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NOUVELLE CONFERENCE DE BERLIN SUR LA LIBYE


La solution à la crise libyenne passera-t-elle par Berlin ? C’est la question que l’on pourrait se poser au regard de l’ouverture, le 23 juin dernier, d’une nouvelle conférence internationale sur le pays de Kadhafi, la deuxième du genre en un an et demi, dans la capitale de l’Allemagne. Ce, à l’effet de consolider les dernières avancées et rechercher des garanties pour la tenue, à bonne date, des élections de sortie de crise prévues pour le 24 décembre prochain. Une conférence qui a connu une forte participation de pays occidentaux et des acteurs libyens, preuve que la situation en Libye reste une préoccupation majeure pour la communauté internationale. Mais si l’objectif du 24 décembre prochain ne paraît pas, a priori, irréalisable pour une élection maintes fois renvoyée aux calendes…libyennes, les moyens pour y parvenir ne semblent pas, par contre, pousser à l’optimisme, tant le chemin semble encore long et parsemé d’embûches. A commencer par la mauvaise foi des acteurs tant intérieurs qu’extérieurs, qui risque de plomber les efforts de la communauté internationale.

 

La question ne se pose même plus de savoir si certains acteurs extérieurs ont intérêt à ce que perdure la situation de chaos en Libye

 

On en veut pour preuve la question, par exemple, du retrait des forces étrangères prévu à la Conférence de « Berlin I », restée lettre morte 18 mois plus tard. C’est dire si la question ne se pose même plus de savoir si certains acteurs extérieurs ont intérêt à ce que perdure la situation de chaos en Libye, pour continuer à tirer profit de la situation et beurrer leurs épinards. Et à ce jeu d’hypocrisie et de duplicité auquel s’adonnent de grandes puissances aux intérêts divergents, personne ne semble prêt à céder du terrain au risque de perdre un avantage stratégique. C’est pourquoi la diplomatie allemande qui se mène à travers ces conférences de Berlin et qui a su jusque-là rester à équidistance des différentes chapelles, suscite les espoirs d’un aboutissement heureux ; tant de Doha à Paris, en passant par Tunis et Libreville, entre autres, les initiatives se sont multipliées au chevet de la Libye sans voir poindre le bout du tunnel. Mais depuis Berlin I, on note des avancées significatives. Au nombre de celles-ci, la formation, en mars dernier, d’un gouvernement unifié de transition conduit par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah. Ce dernier est venu mettre fin à la bipolarisation du pouvoir entre le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU et conduit par El-Sarraj alors basé à Tripoli et le gouvernement parallèle de l’Est majoritairement contrôlé par les forces du maréchal Khalifa Haftar qui, soit dit en passant, a récemment décidé unilatéralement de la fermeture de la frontière avec l’Algérie. Un acte qui, au-delà d’être une façon, pour le maréchal rebelle, de se rappeler au bon souvenir des médiateurs internationaux en tant que force qui compte,  contribue à mettre à nu la crise de confiance entre les différents protagonistes. Au nombre des progrès, il y a aussi le cessez-le-feu obtenu entre les parties belligérantes, qui a quelque peu favorisé la reprise de certaines activités économiques comme l’extraction du pétrole.

 

Sans l’investissement des Libyens eux-mêmes d’abord, la paix, au pays de Kadhafi, restera pour longtemps encore, un mirage

 

Mais tout ceci suffira-t-il à sortir le pays de l’ornière et le conduire, à terme, à des élections pluralistes censées signer le retour à l’ordre constitutionnel normal ? La question est d’autant plus fondée que sans jouer les Cassandre, l’échéance du 24 décembre prochain, si lointaine et si proche,  semble comporter encore bien des incertitudes. D’autant que le gouvernement de Transition est lui-même soupçonné de velléités malsaines de jouer les prolongations quand il émet des doutes sur le respect de ce délai, alors que le chef du nouvel Exécutif, connu pour avoir une certaine proximité avec la famille du défunt Guide de la Jamahiriya, fait l’objet d’un procès en sorcellerie de rouler pour un candidat encore tapi dans l’ombre. C’est dire si l’espoir est permis, mais il reste encore du chemin à parcourir. Il appartient surtout aux Libyens de se montrer résolus et d’afficher une volonté inébranlable de s’en sortir en jouant,  chacun, franc jeu. C’est à ce prix que la communauté internationale pourra les aider, au mieux, à tourner définitivement la page de cette profonde déchirure qui dure depuis bientôt une décennie, pour mieux s’atteler à la reconstruction du pays. Et le prix à payer reste la bonne foi des différents acteurs. A commencer par les Libyens eux-mêmes. Autrement, il ne faudrait pas s’étonner que l’échéance du 24 décembre ne soit pas tenue car,  il est bien connu l’adage selon lequel « on ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un à sa place ». C’est dire si sans l’investissement des Libyens eux-mêmes d’abord, la paix, au pays de Kadhafi, restera pour longtemps encore, un mirage.

 

 « Le Pays »

 

 

 


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