NOEL 2021 SUR FOND D’INSECURITE ET DE COVID-19
Demain, 25 décembre, c’est Noël. Une fête chrétienne encore appelée fête de la Nativité, qui commémore la naissance de Jésus. Ses fondements religieux reposent sur la venue dans le monde, du Christ, Fils de Dieu, le Sauveur attendu, annoncé par les prophètes, pour sauver l’humanité. C’est donc une occasion de joie pour les chrétiens, qui est célébrée chaque année avec faste dans le monde entier, dans la ferveur et le partage intra et interreligieux. Une fête qui met l’enfant au centre de la famille et qui est aussi l’occasion d’attention à l’égard des tout-petits pour qui la magie de cette fête va généralement au-delà de la date du 25 décembre. Cette année, Noël, au Burkina, se tient dans un contexte d’insécurité sur fond de Covid-19 et de morosité économique. Un cocktail de calamités qui a de quoi justifier largement que les Burkinabè n’aient pas le cœur à la fête. En effet, jadis essentiellement localisée dans le Nord et l’Est du pays, l’insécurité liée au terrorisme s’est répandue dans le pays pour gagner, outre la Boucle du Mouhoun, des régions beaucoup plus reculées comme les Cascades et le Sud-Ouest du pays.
L’heure doit être à la vigilance accrue
Si fait que contrairement aux années antérieures où beaucoup se déplaçaient pour fêter dans leurs villages, de nombreux Burkinabè préfèrent rester sur place pour ne pas prendre de risques inconsidérés en voulant rallier certaines localités dites zones rouges. C’est dire si du terrain, et beaucoup, l’hydre terroriste en a gagné depuis plus de six ans qu’elle sévit au pays des Hommes intègres. Et ce, malgré l’engagement et la forte résistance des Forces de défense et de sécurité auxquelles on peut ajouter les supplétifs que sont les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et autres groupes d’autodéfense plus ou moins organisés. Si fait qu’aujourd’hui, les Burkinabè vivent la peur au ventre. Une peur récemment doublée de colère suite au massacre d’Inata, le 14 novembre dernier, dans les circonstances que l’on sait, au point de susciter une vive émotion et porter un véritable coup au moral des Burkinabè. Même si les changements opérés depuis lors par le chef de l’Etat au sein de l’Exécutif et de la Grande muette, ajoutés à la relative accalmie observée depuis peu, font nourrir des espoirs de lendemains meilleurs aux Burkinabè. C’est dans ce contexte de crise sécuritaire liée au terrorisme que l’on observe une forte résurgence de la maladie à coronavirus qui est en train de battre des records depuis la découverte du premier cas au Burkina Faso en mars 2020, avec une centaine de morts enregistrés en l’espace des trois derniers mois alors que le pays présentait presque les mêmes chiffres en une année de présence de la maladie sur le sol burkinabè. C’est dire si sur le plan sanitaire, l’heure doit aussi être à la vigilance accrue dans l’observance des mesures-barrières pour éviter d’empirer la situation ou encore d’en arriver à la prise de mesures beaucoup plus drastiques à l’image du confinement.
Il importe pour tout le monde de faire dans mesure et la retenue
Au plan économique, la situation n’est guerre plus reluisante avec le renchérissement des prix de certains produits, lié à la double crise sanitaire et sécuritaire. Déjà, pour des raisons sécuritaires, certains agriculteurs ne sont pas en mesure de procéder aux récoltes quand ils n’ont pas été simplement empêchés, en amont, de travaux champêtres par les mauvais garnements qui troublent le sommeil des Burkinabè. Si l’on ajoute à cela la cupidité de certains commerçants véreux, il y a de quoi plaindre le porte-monnaie de nombreux Burkinabè pour qui ces fêtes de fin d’année ne sont pas loin d’être un véritable casse-tête. Dans ces conditions, comment avoir le cœur à la fête avec toutes ces équations à résoudre quand on traine par-dessus tout, des milliers de déplacés internes dont les rangs ne cesse de grossir ? Espérons que la venue du petit Jésus contribuera à mettre un peu de lumière et de soleil dans la longue nuit des Burkinabè. Même si tout porte à croire que situation nationale oblige, la fête se passera plutôt dans la sobriété. Comme il en a été pour la célébration de la fête nationale du 11-Décembre dernier. C’est l’occasion d’inviter, en ces temps difficiles et de vaches maigres, les Burkinabè au partage et à la solidarité avec tous ces compatriotes qui vivent le calvaire de l’éloignement de leurs foyers respectifs. Car, comment peut-on décemment faire la bamboula pendant que le voisin immédiat manque de tout et est en train de crever de faim, de froid ou que savons-nous encore ? C’est dire s’il importe pour tout le monde de faire dans la mesure et la retenue, en raison des difficultés nationales qui sont le lot commun de tous les Burkinabè. C’est en cela aussi que se reconnaît une Nation qui a à cœur de se construire sur certaines valeurs.
« Le Pays »