HomeA la uneNOUVELLE CANDIDATURE D’ALI BONGO A LA PRESIDENTIELLE  : Le microbe ne se développe qu’en milieu favorable

NOUVELLE CANDIDATURE D’ALI BONGO A LA PRESIDENTIELLE  : Le microbe ne se développe qu’en milieu favorable


Le 3 juillet dernier, après plusieurs mois de suspense sur fond de manifestations violentes de rue, le président sénégalais, Macky Sall, prenait la décision, à la surprise générale, de renoncer à un troisième mandat. Tirant leçon des erreurs des autres, il a préféré quitter les choses avant que les choses ne le quittent. Les démocrates africains avaient applaudi à tout rompre sans savoir que plus tard, ils feraient grise mine. En effet, près d’une semaine après la surprise agréable de Macky Sall contre certains qui avaient commencé à instruire un procès en sorcellerie, c’est le président gabonais, Ali Bongo, qui vient porter un coup de poignard à la démocratie sur le continent en annonçant sa candidature à la présidentielle du 26 août prochain. Comme quoi, ce qui est interdit à Dakar, ne l’est pas forcément à Libreville. A preuve, si les mandats présidentiels sont limités à deux au pays de la Teranga, il en va autrement au Gabon où le président sortant peut briguer la magistrature suprême autant de fois qu’il le veut et qu’il le peut. Et au-delà du Gabon, il y a lieu de reconnaître que la tendance est aux longs règnes en Afrique centrale où la plupart des dirigeants refusent de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. C’est d’ailleurs dans cette zone du continent noir que l’on compte les dirigeants qui battent le record en terme de longévité au pouvoir. Il s’agit, pour ne pas les nommer, de Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou Nguesso du Congo et Téodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale, qui, après plusieurs décennies au pouvoir, ne sont pas encore prêts à faire valoir leurs droits à la retraite et ce, en dépit du poids de l’âge et de la maladie.

 

L’intégration des peuples demeure une simple vue de l’esprit au sein de la CEEAC

 

Le microbe ne se développant qu’en milieu favorable, on comprend pourquoi Ali Bongo, au regard d’un tel environnement propice, et nonobstant sa santé chancelante, ne soit pas non plus disposé à passer la main.  En fait, même s’il subsiste encore des changements anti-constitutionnels en Afrique de l’Ouest, force est de reconnaître qu’en matière de gouvernance politique, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dame le pion aux autres ensembles sous- régionaux sur le continent. En témoigne la Charte de la démocratie et de la bonne gouvernance qu’elle s’est fixée et dont elle tient au strict respect. En tout cas, il est vrai que des mauvais élèves, on en compte toujours au sein de l’espace communautaire ouest-africain, mais la CEDEAO, à travers la prise de certaines décisions, affiche une réelle volonté de travailler à la consolidation de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Toute chose qui tranche avec ce qui se passe au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) où l’alternance s’en trouve piégée, et où même la libre circulation des personnes et des biens est loin d’être une réalité. A preuve, dans cette communauté, même pour passer d’un pays à un autre, il faut obligatoirement un visa d’entrée. C’est le cas, par exemple, entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo Brazzaville, deux pays situés de part et d’autre de la rive. N’est-ce pas ridicule, tout cela ?  De ce qui précède, on peut affirmer sans risque de se tromper que si l’intégration des peuples a pris corps dans l’espace CEDEAO grâce au volontarisme des dirigeants, elle demeure cependant une simple vue de l’esprit au sein de la CEEAC.

 

Boundi OUOBA


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