HomeA la uneNOUVEL AFFRONTEMENT ENTRE GATIA ET CMA : Encore Kidal !

NOUVEL AFFRONTEMENT ENTRE GATIA ET CMA : Encore Kidal !


 

De nouveaux combats ont opposé les éléments du Gatia (Groupe d’auto-défense Touareg Imghads et alliés) à ceux de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), le 9 août dernier, à 65 km au Nord-Est de Kidal. Encore Kidal ! pourrait-on s’exclamer, en guise de dépit. En effet, la capitale des Ifoghas, devenue le sanctuaire et le QG des indépendantistes touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) à la faveur de la crise malienne, s’est toujours invitée au devant de l’actualité. Et pour cause. D’abord, c’est la seule ville du Nord qui, véritablement, évolue en marge de la République malienne depuis le début de la crise en 2012. Ensuite, c’est une localité qui, en raison de sa position stratégique, est au centre de toutes les convoitises des frères ennemis touaregs. Ce sont ces considérations qui expliquent le fait que Kidal est abonné aux crépitements à n’en pas finir, des armes et aux violations répétées et intempestives de toutes les trêves signées de par le passé par les protagonistes.

Ce qui manque le plus chez les acteurs en conflit, c’est la bonne foi

Bref, Kidal commence à exaspérer et les Maliens et la communauté internationale. Cette dernière aura tout essayé comme remède, mais la fièvre persiste à Kidal. En effet, 13 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, la paix n’est pas encore de retour à Kidal. L’installation des autorités intérimaires, une des clauses de l’accord d’Alger, pour gérer collégialement la ville, a duré le temps d’un feu de paille. La médiation de Niamey, initiée pour ramener le Gatia et la CMA à la raison, n’a été d’aucune utilité, puisque cela n’a pas empêché les deux frères ennemis de s’affronter mortellement les 21 et 22 juillet derniers. On se souvient qu’à cette occasion, le Gatia du général Gamou avait quitté la ville. Ce retrait ou cette fuite, c’est selon, n’a manifestement pas suffi pour que la région de Kidal retrouve la paix. En effet, rien que le mardi dernier, à 65 km de Kidal, plus précisément à Edjarer, des combats, dont on ne connaît pas pour le moment le bilan, ont opposé le Gatia et la CMA. Et là où l’on peut perdre son latin, c’est que ces affrontements se sont déroulés en présence du dispositif d’interposition et d’observation mis en place par la mission de l’ONU au Mali pour justement éviter la reprise des hostilités entre les frères ennemis. De ce qui précède, l’on peut être tenté de verser dans un pessimisme total quant aux chances de voir Kidal renouer avec la paix et la normalité. Ce sentiment est d’autant plus justifié que ce qui manque le plus chez les acteurs en conflit, c’est la bonne foi. Tous autant qu’ils sont, parlent de paix sans y croire. Et l’on peut les comprendre, puisque la guerre est devenue pour eux un véritable business juteux. En effet, la situation de belligérance permanente a fait de la zone de Kidal un haut lieu de non-droit où prospère toute une panoplie de trafics mafieux. Aussi longtemps que durera cette situation de ni paix ni guerre, les chefs de la CMA, tout comme ceux du Gatia, peut-on dire, seront à l’abri du besoin. Et comme ils n’ont pas d’autres compétences que celle de manier les armes, l’on peut parier que ce n’est pas demain la veille que les combattants de la Plateforme et ceux de la CMA seront disposés à fumer le calumet de la paix. Et pour corser davantage la problématique de Kidal, les acteurs en conflit y ont apporté un ingrédient explosif en rapport avec l’appartenance tribale.

Le statut de Kidal doit être clarifié

Ainsi, les Touaregs de la tribu des Imghads, sous la houlette du général Gamou, en veulent à mort à leurs frères de la tribu des Ifoghas. Cette haine entre les deux tribus de la grande famille des Touaregs, est telle qu’aujourd’hui, on ne peut pas envisager de les voir de manière collégiale, diriger la ville de Kidal. Pour le moment, ce sont les Touaregs de la CMA qui ont le vent en poupe puisqu’ils se sont rendus maîtres exclusifs de Kidal, après avoir contraint les  hommes du général Gamou à se retirer. Mais pour combien de temps garderont-ils la haute main sur Kidal ? Cette question est d’autant plus pertinente que rien n’est stable dans cette partie du Mali. Tout est mouvant comme le sont les dunes de sable qui caractérisent son relief.  Il n’est donc pas exclu que le général Gamou, touché dans son amour-propre, remette le couvert en tentant de reconquérir Kidal. La probabilité qu’il entreprenne cela est d’autant plus forte que les autorités maliennes ne peuvent pas digérer le fait que la CMA ait repris le contrôle exclusif de Kidal. Et comme l’on sait que le général Gamou mène une guerre par procuration pour le compte de Bamako, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’hésitera pas à voler au secours de son allié pour lui permettre de tenir la dragée haute aux nouveaux maîtres de Kidal. Ces derniers sont certes signataires de l’accord de paix d’Alger, mais le cœur n’y était pas. En réalité, ils ne se sont jamais départis de l’idée de l’indépendance de l’Azawad. Tout le reste n’est que du vent. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, le statut de Kidal doit être clarifié. Tant que cette ville sera administrée comme une République dans la République du Mali, comme c’est le cas aujourd’hui, le Nord-Est du pays de Modibo Keïta ne connaîtra jamais la paix. Il faut par conséquent crever l’abcès. Et la communauté internationale a les moyens d’aider le Mali à le faire. Car, au rythme où vont les choses, le risque est grand que les djihadistes, traqués comme ils le sont en ce moment en Libye, notamment à Syrte, profitent du  fait que Kidal est une zone de non-droit pour y déposer leurs valises. Et ce ne serait pas une première, puisque le MNLA leur avait déjà permis de prendre possession du Nord-Mali, après qu’il avait bouté l’armée malienne hors de Kidal en 2012. Depuis lors, tout le Mali est pratiquement entré dans une zone de turbulences. Et bien malin qui saura dire quand il va en sortir.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire…on veux la paix au Mali merci génération gatia du courage toujours

    20 septembre 2016

Leave A Comment