HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Notre vie et celle de nos enfants

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Notre vie et celle de nos enfants


Je regardais une émission de variété sur une chaîne étrangère portant sur le parcours d’un jeune et célèbre musicien africain. Son  parcours et son histoire ont retenu mon attention. Il confessait devant l’animateur :

– Depuis mon jeune âge, j’ai voulu faire de  la musique une profession.  Mais mes parents industriels et à cheval sur les principes ont été catégoriques. «  Nous t’inscrirons à des cours de musique de ton choix. Mais ce sera une activité secondaire. Tes études d’abord. Après, tu pourras faire ce que tu veux de ta vie, mais après le Bac ». J’ai tout fait pour l’obtenir, ce Bac. Avec une bonne mention.  Arrivé à Londres pour la suite de mes études et pour ma passion, j’ai intégré un groupe de musique.  Cela a commencé à peser sur mes études. En colère,  un jour, papa et maman m’ont proposé pendant les vacances : « Tu as deux ans pour repartir à Londres et te consacrer à ta musique. Nous ferons tout pour que tu ne manques de rien. Si au-delà  des deux ans, tu n’es personne dans le monde de la musique, tu retournes à tes études et tu mettras un trait définitif  à ta musique ! » C’était un pari  hasardeux. Je croyais à mon talent. J’ai accepté le pari.

Une année après la sortie de mon 1er album j’étais en haut de l’affiche. J’avais gagné le challenge auprès de mes parents et depuis 10 ans je vis pleinement de ma musique. De retour au pays pendant une tournée internationale, avec mon groupe j’ai fait une prestation  inoubliable devant le président de la République. Mes parents étaient présents au 1er rang et très honorés. Ce fut le plus beau jour de ma vie. Ce qui ne m’a pas empêché ensuite de décrocher mon diplôme. Juste pour le plaisir de mes parents.

Cette histoire m’a profondément touché. Un père ou une mère est celui ou celle qui ne souhaite que le bonheur de son enfant. En protégeant, en guidant, en facilitant le chemin pour que l’enfant trouve une voie honorable dans la vie et s’épanouisse. Dans cette volonté de faire de l’enfant ce que nous souhaitons, avec les parents, arrivent des moments où nos choix et nos aspirations avec ceux de nos enfants se contredisent. Alors que faire ?

Je me souviens de l’histoire de mon ami Patinda et sa sœur Laty.

Nés  de parents infirmière et pharmacien, le couple a toujours souhaité et rêvé pour leurs héritiers une carrière dans le monde médical. Patinda mon ami l’aîné, d’un tempérament très calme et docile, a suivi le chemin tracé par les parents. Un cursus scolaire sans orage, le Bac et un parcours sans faute à la faculté de médecine avec  en prime le grade honorable de médecin généraliste avec une ambition de professionnalisation. Aujourd’hui avec une fiancée agréée par papa et maman, la vie de Patinda  est toute tracée par la volonté paternelle. Une carrière, une vie  voulue et rêvée par les parents. Une bénédiction.

Puis un jour avec Laty sa sœur cadette, ce fut le scandale dans la famille. Mademoiselle d’un tempérament expressif et bien infusé désire autre chose après le Bac que la sacrée sainte volonté paternelle et maternelle. Laty  refuse cette formation en pharmacie pour reléguer le père au moment importun. Mademoiselle rêve d’une carrière en communication et le journalisme est sa passion et  sa vocation depuis l’enfance. Intelligente et douée, elle est prête pour déplacer les montagnes pour son rêve. Mais cela n’est pas la volonté paternelle.  D’où l’orage dans cette famille, jusque-là sans nuage. Un père et une mère habitués à voir les enfants leur obéir au doigt et à l’œil.

Et ce qui me surprit dans cette histoire, ce  fut la réaction et la position de mon ami Patinda :

  • J’ai fais le choix de mes parents par devoir en devenant médecin. Je vis la vie qu’ils ont voulue pour moi. J’en suis reconnaissant, je ne me plains pas. J’ai mon tempérament et ma sœur Laty que j’aime bien a le sien. Une différence que je respecte. Elle est une fille bien et poursuit admirablement ses études. Elle a son propre rêve que celui de maman et papa. C’est son droit,  un rêve légitime et il faut que nos parents comprennent cela. Je soutiens Laty et je ferai tout pour qu’elle soit heureuse. J’espère qu’un jour mes parents comprendront. Elle me l’a dit hier : « Si les parents insistent je ferai ce qu’ils souhaitent mais je serai malheureuse toute ma vie ».

Je ne veux pas que ma sœur soit malheureuse, alors je l’aiderai.

 

Cela s’est passé il y a plusieurs années. Ce fut dur mais le frère et la sœur ont tenu bon sans offenser la volonté paternelle. Le père et la mère ont fini par obtempérer. Un choix professionnel guidé par le cœur est la chose la plus merveilleuse qui puisse arriver à un individu.

Aujourd’hui Laty,  après des études à l’étranger, est une journaliste de renommée internationale. Elle est très heureuse de sa vie. Et les parents sont fiers d’elle.

C’est vrai qu’en défiant l’expérience, le souhait, le rêve parental pour notre propre orientation professionnelle, les choses ne se passent pas toujours aussi bien comme dans nos deux  histoires.  Mais nous pensons qu’il faut toujours communiquer avec nos enfants, connaître leurs profondes aspirations professionnelles, les guider et les orienter avec amour sans imposer aveuglement notre choix. Nous aimons nos enfants, nous ne souhaitons qu’en bien pour leur avenir. Mais c’est avec eux, avec leurs consentements que nous devons les accompagner à construire cet avenir qui, avant tout,  est le leur.

 

Ousseni NIKIEMA, [email protected] 70 13 25 96

 


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