’origine du naufrage du cargo, cache mal un autre aussi, sinon bien plus grave : l’irresponsabilité humaine sur fond d’avidité pour l’argent pour laquelle il faudra absolument situer toutes les responsabilités. Après avoir commis l’irréparable, il appartiendra aux responsables du navire, du moins pour ceux qui sont encore en vie, de dire pourquoi ils ne se sont pas soumis aux contrôles obligatoires des agents de la sécurité portuaire, rendant, pour ainsi dire, le navire, clandestin. En acceptant des passagers à bord du cargo alors qu’il ne devait transporter que des marchandises, ces transporteurs portent toute la responsabilité de ce drame même si l’on peut se demander pour quelles raisons les quelque 130 personnes ont embarqué clandestinement dans ce bateau. En tous les cas, si « le bateau s’est retrouvé à la merci des vagues et a fini par échouer sur un relief », il n’a pas demandé à se retrouver dans une situation d’extrême fragilité, dans la tourmente, parce que ceux qui tenaient ses commandes ne se sont pas gênés de lui faire porter une charge au-dessus de ses forces. Le résultat est là : terrifiant ! En voulant emprunter les sentiers périlleux de la clandestinité, l’on a poussé le navire Francia à échouer sur les rivages de la tragédie. C’est inacceptable ! Il urge donc que les autorités malgaches mettent le holà à ces pratiques malsaines, mortifères et mortelles comme c’est aujourd’hui le cas, qui apportent leurs lots de cauchemars et de désastres en pleine mer. En hommage aux victimes, le président malgache, Andry Rajoelina, a décrété un jour de deuil national. Ce n’est pas suffisant. Pour tous ceux qui auront donc trempé dans cette affaire, la sanction doit être sévère et mémorable.
« Le Pays »