NON-RESPECT GENERALISE DES MESURES-BARRIERES AU BURKINA
Les Burkinabè se comportent aujourd’hui comme si le pays avait tourné la page du coronavirus. En tout cas, c’est le constat que l’on peut faire dans les maquis et gargottes et autres endroits publics aussi bien en ville qu’en zone rurale. Faites un tour dans n’importe quel bar à Ouagadougou, et vous tomberez des nues. Il y règne une ambiance de « je m’en fous la mort ». On se serre chaleureusement les mains ; on se serre comme des sardines, les couples d’un soir sont tellement collés que l’on peut avoir l’impression qu’ils sont en train de vivre leur première nuit de noces. Bref, la mort des mesures- barrières a été “décrétée” par le peuple. Et l’on peut avoir le sentiment que chacun veut rattraper les longs moments de jouissance et de défoulement perdus en raison du Covid-19. Et pourtant, l’heure n’est pas encore à ce relâchement. En effet, le Covid-19 est encore dans nos murs. Les statistiques en date du 4 juillet dernier, font état de 53 décès et de 86 cas actifs. Et quand on jette un coup d’œil sur la Côte d’Ivoire voisine, l’on peut se rendre compte que l’on n’est pas loin du seuil critique. Or, tout le monde sait que ce pays et le nôtre sont tellement liés par l’histoire et la géographie, que les Burkinabè doivent se sentir concernés par le développement exponentiel actuel du Covid-19, en RCI. L’un dans l’autre, les Burkinabè auraient tort de s’adonner à des pratiques qui exposent au Covid-19. C’est pourquoi chaque Burkinabè est interpellé individuellement de sorte à se protéger et à protéger les autres. Cette attitude, avant même d’être civique, est d’abord morale. Bien sûr, l’on peut et doit interpeller aussi l’Etat, puisque c’est lui qui a la responsabilité de travailler à garantir à chacun et à tous, la santé. Mais dans le même temps, on peut se demander si l’on peut faire le bonheur d’un adulte à sa place. Assurément, non ! On a tous été témoin de la défiance dont les uns et les autres ont fait preuve vis-à-vis des mesures édictées par le gouvernement.
Il faut craindre que les pronostics apocalyptiques de l’OMS ne soient pas derrière nous
Par endroits, ce sont les barricades qui ont contraint l’Etat à lever le couvre-feu. Bref, depuis pratiquement 2014, la rue est devenue l’endroit, par excellence, où on légifère. Et le rôle du gouvernement est de prendre acte et de valider les lois édictées par la vox populi. Aujourd’hui, en Europe, on assiste, dans certains pays, à un reconfinement. En Espagne, par exemple et plus précisément en Catalogne, c’est la cas. Plus de 200 000 personnes y ont été en effet reconfinées. C’est aussi le cas à Madagascar. On croise les doigts. Si l’évolution de la pandémie exige que l’on confine à nouveau une partie du Burkina, l’on peut craindre une défiance généralisée des populations. Et l’on ne voit pas le régime de Roch Marc Christian Kaboré prendre un tel risque. Déjà, il s’est arraché les cheveux pour faire respecter le couvre-feu. L’autre réalité qui fait que le reconfinement peut être difficilement envisagé au Burkina, est lié à la structure de l’économie burkinabè. Aussi doit-on travailler à observer toujours les mesures-barrières. Le port du masque, par exemple, quand on observe bien les choses, semble réservé aux personnalités. Et là aussi, c’est quand elles savent qu’elles doivent passer devant les caméras. Le reste du temps, c’est « à nous aller ». Quant à l’écrasante majorité de la population, c’est l’insouciance totale. En réalité, de plus en plus, ceux qui continuent d’observer les mesures-barrières, et ils sont rares, sont regardés avec curiosité comme s’ils venaient d’une autre planète. Ce relâchement presque généralisé, risque de coûter cher à tous. Car, à ce rythme, il faut craindre que les pronostics apocalyptiques de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) ne soient pas derrière nous, mais devant. Et ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est qu’il existe encore des Burkinabè, même parmi les intellectuels, qui continuent de nier l’existence du Covid-19. En plus de cette catégorie de personnes, l’on peut évoquer aussi le cas des Burkinabè qui croient à la prestidigitation et pour lesquels il n’y a pas de quoi paniquer outre mesure.
Sidzabda