HomeA la uneNORD-MALI :Comment arrêter le ravage des mines ?

NORD-MALI :Comment arrêter le ravage des mines ?


Le dimanche 14 septembre dernier, un soldat tchadien de la MINUSMA a  été tué lors d’une patrouille à proximité d’Aguelok, dans la région de Kidal, suite à l’explosion d’une mine au passage de son  véhicule. En plus du soldat mort, cette explosion a occasionné quatre blessés. Il y a quelques semaines de cela, c’est le contingent burkinabè qui perdait deux soldats dans une attaque-suicide contre sa base, après avoir, quelque temps auparavant, perdu un officier dont le véhicule de patrouille avait aussi sauté sur une mine, occasionnant au passage plusieurs  blessés.

 

La guerre au Nord-Mali est loin d’être terminée

 

Par ces actions sporadiques et mortelles, les djihadistes signalent non seulement leur présence, mais aussi  viennent rappeler que la guerre au Nord-Mali est loin d’être terminée. En s’attaquant de cette façon aux soldats de la paix, ils démontrent qu’ils n’ont pas abdiqué et peuvent adapter leur combat aux réalités du terrain. En tout état de cause, l’on constate que la mort est facile quand on est soldat au Nord-Mali. Car, en l’espace de quelques semaines, la force onusienne  y a fait les frais des djihadistes. Mais comment arrêter le ravage des mines ? Là est toute la question, tant ces engins, difficiles à détecter, semblent devenus le cauchemar des troupes  présentes dans le Nord-Mali. En effet, si les soldats voient leur capacité de se mouvoir réduite du fait des mines, cela peut être fortement handicapant pour leur mission. D’autant plus que les djihadistes font preuve d’une aisance déconcertante dans leur mobilité, pour frapper dans le dos des troupes onusiennes, avec ces mines de fabrication artisanale ou importées de la Libye. Cette capacité à se mouvoir est due non seulement aux complicités dont ces derniers bénéficient au sein de la population, mais aussi à la fin de l’opération Serval qui a entraîné une forte diminution des patrouilles dans le Nord-Mali, libérant  de ce fait le terrain pour les djihadistes.

 

Ce n’est pas demain la veille que les troupes étrangères partiront du Mali

 

De plus, comme la MINUSMA ne dispose pas des mêmes moyens que Serval, étant donné que chaque pays doit faire avec ses capacités, elle est visiblement confrontée à des difficultés sur le terrain, et peine à bien quadriller tout le Nord du pays.  Aussi cela laisse-t-il le champ aux djihadistes pour poser leurs mines, sans être vus,  sur le passage des convois des Casques bleus. A la longue, cela risque de jouer sur le moral des troupes et sur leur efficacité sur le terrain. En effet, comment les Casques bleus pourront-ils mener à bien leur mission s’ils doivent d’abord penser à leur propre sécurité ? Comment pourront-ils patrouiller efficacement, s’ils doivent craindre de tomber sur des mines, ou être la cible d’opérations kamikazes?  Cette guerre asymétrique contre un ennemi invisible qui se fond facilement dans la population, est très difficile. Elle est d’autant plus difficile que les mines artisanales fabriquées par les djihadistes sont indétectables par les appareils sophistiqués des soldats onusiens. Aussi est-il impératif de trouver une solution à cette équation, pour éviter que les djihadistes reprennent du poil de la bête, en sapant psychologiquement le travail de la MINUSMA.

Quand on sait que ces attaques interviennent au moment où des pourparlers inter-maliens se tiennent à Alger, il y a lieu de croire que cela ne va pas impacter positivement ces négociations, à moins que ce ne soit une façon pour les djihadistes de mettre la pression sur Bamako. Du reste, l’on se pose des questions quant à la volonté réelle des protagonistes de trouver une solution définitive à ce conflit qui n’en finit pas. Dans ces conditions, ce n’est pas demain la veille que les troupes étrangères partiront du Mali. En cela, il faut craindre que ces mines ne soient une étape transitoire, et que ces attaques ne s’étendent, à la longue, à d’autres cibles.

 

Outélé KEITA


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