OPERATION MILITAIRE EN CASAMANCE : Macky Sall joue gros
L’Armée sénégalaise a lancé, le 13 mars dernier, une opération militaire le long de la frontière Nord du pays, une région agitée par la rébellion indépendantiste du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Selon le porte-parole de l’Armée sénégalaise, cette opération visait un double objectif. D’une part, démanteler les bases de la faction MFDC de Salif Sadio, situées le long de la frontière Nord, d’autre part, détruire toutes les bandes armées menant des activités criminelles dans la zone et neutraliser toute personne ou entité collaborant directement ou indirectement avec elles. Suite à cette opération et aux frappes qui ont suivi, on a assisté à un déplacement massif des populations fuyant les zones de combats pour trouver refuge en Gambie. En rappel, la crise casamançaise qui a commencé en 1982 sur la base de revendications indépendantistes, fait partie de ces conflits non réglés qui se sont délités au fil des décennies et qui surgissent de manière épisodique, malgré les promesses faites lors des campagnes présidentielles par chaque candidat, de trouver une issue heureuse à ce conflit. La preuve, les chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du Sénégal n’ont malheureusement pas réussi a résoudre définitivement ce conflit. La crise casamançaise s’est, en effet, embourbée dans une situation de ni guerre ni paix. Chacun des protagonistes, depuis quarante ans, ne veut mettre un peu d’eau dans son « Gnamakoudji » pour sceller une paix définitive.
Macky Sall et l’Etat Sénégalais ont compris que pour gagner cette guerre, il leur faut jouer la carte du temps et du pourrissement
Salif Sadio et ses lieutenants campent ainsi sur leur position : l’indépendance ou rien. Quant à l’Etat sénégalais, il ne veut pas en entendre parler, ce qui explique ce blocage qui n’enregistre aucune avancée significative. Pourtant, il faut bien que Macky Sall et son gouvernement trouvent une solution à ce conflit avant la fin de son mandat. Le Sénégal a de la chance. Il demeure à ce jour le seul pays en Afrique de l’Ouest à n’avoir pas encore fait les frais des attaques terroristes. Mais pour combien de temps encore ? Macky Sall en est bien conscient, et sait qu’il joue gros. C’est d’ailleurs pour cela que son armée et lui, cherchent activement à mettre de « l’ordre » dans la maison avant que « l’irréparable » ne se produise à l’intérieur, avant que ce conflit ne soit récupéré par les groupes terroristes en embuscade. En même temps, Macky Sall et l’Etat Sénégalais ont compris que pour gagner cette guerre, il leur faut jouer la carte du temps et du pourrissement. Cela a sans doute marché puisqu’aujourd’hui, Salif Sadio et son groupe se retrouvent affaiblis et n’ont pratiquement plus la capacité militaire ni politique de s’en sortir. Cette rébellion est aujourd’hui à bout de souffle, une belle occasion pour l’armée sénégalaise de liquider les deux poches de résistance au Nord de la Casamance avec Salif Sadio, et au Sud avec César Atouté Badiaté. Mais, y arrivera-t-elle ? L’avenir nous le dira.
Ben Issa TRAORE