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NORD MALI : A quand l’arrêt des violences ?


La violence se répand de plus en plus au Nord Mali avec son cortège de malheur. Hier, c’était le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui battait le macadam à Kidal, en accusant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) d’avoir tiré sur ses positions. A peine cette fièvre retombée que des jeunes pro-gouvernementaux ont manifesté à Gao pour exprimer leur colère vis-à-vis des Casques bleus qu’ils accusent de vouloir affaiblir militairement les groupes armés qui soutiennent le gouvernement contre les rebelles. Une manifestation qui a laissé sur le carreau 3 morts et de nombreux blessés. A l’origine de cette poussée d’adrénaline, la conclusion d’un accord sur la création d’une zone temporaire de sécurité, dans la localité de Tabankort. Un accord qui devrait amener les groupes armés pro-Bamako, disent-ils, à quitter leurs positions dans cette zone. Malgré le retrait de cet accord, la tension n’a pas baissé. En effet, une  attaque visant la branche rebelle du mouvement arabe de l’Azawad a fait hier 28 janvier 2015, une dizaine de morts. Cet assaut qui a été revendiqué par Gatia, groupe armé touareg favorable à l’Etat malien, traduit toute la volonté des groupes rebelles de se neutraliser. Si l’objectif de la marche contre les forces onusiennes était de les tenir loin de ces affrontements, l’on peut dire qu’il est atteint. Car elles étaient absentes au moment des faits. Avec cette recrudescence de la violence au Nord Mali, l’on peut dire que ce n’est pas demain la veille que la paix régnera dans cette région.

A dire vrai, cette situation risque de rendre plus difficile la mission de la MINUSMA, qui n’était déjà guère facile. Cela est d’autant plus vrai qu’elle se retrouve prise entre deux feux, au sens propre comme au sens figuré. D’un côté, les groupes armés touaregs, et de l’autre, les milices pro-Bamako. Comment pourra-t-elle désormais s’interposer entre les différents belligérants dans la mesure où chacun a des griefs contre elle ? Il y a donc urgence à travailler à dissiper les malentendus, à sensibiliser davantage les populations, pour qu’elles comprennent véritablement le sens de la mission des forces internationales. Car, manifestement, il se pose un problème de confiance. Or, la MINUSMA ne saurait gagner la guerre contre les djihadistes, en somme réussir sa mission, si elle n’a pas la totale confiance et ne bénéficie pas de la pleine collaboration des populations. En tout cas, si les sauveurs d’hier sont devenus aujourd’hui des ennemis qu’il faut chasser, les djihadistes, eux, ne pourront que se frotter les mains. Car, ils pourraient plus facilement se rapprocher des populations et partant, mieux pêcher en eau trouble si les forces onusiennes étaient forcées de partir. C’est pourquoi il y a nécessité de travailler à rétablir la confiance entre les forces onusiennes et les populations, avant que les djihadistes tapis dans l’ombre n’en profitent pour reprendre du poil de la bête. Le MNLA a-t-il la mémoire courte, au point d’oublier que c’est grâce à la Communauté internationale qu’il est toujours un interlocuteur « crédible » de Bamako aux négociations ? Les groupes armés pro-gouvernement savent-ils ce qu’ils seraient devenus s’il n’y avait pas eu l’intervention de la Communauté internationale au Mali ? En tout cas, il urge que Bamako rappelle à l’ordre tous ces croquants qui prétendent défendre ses intérêts, car ils se trompent d’adversaire.

Le Mali doit travailler à consolider la paix

La MINUSMA ne saurait constituer un ennemi plus dangereux pour le Mali, que les djihadistes de tout poil qui ont coupé les bras et  jambes de certains Maliens, et flagellé, en plein jour, d’autres, jusqu’à ce que mort s’en suive et qui, du reste, n’entendent pas abandonner leur projet funeste de ramener le Mali à l’âge de l’obscurantisme.

L’attitude des belligérants, à l’égard de la MINUSMA, est d’autant plus incompréhensible qu’elle intervient au moment où les leaders d’opinion de diverses confessions religieuses et des syndicats maliens ont pris leur bâton de pèlerin pour sillonner le monde, afin de plaider auprès des partenaires techniques et financiers, la cause de leur pays. S’en prendre à la MINUSMA qui n’est rien d’autre qu’une émanation de la Communauté internationale, c’est traduire une certaine volonté de travailler contre la paix. Et le Mali n’en a pas besoin.

Ce dont il a besoin, c’est l’engagement et l’appui de tous ses fils et filles ainsi que de la Communauté internationale pour faire front contre les fous de Dieu. Et il est temps de comprendre cette nécessité, faute de quoi le Mali se retrouvera bientôt envahi par des hommes sans foi ni loi ; déjà l’insécurité est en train de se déporter du Nord au Sud, avec la tentative d’assassinat du général Mohamed Abderrahmane Ould Meydou à Bamako. Cet acte qui a rendu plus d’un Malien perplexe, est la preuve que le Mali doit plus que jamais travailler à construire et à consolider la paix et non à s’ériger contre ceux qui l’aident à pacifier son territoire.

Dabadi ZOUMBARA    


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